S'il faut saluer l'esprit de pondération qui a animé les acteurs politiques guinéens, qui a fait prévaloir une certaine accalmie durant cette longue et pénible période d'attente, il faut espérer, d'une part, que cette date tant attendue soit vraiment la bonne, et d'autre part, que les résultats qui seront proclamés ne donnent pas lieu à d'autres contestations. Quand on sait que l'opposition appelle de tous ses voux à une annulation pure et simple du scrutin, au regard des nombreux cas de fraudes qu'elle dénonce, on est en droit de se demander si le calme actuel ne précède pas la tempête au cas où la Cour suprême en venait à proclamer ces résultats.
Il faut espérer que les éventuelles contestations puissent rester et se faire dans le strict respect des dispositions légales
Ces craintes sont d'autant plus fondées que le parti au pouvoir a, lui aussi, introduit des recours devant la Cour suprême et n'en attend pas moins des décisions en sa faveur.
Mais d'ores et déjà, il y a lieu de décerner un satisfecit à la classe politique guinéenne qui a su, jusque-là, mener la contestation dans un cadre républicain, en privilégiant les voies de recours légales et constitutionnelles. Il faut espérer que les éventuelles contestations puissent rester et se faire dans ce cadre, dans le strict respect des dispositions légales. En cela, la responsabilité de la Cour suprême est grandement engagée, en ce sens que les résultats définitifs tant attendus devront refléter la réalité des urnes et prendre en compte les différents recours qui devront être tranchés avec objectivité et transparence, au risque de déclencher une nouvelle vague de contestations et de violences.
Il est vrai que la Guinée est passée championne dans les longs délais entre les deux tours des scrutins (présidentielles comme législatives), mais il faut espérer que ce long temps mis, accouche de résultats transparents, objectifs, acceptables et acceptés par tous, comme le reflet de la volonté populaire à travers les urnes. C'est en cela que la confiance pourrait s'installer entre les différents acteurs, toute chose qui pourrait favoriser les conditions d'une paix durable pour que désormais, la Guinée aille à l'essentiel.
L'apprentissage de la démocratie en Guinée s'avère des plus difficiles
Car, il y a beaucoup à faire dans ce pays aux immenses richesses naturelles, mais dont la majorité de la population vit paradoxalement dans la pauvreté.
L'apprentissage de la démocratie en Guinée s'avère des plus difficiles. Rien d'étonnant à cela. Quand on connait le lourd passé de ce pays qui a traversé des périodes sombres marquées par les années de tyrannie de Sékou Touré, la main de fer de Lansana Conté et le gant tout aussi de fer de Dadis Camara, l'on comprend l'ampleur de la tâche de l'élite politique d'aujourd'hui. Assurément, elle a du pain sur la planche.
En tout état de cause, ces élections ne sont qu'une étape, et la Guinée a impérativement besoin d'aller de l'avant et de passer à autre chose. Les nombreux chantiers de développement attendent et il faut vite passer à leur réalisation.
C'est en cela que la démocratie guinéenne aura vraiment gagné.
Plus que jamais, la Communauté internationale doit mener à bon terme son action au chevet de la Guinée. L'on ne saluera jamais assez les actions du facilitateur Saïd Djinnit qui aura su avoir la confiance de toutes les parties par sa disponibilité, sa patience et sa capacité d'écoute et d'endurance. En cela, il mériterait que son action soit couronnée de succès. Et les Guinéens n'ont pas intérêt à brader ses efforts.
Outélé KEITA