Guerre au Soudan du sud : Tant que le pétrole coulera…

| 22.04.2014
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Guerre au Soudan du sud : Tant que le pétrole coulera…
© DR / Autre Presse
Guerre au Soudan du sud : Tant que le pétrole coulera…
Après avoir mobilisé la communauté internationale dès les premiers mois de son déclenchement, la guerre fratricide qui déchire le Soudan du Sud semble tombée dans les oubliettes. Eclipsée par les massacres qui se déroulent en ce moment en République centrafricaine, la guerre du Soudan du Sud ne continue pas moins de faire des victimes sur le terrain, notamment au sein des populations civiles.

Ce conflit est devenu un véritable casse-tête pour la communauté internationale

Né d'un désaccord entre les partisans des deux principaux leaders du MPLA, ce conflit s'est progressivement mué en une guerre interethnique qui oppose, depuis lors, l'ethnie du président Salva Kiir à celle de son ancien vice-président, Riek Machar.

Alors que les combats ont repris sur les fronts, à Juba même, des milices fidèles au régime en place n'hésitent pas à s'en prendre aux réfugiés confinés dans les camps et sous la protection des soldats onusiens. C'est à croire que les miliciens ne reculent devant rien pour accomplir un massacre ethnique. Même les tirs de sommation des soldats de l'ONU ne découragent pas ces hommes qui tiennent à exterminer les réfugiés de l'ethnie de Riek Machar.

Aujourd'hui, ce conflit est devenu un véritable casse-tête pour la communauté internationale, les USA et l'Union européenne (UE) en tête. En effet, afin d'obliger les belligérants à retourner à la table des négociations, les Etats-Unis et l'UE « ont prévenu le gouvernement du Soudan du Sud et les rebelles qu'ils pourraient faire l'objet de sanctions s'ils ne progressaient pas dans les pourparlers de paix. »

Si cette attitude de la communauté internationale est très louable, il faut cependant reconnaître qu'elle est très en-deçà de la contribution que l'on est en droit d'attendre d'elle à propos de cette guerre. On peut se demander si cette menace de sanctions qui, en général, ne dépasse d'ailleurs pas le cadre symbolique de gel des avoirs, est vraiment à même de faire entendre raison à ces deux chefs de guerre.

Cette guerre absurde finira-t-elle un jour ? Question difficile car ce conflit semble avoir dépassé le cadre de ces deux individus.

Tant que le pétrole coulera, ce conflit risque de ne pas trouver de solution

Il y a bien longtemps que cette guerre a pris des dimensions internationales, avec l'implication de différentes forces de la région qui interviennent en fonction de leurs intérêts personnels. Tout laisse croire que cette guerre, qui se fait désormais par procuration, ne s'arrêtera que lorsque le rapport des forces sur le terrain aura basculé en faveur de l'un ou de l'autre des camps. Autant dire que l'on est parti pour une longue, très longue guerre d'usure. Tant que le pétrole, qui fait l'enjeu même de ce conflit, continuera de couler, il alimentera les intérêts des parrains, surtout Omar El Béchir, le président du Soudan ; longtemps opposés à Salva Kiir, ses miliciens, les Janjanwids, combattent aujourd'hui aux côtés des forces loyalistes. Le Soudan de El Béchir est conscient que l'économie de son pays dépend étroitement de l'exploitation du pétrole du Soudan du Sud.

Cela dit, il ne faut pas non plus verser totalement dans le pessimisme et croire que tout espoir de retour de la paix au Soudan du Sud est désormais illusoire. Les esquisses d'un retour de la paix dans ce pays commenceraient certainement par une plus grande implication des Nations unies aux côtés des Etats-Unis et de UE. Il faut commencer par décréter un cessez-le-feu et mettre tout en œuvre pour le faire respecter par les deux parties. Les pourparlers auront ainsi plus de chances d'aboutir, s'ils se tiennent dans un climat apaisé, à l'abri des coups de canon et des catastrophes humaines qu'ils engendrent. La mise sous tutelle des Nations unies est aussi une solution que nombre de diplomates évoquent de plus en plus et qui pourrait se révéler efficace. Au pire des cas, il ne serait pas mal de recourir à une opération pétrole contre nourriture, pour priver les différents protagonistes de leur source d'approvisionnement. Car, tant que le pétrole coulera, ce conflit risque de ne pas trouver de solution. Et ce serait dommage, car les massacres ethniques qui sont déjà légion dans les deux camps pourraient se massifier et provoquer une plus grande catastrophe sanitaire. Déjà l'ONU vient de tirer la sonnette d'alarme à la suite de la boucherie de Bentiou perpétrée la semaine dernière par les soldats de Riek Machar.

Dieudonné MAKIENI

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