Par cet acte, Kabila Fils montre la preuve, à qui le veut, de son entêtement à passer outre les règles démocratiques pour s'offrir un nouveau bail présidentiel. En effet, sous les feux de la rampe, depuis quelques mois, le président congolais qui a hérité le fauteuil présidentiel de son défunt père, Joseph Kabila, fait feu de tout bois, pour parvenir à une révision constitutionnelle. Dans un passé proche, les leaders de l'opposition politique congolaise, qui avaient appelé leurs militants et sympathisants à manifester contre l'attitude velléitaire de Kabila, avaient été dispersés par des forces de l'ordre. Ces hommes en tenue qui passent plus pour des escadrons de la mort acquis à la cause d'un dictateur, n'ont pas hésité à faire usage de leurs armes, tirant à balles réelles sur ces citoyens congolais, dont le seul tort est de demander le respect de la Constitution. Après leur arrestation, Fabel Barro du Sénégal et Oscibi Johann du Burkina Faso, et leurs camarades qui ont été conduits par les éléments de la police, et des militaires à bord de trois pick-up, à l'Agence nationale des renseignements (ANR) risquent une expulsion du territoire congolais. L'homme fort de Kinshasa, plus que quiconque sait jusqu'à quel point ces deux mouvements de la société civile de l'Afrique de l'Ouest peuvent nuire à son pouvoir. Preuve pour preuve, Y'en a marre a contribué à mettre fin aux ambitions d'Abdoulaye Wade qui briguait un troisième mandat présidentiel au Sénégal et le Balai citoyen a été au centre des événements qui ont conduit à la chute du régime de Blaise Compaoré, au terme d'une insurrection populaire.
Le Congo Kinshasa est connu pour être un pays de violation des droits de l'homme et ce rapt de Kinshasa a achevé de convaincre les quelque personnes qui en doutaient encore. Mais, Laurent Désiré Kabila, doit éviter de pousser son peuple dans son dernier retranchement, car le jour où les Congolais n'en pourront plus, ils ne reculeront pas, et même sa garde prétorienne n'y pourra rien. Et ce n'est pas en renvoyant manu militari des responsables de mouvements issus d'une société civile étrangère, fussent-ils des empêcheurs de tourner en rond, que les voix contestataires vont se taire. Car le destin du peuple congolais est d'abord une affaire des Congolais eux-mêmes, avant de préoccuper les autres africains. Et ce peuple qui souffre le martyrs depuis la période Mobutu, semble se rendre à cette évidence. Depuis ce que l'on a appelé le «printemps arabe», un vent de démocratie souffle sur le vieux continent, et les dirigeants ne doivent pas l'ignorer. Parti de Tunis en Tunisie, en févier 2011, le vent de contestations et autres manifestations des populations pour réclamer l'alternance au sommet des Etats, continue de faire le tour du continent. Et depuis l'insurrection populaire survenue au Burkina Faso, certains chefs d'Etat soupçonnés de vouloir réviser les Constitutions de leur pays avaient vite fait marche arrière, comme des chauffeurs déboussolés. Mais le président congolais, Laurent Désiré Kabila, ne semble manifestement pas tirer leçon de tout ce qui est arrivé jusque-là à ses pairs. Et c'est regrettable, tant le scénario qui se profile à l'horizon est des plus inquiétants. En tous les cas, la liberté a un prix et chaque peuple doit se décider à le payer ou à se résigner à vivre sans elle.
Beyon Romain NEBIE
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