Mais tel n'a pas été le cas cette fois. Nous avons joint l'OIM et le ministère des Affaires étrangères qui n'en étaient pas eux aussi informés. Et nous avons informé le CONASUR qui a un plan d'urgence pour s'occuper de ces genres de cas», explique le patron de la police de l'aéroport. Rassemblés dans une salle à l'étage, nos compatriotes rapatriés ne desserrent pas les dents de rage.
- En premier lieu, contre les Equato-guinéens dont une vingtaine de policiers les a ramenés au bercail. Leurs hôtes les auraient, en effet, cueillis, pour certains, à la maison et même à la sortie de la douche et, pour d'autres, sur le lieu de travail. Parmi eux, il y a ceux qui n'avaient pas leur carte de séjour à jour sur eux au moment du contrôle et ceux qui, malgré le fait que leurs papiers étaient au complet et en règle, auraient été embarqués manu militari. Leur temps de détention aurait été de 2 jours à 45 jours avant le rapatriement. Et ce, sans manger ou du moins pas assez, n'en parlons pas de se laver. D'autres compatriotes (deux fois le nombre de ceux rapatriés) seraient toujours en attente de charter pour le pays natal à Malabo et certains auraient même été hospitalisés.
- En second lieu, contre le Consul honoraire du Burkina en Guinée-Equatoriale qu'ils accusent d'être à la base de tous leurs maux et à qui ils reprochent de n'avoir jamais chercher à s'enquérir de leurs nouvelles.
«Ne vous inquiétez pas, le CONASUR va venir et on va s'occuper de vous, mais en attendant, on va vous offrir de l'eau à boire», a tenté de les rassurer le Commissaire Nacoulma.
«Ah Papa ! Merci mais on a déjà bu dans l'avion. On a faim !» répondent les «reconduits». «Si moi je ne mange pas dans les 30 mn, wallahi je vais mourir», ajoute un autre. Eclats de rire dans le groupe où certains parlent très bien le portugais au téléphone et qui ne semblent pas avoir perdu le sens de l'humour.
Si certains, après avoir pu contacter leurs proches grâce à l'aide des policiers de l'aéroport ou ont pu rejoindre leurs familles, d'autres ressortissants, en majorité du Boulgou, étaient en attente hier soir encore d'un sauf conduit pour pouvoir voyager. Et même plus. Certains, en effet, recherchaient le moyen de se faire établir un nouveau passeport «wassa wassa». «Y a des affaires juteuses qu'on a laissées là-bas, faut qu'on y retourne !», confient-ils. Ambiance.
Hyacinthe Sanou