Selon une étude rendue publique le jeudi 5 février 2015 à Ouagadougou par le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC), les personnes perçues comme «les plus corrompus» dans le secteur minier sont les responsables locaux. Pour les 300 enquêtées et disséminées sur les huit mines industrielles du pays, les acteurs perçus comme les «plus corrompus» dans le secteur minier sont entre autres, les responsables locaux tels traditionnels ou coutumiers des sites miniers, les cadres supérieurs des sociétés minières et les autorités délivrant les permis d'exploitation. L'étude révèle également que des populations touchées par l'aménagement des mines n'ont pas été indemnisées, conformément aux promesses qui leur avaient été faites. L'enquête a notamment révélé des présomptions de corruption dans l'attribution et la gestion des autorisations et des titres miniers, dans la gestion de l'environnement, dans l'indemnisation des propriétés du sol et autres occupants, dans la fourniture de rapports périodiques à l'administration des mines, dans le paiement des taxes et redevances, dans l'utilisation d'explosifs et de produits chimiques, dans l'exploitation de l'or, et lors des recrutements et des prestations de services. Il ressort donc dans le document que l'attribution des contrats de recherches se fait de façon «mafieuse» au profit d'un régime politique plutôt qu'à la nation. Aussi, le REN-LAC indique que les acteurs perçus comme bénéficiaires de la corruption dans le secteur minier sont les hommes politiques, les hauts fonctionnaires, les cadres moyens, et les agents d'exécution. En guise de recommandations, le REN-LAC a proposé, entre autres, la réhabilitation et la modernisation d'un cadastre minier, indépendant de toute entité engagée dans les travaux d'exploration ou d'exploitation. Un questionnaire et un guide d'entretien ont permis de collecter les données auprès des dirigeants de structures de contrôle et de suivi des activités des sociétés minières, et des acteurs de la société civile. Cela a permis d'identifier un malaise au sein de la population des zones minières selon l'étude. En rappel, le Burkina Faso est le quatrième pays exportateur d'or et quatrième pays producteur d'or d'Afrique derrière l'Afrique du Sud, le Ghana et le Mali. Le Burkina Faso connaît ces dernières années un boom minier à la faveur d'un code minier adopté en 2003, jugé favorable aux investisseurs. Selon les estimations, l'exploitation industrielle de l'or a rapporté au Trésor public, plus de 190 milliards de FCFA en 2013, pour une production de 32 tonnes d'or. Les réserves d'or sont estimées à plus de 800 tonnes. Le Réseau africain de journalistes pour l'intégrité et la transparence (RAJIT-BF) avait demandé en fin janvier aux autorités de la transition d'instaurer un nouveau code minier, alors que le secteur des industries extractives est miné par des contestations de travailleurs et des populations riveraines. Le gouvernement de la transition a accordé le 15 janvier 2015, des permis d'exploitation minière à quatre nouvelles entreprises étrangères. Malgré ses potentiels miniers, plus de 46 % des 17 millions d'habitants du Burkina Faso vivent en- dessous du seuil de pauvreté.
Lougri Dimtalba
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