Forum multisectoriel de développement des entreprises, Africallia se tient tous les deux ans et se distingue des salons classiques, offrant une plate-forme unique de rendez-vous d’affaires individuels et personnalisés entre des entreprises de la CEDEAO et celles du reste du monde. Avec pour leitmotiv, faire le tour du monde en 48 heures en un seul lieu, pour rechercher des alliances technologiques, commerciales ou financières, le forum a besoin de se diversifier, en recherchant des partenariats vers de nouveaux horizons.
La France, partenaire privilégié du Burkina Faso et de plusieurs pays africains, du fait du passé de pays colonisateur, ne saurait à lui seul satisfaire les besoins des entreprises, de plus en plus ouvertes sur le monde, et de plus en plus soumises à la concurrence.
Pour Félix Sanon, directeur des services aux entreprises et à la coopération, à la Chambre de commerce du Burkina Faso, «il apparaît nécessaire de se tourner vers d'autres pays dont l'Espagne. C’est dans ce sens qu’une mission de prospection a été effectuée en Espagne du 20 au 25 septembre dernier».
Il faut dire que les arguments de la diversification vers l'Espagne ne manquent pas. Même si le pays est en train de se remettre de la crise économique, il n'en demeure pas moins que son économie est la cinquième de l’Union européenne, et la douzième puissance économique mondiale, en 2012.
Premier producteur mondial d'huile d'olive, second producteur européen de coton et troisième producteur européen de tabac, l'Espagne est aussi, un pays industriel au cinquième rang mondial dans les domaines de la production de machines-outils et ferroviaire, de construction navale et automobile, de l'électronique.
Si proche et si loin de l'Afrique
Alors qu'il n'est séparé de l'Afrique que de quelques kilomètres, à travers le détroit de Gibraltar, l'Espagne reste davantage lié à l'Amérique latine, par le fait de la colonisation.
En effet, l’Amérique du Sud est la zone la plus importante pour les entreprises espagnoles, spécialement le Brésil, le Mexique, la Colombie, le Pérou, le Chili et l'Argentine. Les entreprises espagnoles se sont aussi développées en Asie, notamment en Chine et en Inde. Cette expansion mondiale n'intègre pas encore pleinement l'Afrique, et c'est cette opportunité que la Chambre de commerce du Burkina Faso veut capter, à travers Africallia.
Pour la 4ème édition d'Africallia, prévue du 24 au 26 février 2016, Ouagadougou ambitionne de voir la présence d'au moins 50 entreprises espagnoles. Pour ce faire, un soin particulier a été mis à la préparation de la mission de prospection, grâce aux entregents de la mission diplomatique de Paris, qui couvre le Royaume d'Espagne. S'appuyant sur les trois consulats honoraires dont le pays dispose en Espagne, des rendez-vous ont été organisés avec les chambres de commerce de Castellon, de Barcelone, de Madrid, mais aussi, avec des structures décentralisées comme Action et des patrons d'entreprises.
Les chambres de commerce du royaume étant diversifiées et décentralisées, avec une relative autonomie, il convenait aussi, de rencontrer la Chambre de commerce d'Espagne, la structure faîtière, qui en regroupe 88.
Partout où la mission est passée, des centres d'intérêt ont été trouvés, qui pourraient retenir l'attention des entreprises espagnoles. Ainsi en est-il du secteur des énergies renouvelables dont les potentialités de l'Afrique sont immenses, particulièrement dans le domaine du solaire. Tant pour les TIC, la téléphonie, les infrastructures, le logement... une expertise existe en Espagne, qui pourrait s'intéresser au continent africain, qui est un potentiel en confirmation.
«Nos interlocuteurs se sont montrés particulièrement intéressés par le forum Africallia, qui leur permettra de rencontrer, non seulement des entreprises du Burkina Faso, mais aussi, des entreprises venant de toute l'Afrique de l'Ouest», dira en conclusion, au terme de la mission, Félix Sanon.
Les atouts économiques du Burkina Faso et de la sous-région sont énormes. Pour Alfred Bonet, directeur aux relations internationales de la Chambre de commerce d'Espagne, dont la mission première est de travailler à l'internationalisation des entreprises du royaume, «les entreprises ont tardé à percevoir en l'Afrique, un continent d'opportunités, mais la situation est en train de changer, l'Afrique se développe, et la pénétration des entreprises espagnoles ira croissante».
R. A. BAMBARA
Ambassade du Burkina à Paris