Sidwaya (S.) : Ouagadougou abrite du 3 au 6 février 2014 le Colloque international des services des Trésors francophones (CIST). Quelle importance revêt cette rencontre dans un contexte de conduite des réformes des finances publiques ?
Mahamoudou Bamboné (M.B.) : Depuis 1979, le CIST regroupe des responsables des administrations, ayant en charge la gestion des finances publiques, autour des questions relatives à la bonne gestion du denier commun. De ce fait, il participe à une évolution qualitative des pratiques de gouvernance financière des pays participants. Du reste, le thème du premier CIST, tenu en 1979 en France, est très évocateur. Ledit thème était « La maîtrise des finances publiques ». Près de 35 ans après cette première édition, notre capital abrite pour la deuxième fois, cette rencontre autour du thème « La conduite du changement dans la mise en œuvre des réformes ». La mise en liaison de ces deux thèmes permet de dire que le secteur des finances publiques est un secteur très évolutif, donc très difficile à cerner à l'échelle d'une seule nation. D'où l'intérêt de réunir les techniciens du domaine de façon périodique, autour de leurs préoccupations communes. C'est ce partage d'expériences, de bonnes pratiques, qui donne tout son sens à cet évènement et partant, permet de dire combien il est important.
S. : Quels sont les principaux défis en termes d'objectifs et de démarches de la réforme des finances publiques ?
M.B. : Vous savez que l'argent public est au cœur de toutes politiques de développement économique. De ce fait, sa gestion est très sensible au regard des attentes y relatives. Or, les ressources des Etats sont insuffisantes pour faire face à toutes les attentes. Dans ce contexte de rationnement des moyens, des alternatives se devaient d'être impérieusement trouvées. D'où les séries de reformes entreprises dans le secteur des finances publiques. Les défis sont donc de trouver les meilleures stratégies pour réformer la gestion publique afin de pouvoir faire face aux engagements de l'Etat tout en cherchant à préserver les acquis et les équilibres financiers.
S. : S'agissant des réformes déjà entreprises au Burkina, quel bilan pouvez-vous dresser ?
M.B. : Depuis pratiquement 20 ans, les différents gouvernements de notre pays ont travaillé à réformer l'administration publique afin de la rendre plus efficace. Le Ministère de l'économie et des finances (MEF), n'est pas resté en marge de cette évolution. De la création de nouvelles structures à la rationalisation progressive du circuit de la dépense publique en passant par la redéfinition des attributions des différents acteurs, il y a eu des sauts qualitatifs qui ont été réalisés. Certes, des améliorations sont toujours possibles, mais le bilan global des réformes engagées au sein du MEF est satisfaisant. Les avancées sont surtout relatives à la modernisation des outils de travail, à l'allègement des procédures et à la quête permanente d'une plus grande transparence dans la gestion budgétaire et comptable. Du reste, tous ces efforts de notre pays ont été salués par nos partenaires techniques et financiers.
S. : En quoi le pilotage constitue-t-il un gage de réussite de la mise en œuvre des réformes ?
M.B. : Il faut dire que tout changement crée généralement de petits malaises que l'on qualifie de résistances au changement. Cela est dû à la peur de l'avenir qui n'est jamais certain a priori et au besoin de préserver des acquis. Pour vaincre ces résistances, il faut mettre l'homme au cœur de la réforme afin de la rendre la plus participative possible. Vue sous cet angle, il n'y a que les outils du pilotage pour réussir la mise en œuvre des réformes.
S. : Quels sont les attentes et les objectifs de cette rencontre ?
M.B. : Les attentes et les objectifs de la présente rencontre sont de plusieurs ordres. Mais ils se résument autour d'un objectif global qui est le partage d'expériences, de pratiques afin de conduire au mieux les différentes réformes en cours. De façon spécifique, nous attendons que les difficultés inhérentes au processus de changement dans le secteur des finances publiques soient mises à nu par les participants au présent CIST et que les échanges apportent des réponses idoines.
Propos recueillis
Saturnin N. COULIBALY