A côté de cette exploitation industrielle, il existe le secteur non moins important de l’exploitation artisanale ou orpaillage, qui génère des revenus substantiels mais cette exploitation échappe en grande partie aux contrôles de la législation, ce qui occasionne des pertes en terme de recettes pour le Burkina Faso.
Où va cette production générée par l’orpaillage?
Une enquête a été menée par La Déclaration de Berne (DB), «une association politiquement et confessionnellement indépendante œuvrant pour un monde plus juste par l’amélioration des relations politiques et économiques entre la Suisse et les pays en développement» (Wikipédia).
Pour faire meilleure connaissance avec cette association, Wikipédia nous apprend que «La Déclaration de Berne est née en 19682, à la suite d’un manifeste organisé par des théologiens (dont André Biéler) unis contre l’injustice que représentent les écarts entre pays riches et pays dits en développement, ceci dans le contexte de la décolonisation. Le manifeste demandait un accroissement de l’aide au développement et récolta jusqu’en 1970 près de 10 000 signatures. L’engagement impliqué par le manifeste avait une dimension économique (les signataires s’engageant à verser de 1 à 3 % de leur revenu pour l’aide au développement) et politique.»
La DB a sa politique, ses campagnes, ses publications et mène des activités dans les écoles en faveur des enfants et des jeunes.
C’est donc cette association qui a cherché à savoir où va la production artisanale de l’or burkinabè et elle a suivi une trainée de poudre d’or qui s’est répandue du Burkina Faso en Suisse, en passant par le Togo.
Nous vous proposons une série d’articles que la DB a publiés en mettant à nu cette ‘’contrebande’’.
Comment la Suisse peut-elle importer chaque année plusieurs tonnes d’or du Togo, alors que ce pays n’en produit pas? Un rapport publié par la Déclaration de Berne révèle que cet or est issu de mines artisanales du Burkina Faso, où il est extrait par des enfants dans des conditions innommables. Le fruit de leur labeur est ensuite acheminé par des contrebandiers jusqu’au Togo, d’où il est importé par une société de négoce genevoise qui le revend à la raffinerie tessinoise Valcambi. Cette enquête montre une fois encore la nécessité d’établir une réglementation contraignante pour les sociétés suisses du secteur des matières premières.
En 2014, près de sept tonnes d’or ont été importées en Suisse depuis le Togo. Sur la base de documents exclusifs, la DB a remonté la filière, jusque dans les mines artisanales du Burkina Faso. Une fois extrait et traité, l’or est acheminé illégalement vers le Togo par de puissants réseaux de contrebande. A Lomé, le métal précieux est acheté par une société aux mains d’une famille libanaise, le groupe Ammar, qui l’importe en Suisse via sa filiale genevoise MM Multitrade. L’or arrive ensuite dans les creusets de la raffinerie tessinoise Valcambi. Pour le Burkina Faso, un des pays les plus pauvres au monde, cette contrebande est synonyme d’importantes pertes fiscales. Selon les estimations conservatrices de la DB, elles s’élèvent à 6,5 millions de francs pour la seule année 2014, soit un quart de l’aide au développement octroyée la même année par la Suisse au Burkina Faso.
Dans les mines artisanales du Burkina Faso, 30 à 50% des travailleurs n’ont pas atteint la majorité. Chaque jour, les ouvriers risquent leur vie pour extraire l’or, en descendant dans des conduits peu sécurisés et mal ventilés. Les produits toxiques qu’ils respirent provoquent de graves maladies pulmonaires et respiratoires. Le matériel de protection est inexistant. Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), il s’agit de l’une des «pires formes de travail des enfants».
Le groupe Ammar peut difficilement ignorer la provenance douteuse de cet or, tout comme Valcambi, l’une des principales raffineries helvétiques. Dans son «code de conduite», cette dernière se targue de connaître en détail sa chaîne d’approvisionnement et d’appliquer à la lettre les standards du secteur, qui visent notamment à prévenir la commercialisation d’or produit en violation des droits humains. Alors que l’insuffisance de ces mesures volontaires est patente, les autorités suisses préfèrent détourner le regard, et refusent toujours de prendre des mesures contraignantes pour éviter que les sociétés suisses ne soient impliquées dans des violations des droits humains. Pourtant, même le Comité des droits de l’enfant de l’ONU a récemment critiqué ce crédo. En mars dernier, il s’est dit «préoccupé par le fait que [la Suisse] se repose uniquement sur une autorégulation volontaire» et a demandé aux autorités d’établir un «cadre réglementaire clair». C’est précisément ce que demande l’initiative populaire pour des multinationales responsables, lancée en avril par la DB et une large coalition d’ONG.
A suivre...