Site d’or de Tindangou : une tragédie environnementale en gestation

| 16.02.2016
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Site d’or de Tindangou : une tragédie environnementale en gestation
© DR / Autre Presse
Site d’or de Tindangou : une tragédie environnementale en gestation
Le site d’orpaillage artisanal de Tindangou dans la commune de Pama, ouvert seulement il y a 2 semaines suscite déjà des inquiétudes sur plan environnemental et social avec l’arrivée par milliers de personnes à la recherche du métal jaune. Situé seulement à 3km de la forêt classée qui regorge la plus grande population buffle en Afrique de l‘OUEST, la ruée vers l’or ne sera pas sans conséquence pour cette réserve faunique.


Plusieurs milliers de personnes ont envahi le site d’or de Tindangou, localité situé à seulement 7km de la ville de Pama. Selon des informations concordantes, ils ont déjà plus de 3000 à s’y etre installer dans les trous et dans le commerce. Depuis, les camions et autres mini cars ne cessent de convoyer des dizaines de personnes. En l’espace de quelques jours d’ouverture, le site s’étend à plus de 1km500 avec une population qui s’accroit à une vitesse exponentielle.

Pour ce jeune orpailleur, il ne faut pas s’attendre à ce que le rythme des arrivées diminue. « Dans le domaine de l’or, l’information c’est par bouche à oreille. La nouvelle de la découverte de l’or s’est répandue comme une trainée de poudre. Sachez que ces gens ne vont pas repartir tout de suite car ils ont les nouvelles que des gens gagnent », confie un orpailleur venu tenter sa chance.

L’arrivée massive des populations depuis l’ouverture de la mine inquiète. En plus des orpailleurs venus des autres localités à la recherche du métal jaune, les populations riveraines ont complément déserté leurs villages pour la course vers l’or.

Les femmes et les jeunes, toute activité cessante ont rallié les trous pour se faire une richesse. Les premières estimations des responsable de SAVOR SA, « titulaire du permis de recherche » , parlent de plus de 3000 personnes sur le site avant de préciser que l’afflux va continuer. « Comme des gens gagne l’or, il faut savoir que nous allons toujours enregistrer des arrivées massive. » ajoute Issa Sankara. les faits lui donnent raison. Les camions et les autres mini cars continuent sans cessent de convoyer des dizaines de personnes à tous les instants. « Parler de contenir la population est un rêve.

Les gens viennent chercher à manger à cause de la pauvreté. Le nombre de personnes et la taille du site sera fonction des gains. C’est vraiment risquer de dire qu’on peut arrêter la population de venir et de prévoir les limites du site » poursuis un autre orpailleur. Les sites d’orpaillage artisanaux des localités voisines se sont vite vidés de leurs occupants et tous convergent vers Tindangou. Une poussée humaine qui va impacter négativement sur la faune et la flore si rien n’est fait.

La réserve faunique de Pama Menacée ?

L’arrivée massive des orpailleurs à seulement trois kilomètre de la plus grande réserve forestière et faunique du Burkina Faso, trouble le sommeil des acteurs environnementaux. Ils estiment que cette activité de l’orpaillage avec ces conséquences va exterminer les populations de buffles et les éléphants qui sont à quelques encablures du site d’or. Si le directeur provincial de l’environnement Bernard Bingo se veut rassurant, l’inquiétude est palpable chez les concessionnaires de chasse qui voit mal les animaux sauvage et des orpailleurs en bons voisins.

Déjà les éléphants naguère visibles au bord des voies ont disparu des radars. « Dès que nous avons été informé de l’arrivée massive des population pour l’exploitation anarchique de l’or, nous avons mis sur place une équipe pour lutter contre la coupe abusive et protéger les ressources fauniques qui sont situées à 3 km du site d’orpaillage. Du coup tous les éléments sont mobilisés. Ils passent 24h sur 24h dans la brousse. Ils dorment ici pour que des gens ne pénètrent pas dans la réserve », ajoute M.Bingo.

Dans un optimisme qui cache une grande inquiétude, M.Bingo souligne que le directeur régional a dû dépêche, une dizaine de forestiers du chef-lieu de la région Fada-Ngourma pour soutenir l’équipe de Pama en vue de sauver le dernier bastion de la faune et de la flore dans l’oriental burkinabé. « Si la situation devient intenable, la hiérarchie envisage de faire appel à l’armée nationale afin de sauver cette réserve qui constitue le poumon du Burkina voir même de l’Afrique de l’ouest.

Là aussi il faut des moyens. », confie une source proche des autorités sur place. Du coté des concessionnaires, l’heure est grave et le gouvernement doit être tout en œuvre ne pas vendanger ce patrimoine menacé de disparition sur l’autel du métal jaune. « Nous avons été surpris de la marée humaine que nous avons trouvé.

Nous tentons avec l’administration de circonscrire les lieux pour les contenir dans leur site. Mais nous sommes inquiets... »,confie le concessionnaire Benjamin Basono. Pour lui, le patrimoine est sérieusement menacé. En moins de deux jours, ils ont appréhendé plus d’une dizaine de personnes dans la réserve interdite pour la coupe de bois. « C’est une situation assez critique il faut tout faire pour sauver le seul joyau en même temps le seul bloc de faune qui reste en Afrique de l’ouest » ajoute M.Bassono. Pour lui, il faut purement et simplement fermer ce site. Et il n’a pas tort.

Les éléphants autre visible a quelques encablures de la route ont disparue depuis l’implantation des orpailleurs. « Cette installation des activités des orpailleurs une très grosse menace pour la faune Ouest africaine. La survie des animaux sauvages est menacée. C’est ce seul bloc qui reste et nous sommes très inquiets » poursuit-il.

Quid de l'usage du cyanure

La grande inquiétude des défenseurs de la faune reste sans doute l’usage imminent du cyanure et du mercure qui pourrait intoxiques les rare points d’eau fréquenter par les animaux sauvage. A cela, la probable souillure de la nappe d’eau souterraine qui va décimer les troupeaux de buffles et autres animaux sauvages qui peuplent la réserve de Pama jusqu’à la zone présidentielle de tourisme cynégétique.

Une inquiétude bien réel quand les orpailleurs eux même n’excluent pas l’usage du cyanure. Pour cet orpailleur venu de Pouytenga, Emile Yaméogo, le cyanure n’est pas encore à l’ordre du jour sur le site. Mais poursuit-il, ça saurait tarder lorsqu’il y aura les rejets de terre issus des premiers lavages des roches. « Vous savez, le cyanure il en aura mais ce n’est pas pour les petits orpailleurs comme nous. C’est la chasse gardée des grands patrons. Personne ne peut donner l’assurance qu’il n’y aura pas l’utilisation du cyanure ici et je vous le dis.

On attend que les moulins écrasent suffisamment les rejets. Et puis il ny a pas d’inquiétude puisqu’on prend des disposition avec le ciment pour ne pas contaminer la zone......(...) », poursuit l’orpailleur. Les responsables de SAVOR et la direction provinciale jurent la mais sur le cœur qu’ils feront tout que ces substances nocives pour l’environnement ne soit utiliser en ces lieux. Mais que peuvent bien faire une dizaine de forestiers aux moyens très limité, face à plusieurs milliers personnes prêts à tout pour avoir l’or ?

Moussa Congo

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