Mévente à la SN-SOSUCO : des mesures incitatives pour sauver le sucre burkinabè

| 19.05.2016
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Mévente à la SN-SOSUCO : des mesures incitatives pour sauver le sucre burkinabè
© DR / Autre Presse
Mévente à la SN-SOSUCO : des mesures incitatives pour sauver le sucre burkinabè
La SN-SOSUCO vit encore des moments sombres de son existence, avec une mévente record d’environ 40 000 tonnes de sucre en stock en cette fin de campagne. C’est ce que le ministre du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat, Stéphane Wenceslas Sanou est allé constater de visu, le vendredi 13 mai à Bérégadougou. Dans la foulée, il a annoncé des mesures incitatives et de sauvegarde pour endiguer le cycle de mévente du sucre national, et empêcher le naufrage de la SN-SOSUCO.


C’est le cœur chargé de mélancolie et de chagrin que le ministre du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat, Stéphane Wenceslas Sanou a découvert, le vendredi 13 mai à Bérégadougou, d’importants stocks de sucre en morceaux et en granulés à la SN-SOSUCO, fruit de la mévente. A l’entrée déjà, le visiteur est frappé par la vue de plusieurs pyramides de sucre en sacs recouverts de bâches, dressées en plein air. On en compte une dizaine, entreposée par-ci, par-là, devant des magasins qui sont eux aussi remplis de stocks de sucre, et que le ministre a pu découvrir avant son tête-à-tête avec la direction générale de la Société. Et ce n’est que la partie visible de l’iceberg. A Banfora et à Bobo-Dioulasso, 5 685 tonnes de sucre en morceaux cherchent preneur, sur un total de 33 663 tonnes équivalant à quelques 6 milliards de F CFA, a confié le DG de la SN SOSUCO, Mouctar Koné. « On n’a jamais stocké autant de sucre dans notre usine», a-t-il martelé. Pourtant a-t-il dit, les prix de vente du sucre SN SOSUCO sont assez compétitifs et loin de ceux du sucre importé légalement. Face à cette mévente record depuis 50 ans dans lequel il se débat pour s’en défaire, le DG pointe un doigt accusateur sur la fraude et la contrebande. Sinon, comment comprendre, s’est-il interrogé, qu’avec le cours mondial appliqué au sucre depuis six mois, les importateurs puissent vendre en deçà du prix du sucre national ? Cette question, il va l’étayer devant le ministre par un exposé diapo mettant en relief, les contours du marché du sucre. Le sucre en morceaux importé, a expliqué Mouctar Koné, revient à 500 F CFA le kilogramme et celui en granulé à environ 900 F CFA, sans le prix de revient et la marge bénéficiaire, alors que celui de la SN SOSUCO revient à 680 FCFA le kilo de sucre en morceaux et 480 FCFA le sucre granulé.

6 milliards de F CFA de sucre en stock

Et il est à conclure que si le sucre importé est vendu en dessous du prix de la SN-SOSUCO, c’est qu’il est entré sur le territoire de façon frauduleuse. A preuve, le marché du sucre reste inondé alors que, selon le ministre en charge du commerce, le gouvernement a suspendu la délivrance des autorisations d’importation de sucre, qu’elles soient spéciales ou pas, depuis l’avènement du nouveau pouvoir. Mieux, il a décidé que tant que l’Observatoire national de sucre ne donne pas la quantité à importer, la mesure ne sera pas levée. Pourtant, le DG de la SN SOSUCO a dit au ministre avoir des informations sur l’existence de 60 000 tonnes de sucre au port de Lomé en direction du Burkina Faso, et autant à Téma et à Abidjan. « A l’approche du mois de ramadan, on devrait avoir vendu au moins le 1/3 de notre production, mais pratiquement le stock demeure », a renchéri Mouctar Koné qui a en outre précisé, que la campagne qui vient de s’achever a produit 30 300 tonnes de sucre, et qu’il se retrouve avec 39 236 tonnes dans les magasins. Ce qui voudrait dire, selon lui, qu’il y a toujours le reste du sucre de la campagne précédente dans les magasins. Conséquence, la Société se retrouve empêtrée dans des difficultés de trésorerie et n’arrive plus, à en croire le DG, à respecter ses traites auprès des banques et à régler ses fournisseurs. Pour le ministre Sanou, le gouvernement ne reste pas les bras croisés face aux difficultés d’écoulement des produits locaux dont le sucre national. Un décret est en réflexion dans ce sens, en faveur de ces produits. Selon le ministre, « Ce n’est pas une forme de protection, mais d’incitation à la consommation ». Ce texte pourra être salvateur à la SN SOSUCO grâce à l’imposition du sucre national dans les cantines scolaires et universitaires et dans les casernes. Et ce n’est pas tout, car à cela, a annoncé le ministre, viendront s’ajouter des mesures de sauvegarde pour un an, avec l’accord de l’UEMOA. Ces mesures pourraient être avantageuses pour la SN- SOSUCO. En attendant, Stéphane W. Sanou prône un contrôle poussé aux postes frontaliers et la vigilance au niveau des services des douanes, pour endiguer la contrebande de sucre. Des pistes de solution qui n’ont pas manqué de mettre du baume au cœur du staff de la SN SOSUCO qui a indiqué l’ouverture dans les prochains jours, des boutiques de vente dans les 11 provinces.

Frédéric OUEDRAOGO

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