C'est certes un effort que le gouvernement vient de faire et qui reconnaît en même temps la justesse de la lutte de la CCVC. Mais, cette précipitation du gouvernement, qui d'ailleurs ne s'explique pas, cache bien de choses. Car, selon les calculs de la CCVC, rendus publics dans la presse après un point de presse et qui tiennent compte du cours du brut tel qu'il est en ce moment, les Burkinabè devraient payer le carburant à moins de 500 F CFA. En d'autres termes, la baisse devrait être d'au moins 100 F CFA. Que représentent alors les 25 F CFA que le gouvernement a concédés ? Sont-ils le fruit d'une négociation entre lui et les organisations syndicales ? Si ce n'est pas le cas, cela peut être dangereux et remettre en cause le traditionnel dialogue et surtout le partenariat que le gouvernement et les organisations syndicales ou de défense du consommateur ont toujours voulus sur les questions qui impliquent tout le monde.
A moins que le gouvernement ait juste voulu mettre les organisations devant le fait accompli. Quitte à discuter par la suite. Seulement, dans ce cas de figure, en se précipitant de la sorte, il montre une certaine fébrilité qui pourrait le fragiliser si toutefois des discussions s'ouvrent sur la question. Ce qui est évident, car les organisations de lutte contre la vie chère, n'apprécieront ni la forme et le fond. Surtout le fond quand on sait, une fois de plus que la baisse pouvait être plus considérable.
Voilà un autre front, assez périlleux que le gouvernement peut malheureusement ouvrir avec des partenaires alors qu'il pouvait bien s'en priver. Car, en cette période délicate de transition, vaut mieux, se prémunir de toutes les précautions ou presque, pour impliquer tout le monde. Puisque, la moindre petite erreur, même de bonne foi, est interprétée autrement. On espère bien que les organisations de lutte contre la vie chère ne se saisiront pas de ce qui peut paraître comme une « erreur de croissance » pour demander l'impossible.
Car, en vérité, un gouvernement par essence est là pour satisfaire les intérêts du peuple. Cependant, par moments et en fonction des contingences, il n'est pas en mesure de répondre favorablement à certaines exigences. Mais, cela ne fait pas de lui un « ennemi » du peuple. Aussi, devra-t-il expliquer, chiffres à l'appui afin de convaincre, qu'il n'est pas en mesure de satisfaire aux revendications de son peuple. Les partenaires sociaux ne sont pas des adversaires et de ce fait, sont très conscients des limites et des capacités des ressources du pays.
S'il y a donc nécessité de s'asseoir pour trouver des solutions consensuelles, c'est toujours et encore mieux. L'adage ne dit-il pas que « vaut mieux tard que jamais ? ». Et un autre de conclure qu' « un mauvais arrangement vaut mieux qu'un bon procès ».
Dabaoué Audrianne KANI