Quelles sont les stratégies mises en place par l’ONEA pour l’atteinte des objectifs de l’horizon 2030 ?
Les objectifs de l’horizon 2030, c’est un engagement mondial pour que le droit à l’eau potable soit un droit fondamental en 2030. Au niveau de la région des Hauts-Bassins, il y a plusieurs projets qui sont déjà engagés pour cette cause. Entre autres, le projet de renforcement de la capacité de production et de distribution de l’eau potable dans la ville de Bobo-Dioulasso qui est financé par l’Agence française de développement dont les études ont commencé il y a à peine 3 mois. Une fois réalisé, ce projet va nous permettre de couvrir toute la demande en eau potable. En 2030, tout le monde aura de l’eau. A partir de cette étude, nous allons faire une projection qui va au delà de 2030. Pour mener des réflexions sur les questions liées à la distribution de l’eau potable à Bobo-Dioulasso et dans les autres villes comme Orodara et Houndé en 2050.
Quelles sont les mesures prises par l’ONEA pour faire face au changement climatique ?
Avec l’accompagnement de l’Etat, l’ONEA exploite de façon rationnelle les ressources naturelles pour satisfaire les besoins de la population en eau. Parce que le changement climatique est une donne qu’il faut prendre en compte dans tous les projets de développement. Alors, nous faisons preuve de vigilance au plan environnemental avant de nous engager dans les projets de développement. Et ce dans le souci de ne pas être nous-mêmes des acteurs de pollution de notre environnement. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous avons procédé au déguerpissement des exploitants de Nasso dont les actions sont susceptibles de polluer la nappe phréatique. Ce projet de déguerpissement a démarré en 2009 et sa prise en charge financée par la Banque mondiale a permis aux populations concernées de s’installer sur des sites plus appropriés en 2013.
Quelles sont les politiques de l’ONEA en rapport avec le thème de cette journée mondiale de l’eau ? (« les eaux usées, quelle stratégie pour sa valorisation ? »).
Nous revalorisons les eaux usées à travers l’assainissement. Aujourd’hui nous avons exécuté des projets dont le tout nouveau est la réalisation d’un espace de point de vidange qui permet aux vidangeurs de déverser leurs déchets.
Le cycle de l’eau commence par l’eau pure et se termine par les eaux usées
Une fois qu’on consomme l’eau d’une manière ou d’une autre, elle va se retrouver dans la nature sous forme usée. C’est donc un enjeu majeur qui emmène tous les acteurs à la réflexion. Au niveau de l’ONEA de Bobo-Dioulasso et Ouagadougou, nous avons des clients qui sont raccordés aux réseaux d’égout. Une fois que quelqu’un est raccordé à ces réseaux, il n’a plus besoin de latrine chez lui, ni de caniveaux. Ses eaux usées sont directement évacuées à la station de traitement où nous faisons en sorte qu’elle soit réutilisable. C’est en procédant ainsi que nous donnons de la valeur aux eaux usées. Malheureusement, le réseau n’a pas une très grande envergure à Bobo. Aujourd’hui, les eaux usées prennent de la valeur au niveau des stations de Ouagadougou, ces stations de traitement des eaux usées les revalorisent en matière première pour produire du biogaz et de l’électricité. C’est la preuve que ce n’est pas tout ce qu’on jette qui n’est pas bien. Il suffit simplement de réfléchir, de trouver des solutions pour les valoriser et l’ONEA multiplie les recherches pour améliorer la transformation de ses eaux usées en ressources.
« Quel appel lancez-vous à l’Etat et à la population pour une gestion rationnelle des ressources en eau dans la région des hauts-Bassins? »
Il est important que l’ensemble des facteurs susceptibles de polluer cette ressource vitale soient pris en compte. Car lorsque nous avons de l’eau, on ne se rend pas compte de ce qu’on pourrait devenir sans elle. Partout en Afrique et même dans le monde, la question de l’eau est un enjeu fondamental si bien que certains chercheurs disent que la prochaine guerre mondiale se fera autour de l’eau. Présentement, on n’est pas à ce niveau, mais nous sommes conscients des nombreuses difficultés qui se posent lorsque nous sommes dans une zone en manque de ressources en eau potable. Nous invitons une fois de plus, les acteurs des projets de développement à faire très attention, particulièrement au niveau de la ville de Bobo-Dioulasso. Car celle-ci est entièrement alimentée par des ressources hydrauliques souterraines qu’il nous faut protéger à tout prix. Bien que la situation ne soit pas alarmante en ce moment, nous ne devons pas perdre de vue la nécessité de protéger nos ressources naturelles. Cette protection qui n’a pas de prix doit aller au delà même de la zone où la nappe phréatique existe. Même au niveau des zones où l’on exploite les eaux de surface, il faut faire très attention. Parce qu’une fois que l’eau est polluée, la dépolluer s’avère très compliqué. Pour preuve, quand vous regardez l’historie des grandes nations, il y a des cités qui ont disparu avec la disparition de la source d’eau qui les alimentait. Nous saluons les différentes actions engagées par l’Etat pour améliorer les conditions de vie des Burkinabè et l’invitons à maintenir la question de l’eau comme une priorité majeure car l’eau, c’est l’alfa et l’Omega.
Aminata SANOU
Clarisse COULIBALY
Fatimata BELEM/Stagiaires