Les délestages chroniques que vivent les Ouagalais ont pris une proportion inquiétante ces derniers jours. Plusieurs secteurs de la vie économique sont paralysés par ces délestages. Du côté des autorités, il n'y a plus de jours de repos ni pour le ministre des Mines et de l'Energie qui a écourté sa mission aux Etats-unis, ni pour le directeur général de la Sonabel, qui, se retrouve au bureau même le dimanche. Dans la ville, les esprits commencent à s'échauffer. Il faut vite trouver une solution. Le véritable problème de la Sonabel, « les difficultés d'approvisionnement en carburant par la SONABHY ». En tout cas, pour le moment, « il n'y a rien dans les cuves », indique le directeur général, François De Salle Ouédraogo. A qui la faute ? Une chose est certaine, la SONABEL doit de l'argent à la SONABHY. « La Sonabel a des difficultés à payer sa facture pétrolière », avoue le directeur général de la Sonabel. Tard dans la nuit du samedi 23 mai, après plus de quatre heures de négociations pour résoudre « cette crise énergétique », les acteurs sont parvenus à un accord à même de « réduire » les délestages à moins terme. La nationale des hydrocarbures (SANABHY), l'Organisation des transporteurs routiers du Faso (OTRAF), la douane et la délégation du ministère des Mines et de l'Energie conduite par le ministre, ont trouvé un accord pour approvisionner les centrales de la Sonabel en combustible. Dans le contenu de ces engagements, l'Etat s'engage à augmenter 20 FCFA sur chaque litre transporté et l'OTRAF s'engage à son tour à mettre à la disposition de la SONABHY environ 600 citernes pour assurer le stock de la Sonabel qui a une capacité de 21 jours.
« Nous n'avons pas de stock »
Le problème d'approvisionnement en combustible des centrales de la Sonabel ne datent pas d'aujourd'hui. « Depuis 2013, nous avons des difficultés à être approvisionnés en combustible par la SONABHY » et depuis cette date, les centrales de la sonabel fonctionnaient « à flux tendus c'est-à-dire que les camions arrivent juste pour qu'on les déporte pour faire fonctionner les groupes. Nous n'avons pas de stock », assure le DG. C'est la grève des transporteurs qui a révélé au Burkinabè la pente raide sur laquelle était assise la Sonabel. « Dès le premier jour, nous n'avons pas reçu de combustible et immédiatement, les premières machines ont dû être arrêtées. Aux deuxième jour, toutes les centrales étaient à l'arrêt »,explique François de Salle Ouédraogo. Près de deux mois après cette grève, la Sonabel n'est plus arrivée à alimenter ses centrales encore moins assurer sa réserve. Après plusieurs tractations, entre les différents acteurs qui interviennent dans la chaîne d'importation, un accord qui doit entrer en vigueur dans de meilleurs délais a été trouvé. « Après plusieurs échanges, nous avons trouvé un compromis hier, consistant à rehausser un peu le tarif du transport. Je pense qu'avec cette solution trouvée il y aura un engouement immédiat pour faire face à la situation. Notre objectif principal est qu'avant la fin de la semaine, au plus tard en début de la semaine prochaine, les camions soient en marche avec les combustibles nécessaires pour le fonctionnement de la sonabel et de l'économie du pays », selon les explications du président national de l'OTRAF, El Hadj Issoufou Maïga.
Il y aura des délestages mais beaucoup moins profond
Selon lui, le parc des citernes du Burkina comptent plus de mille citernes pour un besoin de la sonabel exprimé à environ 600 camions. La crainte de l'OTRAF réside dans le type de combustible qu'utilise la sonabel.
« Le véritable problème est que le combustible de la sonabel est très lourd et dégrade les véhicules le plutôt possible », indique Issoufou Maïga. Selon ses explications, tout ira bien avec l'accompagnement promis « des transporteurs des sociétés minières qui ont une flotte neuve de plus de 400 camions pour nous appuyer. Ils ont marqué leur accord pour cette cause nationale ». Ces différents engagements permettent au responsable de la sonabel de rêver d'une reprise acceptable de l'activité économique du pays. « En principe, si ces mesures sont mises en œuvre et que les résultats sont atteints, la situation devrait beaucoup s'améliorer. Elle devra revenir à la situation que nous avions prédite au début de la période de chaleur »,selon la volonté de directeur général de la sonabel. Cela veut dire qu'il y aura des délestages mais beaucoup moins profond que ceux que les populations vivent aujourd'hui.
Dans le communiqué de l'accord, il y a en deuxième point, la réduction de la puissance importée suite à un manque de gaz et d'eau dans les barrages hydroélectrique. Le directeur assure qu'il y a des problèmes de délestages en Côte d'Ivoire aussi. C'est donc normal de donner ce qu'on a. Mais « la ligne a des problèmes », reconnait-il. L'équipe de la Sonabel travaille donc à trouver ce problème.
__
Encadré
Beaucoup doivent à la Sonabel
Il y a des impayés qui sont inhérents à des types d'activités mais quand les gens disent que les anciens dignitaires doivent 15 milliards, je pense qu'il faut garder les choses dans leurs proportions. 15 milliards de consommation d'électricité ne peut être réalisés par quelques personnes. Il y a effectivement des impayés. Il y a des actions qui sont en train d'être menées pour recouvrer tous ceux qui nous doivent et cela depuis décembre. Ce n'est pas seulement les anciens dignitaires mais envers d'autres qui nous devaient et qui ne sont pas des anciens dignitaires. En décembre, quand nous avons fait le point, l'ensemble des impayés tournaient au tour de 25 milliards. Après les premières actions, on a recouvré 11 milliards. Il reste 15 milliards environ. L'Etat doit aussi. Par exemple la dernière manifestation du 11 décembre, on n'a pas encore recouvré ce que l'Etat nous doit. Il y a aussi des particuliers qui doivent. Les universités n'arrivent pas à payer et on ne peut pas les couper. Les institutions comme le CNRST, les communes ont des factures. Ce sont des clients qu'il est difficile de suspendre l'électricité. Ce qui fait qu'il y a des cumuls d'impayés mais nous sommes en train de travailler avec eux et avec le gouvernement pour pouvoir recouvrer.
Par Salifou OUEDRAOGO
__
Les déficits financiers de la SONABEL depuis 2011
2011 – 15 milliards de francs CFA
2012- 14 milliards de francs CFA
2013- 12 milliards de francs CFA
2014- environs 12 milliards de francs CFA