Depuis le vendredi 13 mai 2016, le prix du Super 91 est passé de 652 à 602 F CFA et celui du gasoil de 576 à 526 F CFA, soit des baisses de 50 F CFA. Dans les différentes stations-services de la ville de Ouagadougou ce dimanche 15 mai, ces nouvelles réductions du prix des hydrocarbures sont effectives et visibles sur les cadrans des pompes. « C’est le vendredi que nous avons été informés par la direction générale et ensuite la Compagnie burkinabé pour tout appareillage mécanique (COBUTAM) est venue régler les pompes et baisser les prix », explique le chef d’équipe de la station Total Indépendant de Koulouba, Ibrahim Coulibaly. A la station Shell du rond-point des Nations unies, le pompiste Omar Dacouré confirme que c’est aux alentours de 12h, le 13 mai, que la mesure est appliquée. Mais d’autres stations à l’image de Oilibya Bataille du rail sont entrées dans la danse plus tôt. Le chef d’équipe de ce dimanche 15 mai 2016, Victor Tioyé, assure que la baisse du carburant est effective dans son service depuis le jeudi 12 mai, à 14h. « C’est quand l’équipe de 14h montait que les techniciens de la COBUTAM sont venus changer les prix. Nous les avons assistés, des pompes aux puits, pour faire les dosages de quantité et de qualité des produits qui restaient », précise le jeune pompiste. Dans sa station-service, affirme-t-il, tous les produits ont connu une baisse de 50 F CFA. Il est 10h30 mn ce dimanche 15 mai. Chantal Yaméogo vient de se faire servir 500 F de Super 91 à la station Total Indépendant. Elle ne se rend même pas compte que le réservoir de sa moto de marque « Nano » contient 0,83 litre de plus. Interrogée sur la baisse du prix du carburant, elle lâche, toute surprise : « Cette baisse date de quand ? Je ne le savais pas. Et c’est de combien ? ». L’étonnement passé, l’étudiante en 1ère année d’Anglais à l’Université Ouaga I Pr Joseph-Ki-Zerbo loue l’initiative gouvernementale. « C’est bien, cette baisse va nous permettre de souffler un peu », se réjouit-elle. Un autre client, Guy Hien, le réservoir plein de carburant, embouche la même trompette que Mlle Yaméogo. « Tout ce qui contribue à réduire la cherté de la vie et favorise le bien-être des populations est salutaire. Mais on peut encore faire un effort, le gouvernement peut mieux faire », explique-t-il.
Statu quo chez les compagnies de transport
Néanmoins, des gens questionnés émettent des doutes sur l’impact de la mesure sur le quotidien des burkinabè. Le carburant fait partie des biens de consommation nécessaires, voire indispensables, selon Abdoul Aziz Sana. « L’essence est très importante, on ne peut pas s’en passer », soutient le jeune commerçant. Au vu du train de vie du citoyen moyen qui gagne à peine 600 F CFA par jour, M. Sana pense que « le carburant coûte toujours trop cher » au Burkina Faso. Il dit espérer que la présente baisse des prix sera synonyme de réduction des frais de transport. Que nenni ! Du côté des transporteurs, le prix du ticket n’a pas changé.
Le chef de gare de Transport Sana Rasmané (TSR) de Gounghin, Salam Ouédraogo alias le Général, soutient que les prix du transport sont intacts. Les coûts restent inchangés. Pour se rendre à Bobo-Dioulasso, souligne-t-il, le passager doit toujours débourser 6000 F CFA pour les bus ordinaires et 7 000 F CFA pour ceux climatisés. Puis, pour se justifier, il se lance dans un calcul rapide quelque peu compliqué. « Avec une réduction du carburant de 50 F CFA, si un conducteur prend 100 litres de carburant, cela veut dire aujourd’hui qu’il a un surplus de 5 000 F CFA. Avec un bus de 60 places par exemple, cette somme permet de réduire de 83 F CFA le prix du transport », tente-t-il de d’expliquer. Le « général de TSR » poursuit sa gymnastique, en enchérissant : « Dans ce cas, on diminue de combien de francs le prix du transport? Ce sera de 75 ou 100 FCFA ? ». Ce serait une injure faite aux clients de leur dire que le transport Ouagadougou-Bobo Dioulasso est passé de 6 000 à 5 900 F CFA. Pour Salam Ouédraogo, cette baisse ne peut avoir d’impact sur les transports que s’il y a une réduction des taxes auxquelles les compagnies sont soumises. Le même constat se dégage à la gare de Rakieta desservant l’axe Ouaga-Pô. Le prix du ticket n’a connu aucune baisse. Il coûte toujours 2 000 F CFA. Pour le chef de gare Lassina Traoré, la décision de réduire le prix du transport revient au gouvernement.
Djakaridia SIRIBIE
___
Réaction de Pascal Zaïda, secrétaire général de la ligue des consommateurs du Kadiogo : « Le gouvernement doit mettre la pression sur les transporteurs »
« Les organisations des consommateurs ont toujours mené le combat dans le sens d’obtenir un prix abordable afin de soulager un tant soit peu tout le monde. Cette baisse des prix est un soulagement pour le consommateur qui n’attendait que cela. Nous avons été informés que cette réduction est consécutive à la baisse du prix du baril. La question est de savoir si l’Etat augmentera les prix du carburant à la pompe, si toutefois il y a une flambée du prix du baril. Telle est notre inquiétude. Nous avons posé la question au comité interministériel de détermination des prix des hydrocarbures. Pour nous, il fallait au préalable réunir les acteurs (la société civile, les transporteurs, les syndicats, les importateurs) pour les informer qu’il y aura une baisse. Mais nous l’avons tous appris à travers les réseaux sociaux. Depuis la Transition, nous avons toujours subi des baisses du prix du carburant, mais chez les transporteurs rien n’est fait. Il faut que le gouvernement mette la pression sur les compagnies de transport afin qu’elles diminuent le prix des tickets. On ne peut pas comprendre qu’on baisse le prix du carburant de 100 F CFA et que celui du transport reste fixe ».
D.S