Un certain périmètre de la cour litigieuse était bien bouclé par des gendarmes avec un armement qui dissuadait plus d'un. En effet les voisins du quartier se faisaient discrets tandis que des élèves du cours professionnel Le technicien (CPT), sortis à cause de cette intervention, étaient tenus à bonne distance. Cette poussée de fièvre intervint après celle du jeudi 15 janvier 2015 où la circulation dans les environs avait été bloquée par des élèves et des habitants de ce quartier qui dénonçaient ainsi l'incarcération de Joseph Ignace Compaoré qui revendique la propriété de la cour.
C'est une affaire qui remonte à 2012. En effet selon Arnaud Compaoré, un des enfants du vieux Compaoré actuellement en prison depuis le 13 février, la famille Compaoré qui habite la cour depuis les années 60 a été victime d'un détournement. «Les faussaires, des membres éloignés de cette famille, avec de faux documents, ont réussi à vendre la parcelle. Ils ont simulé une perte du PUH pour se faire délivrer un autre PUH qui leur a permis d'accomplir ce forfait. L'acquéreur du terrain, ne voulant rien comprendre, emploie depuis lors des méthodes fortes et d'intimidation pour exproprier les véritables propriétaires de la cour», nous a-t-il souligné avant d'ajouter : «L'affaire a été jugée, nous avons fait appel et le verdict est attendu ce jeudi, mais curieusement Me Alexis Ilboudo anticipe par la destruction de la cour.
En réalité la parcelle appartient à la grand-mère du Papa qui avait 4 enfants. Elle a pu avoir une parcelle pour chacune de ses trois filles dont la mère de mon père. Naturellement au décès de cette dernière, il a hérité de la cour. Tous les originaux des documents existent toujours, notamment le PUH qui date de 1988 et le certificat d'hérédité qui fait de Joseph Ignace Compaoré le véritable propriétaire de la cour. Les tantes de mon papa sont allées faire un certificat d'hérédité 9 ans après, c'est-à-dire en 2007, et un autre acte de décès où il est écrit que la grand-mère est décédée en 1987 alors qu'elle est décédée le 6 août 1988. C'est ce que le papa a voulu faire comprendre à la justice et à l'acquéreur, Mathias Zoungrana, mais ils ont décidé de ce qu'ils sont en train de faire.
Nous, nous n'irons nulle part à moins qu'on nous enchaîne pour nous amener à la MACO», a expliqué ce jeune homme étreint d'émotion. Une sœur du vieux incarcéré, Jeanne Toussiane Compaoré, nous a confirmé, les yeux embués de larmes, cette version avant de s'en remettre à Dieu : «Notre seul espoir c'est Dieu, et mon seul souci c'est la situation de mon frère incarcéré même s'il est libéré. Je crains le pire pour lui, il peut attenter à sa vie, je demande aux gens de m'aider à l'exhorter à la retenue après sa libération». Nous n'avons pas pu avoir la version des deux tantes dont il est question ni celle de l'acquéreur.
Abdou Karim Sawadogo