Des prix exorbitants pour des maisons dotées de peu de confort et dans lesquelles on peut à peine y mettre un lit, des ustensiles de cuisine, etc. Que dire des maisons pourvues d'un salon et d'une chambre ? Au quartier Patte-d'oie de la capitale burkinabè, impossible d'avoir une "chambre-salon" en-dessous de 35 mille francs CFA le mois. A Karpala, un autre quartier de Ouagadougou, il faut compter au minimum 30 mille francs CFA pour avoir accès à de telles maisons. Les prix des maisons mises en location, surtout à Ouagadougou, sont démesurés. Et le pire, c'est que faute de réglementation, les propriétaires augmentent les prix à leur guise, sans même prendre le soin de prévenir les locataires. Certains augmentent chaque mois ou chaque année, sans avoir eu à changer une porte ou une fenêtre ou opérer des travaux. D'autres, plus astucieux, viennent mettre des carreaux ou refaire simplement la peinture et en font une raison pour ajouter 5mille, 10 mille ou 15 mille francs CFA sur le prix initial de leur propriété. Toute chose qui occasionne beaucoup de désagréments aux locataires qui ne savent plus à quel saint se vouer. Il arrive que certains bailleurs lâchent à leurs locataires : « si vous ne voulez pas payer comme ça, sortez de ma cour ». L'autre problème à l'accès au logement locatif est l'immixtion ou l'indispensabilité des ''démarcheurs''. Ces intermédiaires qui se proposent d'aider les personnes à la recherche de maisons à louer, ne sont pas toujours "clean". Il arrive qu'ils contribuent à augmenter les prix des maisons, de connivence avec les bailleurs. Et cette augmentation s'effectue souvent en fonction du statut du locataire. Si vous semblez avoir des conditions de vie acceptables, le ''démarcheur'' propose au propriétaire de la cours, d'ajouter 10 mille ou 15 mille francs CFA. Après, il s'arrange pour récupérer chaque fin du mois, la moitié de ce surplus ou l'ensemble. Le bailleur aussi, comme cela se révèle être une bonne affaire pour lui, accepte naturellement. Cependant, dès que ce locataire quitte la maison, son loyer revient au prix initial. Puisque qu'il n'y a ni réglementation ni contrôle dans ce domaine que l'on pourrait qualifier de mafieux. Le comble, c'est que les salaires n'augmentent pas avec ces flambées du prix des loyers. Or, il n'est pas facile non plus d'être propriétaire d'une cour dans la capitale. L'acquisition d'une parcelle coûte la peau des fesses si l'on doit compter uniquement sur son salaire. Il faut compter des millions pour avoir une parcelle en fonction des sites et des quartiers. Que dire des matériaux de constructions ? Le prix du sac de ciment varie entre 6 mille et 6 500 F CFA. Le camion de sable atteint 200 mille F CFA. Alors que pour construire chez soi, il faut être « un peu » nanti. Chose pas évidente pour tous les Burkinabè, ce qui fait que l'annonce du ministre en charge de l'habitat, René Bagoro, donne espoir. L'espoir de voir chaque Burkinabè logé décemment sans être inquiété d'être expulsé par un propriétaire de mauvaise humeur ou de voir son loyer augmenter du jour au lendemain. Si réellement le droit de logement est une des préoccupations du gouvernement comme l'a certifié le ministre Bagoro, que les textes juridiques autour du bail locatif voient le jour avec des sanctions aux contrevenants.
Somborigna Djélika DRABO