Développement de Bobo-Dioulasso : Ces faits qui interpellent et qui révoltent

| 17.09.2014
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Développement de Bobo-Dioulasso : Ces faits qui interpellent et qui révoltent
© DR / Autre Presse
Développement de Bobo-Dioulasso : Ces faits qui interpellent et qui révoltent
Les collectivités territoriales bossent pour se développer en fonction des besoins locaux et des moyens dont elles disposent. Cela ne veut nullement dire que l'Etat se retire. Au contraire. Ainsi, voit-on des actions qui relèvent de ces collectivités et d'autres de l'Etat. Mais, à Bobo-Dioulasso, l'Etat semble jouer timidement son rôle. Les travaux annoncés et qui n'ont jamais vu le jour, et le presque délaissement de la voirie dans la commune sont des faits révélateurs.

«Mon frère, tu vois, ici, les pluies n'ont pas empêché des réalisations. Alors qu'à Bobo-Dioulasso, certaines sources justifient le non-démarrage des travaux de bitumage des avenues Nelson Mandela et Ouezzin Coulibaly, l'éclairage des avenues de l'Union européenne et du Cinquantenaire par la saison pluvieuse». Ainsi, m'a interpellé mon voisin de siège. Nous venions de démarrer à bord d'un bus d'une société de transport qui relie la ville de Koudougou à celle de Bobo. Sur le tronçon Sabou-Boromo sur la Nationale n°1, une entreprise est en plaine chantier de bitumage. «Tu vois ici aussi, les pluies et que sais-je, n'ont pas empêché le démarrage et la poursuite des travaux. Ainsi va le Burkina». S'est, de nouveau, apitoyé mon voisin avant de conclure. Puis, il ajoute, «tu sais, j'ai versé des larmes au sortir d'une réunion constitutive d'un comité. Un comité qui doit travailler dans un domaine qui concerne Bobo-Dioulasso, mais au sein duquel, un seul fils de Bobo est inscrit. Pourquoi cela alors que la ville ne manque pas de fils et filles talentueux dans le domaine concerné?»

Ne comprenant pas ce qui se passe, notre e=interlocuteur a fini par rencontrer un fils de la région pour exposer ce qu'il a vécu. Voici ce qu'il retient après l'entretien: «j'ai eu pitié de lui après son témoignage». Ce qui a révolté notre interlocuteur qui s'est fendu en ces termes: «une deuxième ville comme Bobo-Dioulasso ne mérite pas d'être traitée de la sorte!».

Les propos de mon voisin de voyage m'ont amené à faire une tournée de réflexion dans les rues de la ville de Sya et même au-delà. Le bitumage des avenues Nelson et Ouezzin Coulibaly avait été lancé en fanfare pour emprunter les termes d'un confrère le 3 février 2014. Quelques jours après, une machine grattait des parties de Nelson Mandela. Les populations ont cru que le rêve tant entretenu, allait être une réalité. Mais, depuis ce jour, la population attend toujours. De cette avenue, je me suis retrouvé en pensées, sur l'Union européenne. Suite à une pression populaire consécutive à un énième accident mortel sur cette route, des poteaux ont été plantés. Disons que la route a été électrifiée à peine à moitié. Depuis, ce ne sont que des dates qui sont proposées pour la suite des travaux. L'avenue du Cinquantenaire (entrée route de Faramana dans l'arrondissement n°2) quant à elle, attend toujours sans aucune trace d'éclairage. Comment tout un gouvernement peut-il bitumer l'entrée principale d'une ville (route du Mali) sans prévoir d'éclairage public? Ridicule! Foutaise! Perdu dans mon rêve, plusieurs autres sites et projets de la commune se sont invités dans mes réflexions et je suis resté sans réponse ni solution...

Un cumul qui peut révolter

Les Bobolais suivent l'évolution de leur pays ici et ailleurs. Aussi, se battent-ils à l'instar de leurs compatriotes pour l'émergence du Faso malgré la pauvreté de ce pays. Mais, force est de reconnaître que des choses se sont passées dans cette cité aux silures sacrés, qui sont des signes de frustration commune. El hadj Salia Sanou, maire de la commune de Bobo-Dioulasso avait dirigé une délégation communale pendant l'exécution des travaux de l'avenue Binger. Son souhait était de proposer une extension de la route, et proposer l'abattage des arbres qui constituent un danger pour la population. Il est resté «bouche bée» quand le représentant de l'entreprise chargée des travaux lui a dit que dans le plan venu de Ouagadougou, il n'y a pas d'arbres à abattre encore moins de route à élargir. Pour des raisons budgétaires, l'Etat peut être contraint à proposer une avenue restreinte. «A l'impossible, nul n'est tenu».

Mais décider du sort d'organisation d'une population sans tenir compte du premier responsable, c'est lui manquer de considération, à mon avis. Combien de fois l'éclairage de l'avenue de l'Union européenne avait-il été annoncé à la population, sans effet? Que dire de l'avenue Nelson Mandela qui est une route stratégique pour la ville? Le jardin zoologique de la ville, qui a fait parler de lui hors de nos frontières nationales, aurait reçu un début de travaux de réaménagement sans que la mairie de Bobo en soit informée. A peine commencés, les travaux sont restés sans suite. Aux dernières nouvelles, l'entrepreneur serait déclaré «incompétent» à l'image de celui chargé du bitumage de Nelson Mandela. Passons sous silence les sociétés étatiques fermées dans cette ville dite «capitale économique» et déplacées dans d'autres localités. Salia Sanou et son conseil sont, à priori, comptables en premier lieu, pour tout ce qui concerne la ville de Sya. Mais, une analyse profonde de la situation les déculpabilise. «C'est plus fort qu'eux», dirai-je. Décidé à poser des actes dans une ville sans consulter le maire encore moins la population, c'est «minimiser» les résidents de cette localité. C'est exactement la même analyse pour tous les travaux annoncés pour cette ville et qui ont du mal à voir le jour.

Ayons le courage de le dire! Quand il s'agit d'une capitale économique, cela peut être dangereux pour tous. Le cumul des faits qui peut révolter, peut partir de choses insignifiantes (que Dieu nous en garde). Mais, que ceux qui pensent qu'ils sont plus forts, aient à l'idée que, «Les eaux qui ont les surfaces planes et calmes, sont souvent plus dangereuses que certaines eaux qui coulent». Autrement dit, qu'ils n'oublient pas que, quand ça part de Bobo-Dioulasso, ou quand ça y arrive, ça prend une autre dimension. Vivement, que les marches contre la vie chère en 2008 commencées à Bobo et la mutinerie de 2011 qui s'y est terminée, nous guident tous pour qu'ensemble nous construisons notre cher pays de façon équitable et pacifique.

Souro DAO

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