L’affaire a fait grand bruit dans les gargotes et les organes de presse : la réfection de la rocade sud-est du boulevard des Tensoba, plus précisément la circulaire. Dans la matinée du 24 août 2016, c’est très sportivement que nous avons rattrapé le cortège du ministre en charge des Infrastructures, qui est sorti constater l’état de dégradation de la route. Notre chauffeur du jour est le journaliste sportif de L’Obs. Kader Traoré. « Mon petit, les slaloms commencent », nous prévient l’homme du desk sport. Vous comprenez aisément que c’est parce que nous sommes sur « la route à problème ».
«Et nos commerces ?»
C’est juché derrière la moto d’un confrère que nous suivrons le ministre Bougouma et sa suite. Des arrêts sont effectués au niveau des endroits les plus abîmés de la route. Et qui connaît cette voie sait que la portion la plus dégradée se trouve au niveau du SIAO (Salon international de l’artisanat de Ouagadougou). Là-bas, on est tenté de dire que ce ne sont pas des nids-de-poule, mais des puits qui parsèment la chaussée. Sur place, on voit des jeunes qui tentent comme ils peuvent, avec de grosses pierres, de boucher les trous. « Nous faisons ce que nous pouvons. Chaque fois nous bouchons les crevasses, mais nos efforts sont vains dès qu’il pleut », nous informe Tiemtoré Ismaël, un riverain.
Ils sont au nombre de 5 à faire ce travail. « Ce que nous faisons sur cette voie, c’est au bénéfice des usagers ; mais quand nous leur demandons juste de quoi acheter de l’eau à boire ils nous regardent bizarrement. » Doit-on entendre par là, un cri du cœur ? « Avec les gros porteurs, les automobiles et les motos, chaque fois il y a des accidents sur cette voie. Et comme si ça ne suffisait pas, il y a des nids-de-poule partout. En tout cas si on réfectionne la route, ça va faire le bonheur de tout le monde et soulager les usagers », fait remarquer Bikienga Julien, un usager. Une dame assise dans son kiosque nous interpelle : « Mon frère, on va faire un travail de colmatage ou bien on va réfectionner carrément la voie ? » C’est une réfection totale. « Mais comment nous, nous allons faire avec nos commerces ? » Certainement que cette question est adressée au ministre.
Quid de la polémique sur le don et le prêt ?
A quel objectif répond exactement la sortie du ministre ? « Nous sommes sortis pour nous rendre compte de l’état réel de dégradation de la Circulaire. Cela va permettre aux techniciens, en ce qui concerne la première phase, de finaliser le dossier d’appel d’offres pour la réfection de la route dès aujourd’hui », répond le ministre. Et de préciser qu’une fois cela fait, les travaux devraient débuter au mois de septembre. Pour l’heure, c’est toute la chaussée qui sera reprise. La seconde phase va consister « en l’achèvement pur et simple de la réhabilitation et du renforcement. Et là, c’est le projet global qui aura été achevé grâce à l’appui des bailleurs de fonds et des partenaires techniques et financiers ».
Justement, qu’en est-il de la polémique sur le don et le prêt ? « C’est une polémique entre Burkinabè. Nos amis japonais ne sont pas concernés par cette histoire. Ce que je peux vous dire, c’est que le gouvernement burkinabè prendra ses responsabilités de sorte que la route soit réfectionnée et que les usagers la pratiquent convenablement. Et aussi que le don du Japon ne soit pas perdu, c’est très clair. » Pour le secrétaire général dudit ministère, Yentéma Ousmane Yonli, les études techniques ont été faites. D’ores et déjà, ils savent exactement où il faut intervenir et ce qu’il faut faire. La sortie de ce matin, selon lui, va permettre de juxtaposer les résultats de l’étude aux réalités du terrain. « C’est une route qui est toujours en utilisation et les niveaux de dégradation varient. Il faut adapter au fur et à mesure le terrain aux études. A l’issue de cette sortie, nous n’avons pas noté de changement», assure-t-il.
Akodia Ezékiel Ada