Entre espoir et désillusion ! C'est le sentiment ambigu qui anime beaucoup de Burkinabè dans le Grand-Ouest du pays, et singulièrement dans la région des Hauts-Bassins. Et pour cause ! Depuis le lancement de ce vaste programme en janvier 2008 par Blaise Compaoré, alors président du Faso, les populations attendent avec beaucoup d'impatience la fin des travaux ; et la mise en eau du barrage qui devrait booster l'économie atone de la région. En effet, la mise en œuvre du Programme de développement intégré de la vallée de Samendéni (PDIS) devrait générer la création de 100 000 emplois et d'environ 16 milliards F CFA/an. Mais, l'ouvrage phare du programme, à savoir le barrage, qui va permettre le démarrage de la production agricole et piscicole, a pris du retard dans sa réalisation. Dès 2011, un délai supplémentaire de 9 mois est accordé pour la fin des travaux du barrage. Désormais, sa mise en eau est fixée à juin 2014. Les spécialistes faisant valoir que : « il ne faut pas interpréter les 9 mois accordés comme un retard. C'est une pratique courante et normale dans la construction d'un barrage, dans la mesure où la géologie du sol peut varier d'un point à un autre du site. Ce qui oblige à des études complémentaires pour le choix des matériaux à utiliser ».
Lors de sa visite de chantier du barrage le 22 juin 2012, Laurent Sédogo, alors ministre de l'Agriculture et de l'Hydraulique, se voulait confiant en assurant : « Nous avons refait notre « timing » pour nous caller au nouvel horizon de juin 2014. Et nous serons au rendez-vous de ce timing ». S'il tel avait été le cas, on serait d'accord avec l'ex-ministre qu'«en réalité on n'a rien perdu, puisque nous ferons la mise en eau à l'hivernage 2014 », parce que, même livré en fin novembre 2013, le barrage n'aurait pas permis de produire avant juin 2014. Hélas !
Quelques mois après, exit Laurent Sédogo de la tête du ministère. Mamounata Belem/Ouédraogo hérite du dossier.
Un mois après sa nomination comme ministre de l'Eau, des Aménagements hydrauliques et de l'Assainissement, elle va prendre le pouls du chantier du barrage de Samendéni, le vendredi 1er février 2013. Une sortie qui sera suivie, le 25 février 2013, par le lancement du déboisement du lit du barrage (12 000 hectares).
Le lundi 29 avril 2013, l'ancien Premier ministre Luc Adolphe Tiao « himself », se rend sur le chantier. Il faut dire que ce chantier est le projet phare du gouvernement dans les Hauts-Bassins. Celui qu'il ne doit pas « louper », s'il veut conserver le moindre crédit aux yeux des populations de la région. Cette sortie de l'ex-Premier ministre ne lui donne pas de gage quant au respect de l'échéance de juin 2014. Il tape du poing sur la table. Il prend les choses en main, sommes-nous tentés de dire. En effet, il exige que désormais, un rapport mensuel sur l'avancée des travaux lui soit fourni. On le comprend. Juin 2014 n'est plus loin ; avec à l'horizon, l'année électorale 2015 !
Mais le représentant du groupement d'entreprises, Georges Fadoul, n'est pas aussi inquiet que l'ancien Premier ministre Tiao. Selon lui, le délai sera respecté. « Des lampadaires ont même été installés pour permettre de travailler la nuit et accélérer ainsi la cadence », rassure-t-il. De retour sur le chantier le vendredi 19 juillet 2013, l'ex-Premier ministre Luc Adolphe Tiao était plutôt optimiste. « Depuis avril dernier, les travaux avancent (...) Il y a beaucoup de progrès. (...) Mais, nous n'allons pas cesser de mettre la pression pour que la date de juin 2014 pour la mise en eau du barrage soit respectée ». Toutefois, cet optimisme du Premier ministre était tempéré par l'arrêt constaté du déboisement des 13 000 ha du lit du barrage. Avec seulement un taux de réalisation de 17 %, alors que la fin de cette opération était fixée à avril 2014.
Ainsi, cet important chantier semble être un "serpent sans tête ni queue". La date prévue pour la mise en eau du barrage est derrière nous. Et l'on se demande à quand le bout du tunnel !
Aly KONATE
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