« Nous avons préféré que cette conférence de presse soit une occasion de lancement d'un nouveau produit ou d'une nouvelle activité, mais hélas. Il s'agit là de faire le point de l'arrêt des activités à la BRAKINA/SODIBO », nous a accueillis Marc Pozmentier, directeur général de la BRAKINA/SODIBO, dans une salle de conférence de l'hôtel Silmandé, le vendredi 27 mars 2015.
Au cours de la conférence de presse, il a été porté à la connaissance des journalistes les raisons et désagréments liés à l'arrêt des activités de la BRAKINA, depuis le mardi 24 mars 2015. En effet, depuis cette date, les travailleurs de l'usine BRAKINA observent un mot d'ordre de grève illimité relatif à leur plateforme revendicative transmise à leur direction. C'est dans ce contexte de tractation entre travailleurs et direction générale que les responsables de l'usine, lors du point de presse, ont laissé entendre que l'arrêt de travail, depuis le 24 mars dernier, a occasionné des pertes financières consubstantielles aussi bien à l'entreprise qu'à l'Etat burkinabè. « L'usine perd environ 500 à 600 millions de chiffres d'affaires par jour. Et c'est environ 150 à 200 millions de F CFA de taxes qui ne sont pas versées à l'Etat, chaque jour », a souligné Marc Pozmentier.
Un calcul rapidement réalisé laisse entrevoir des pertes totales d'environ de 2 milliards 400 millions de F CFA pour l'entreprise et 800 millions de F CFA pour l'Etat burkinabè, durant les 4 jours de grève. Il a, par ailleurs, saisi l'occasion pour montrer que l'arrêt des travaux a également occasionné la fermeture de certaines caves, l'arrêt de travail de leurs partenaires grossistes et des chauffeurs. « Bientôt il y aura une pénurie des produits de a BRAKINA », a-t-il ajouté. A la question de savoir ce qui pourrait être fait pour désamorcer la crise, Marc Pozmentier, a indiqué ne pas disposer de solutions appropriées, dans la mesure où aux dernières nouvelles, ils ont reçu l'interdiction formelle d'accéder aux locaux de l'entreprise. A les en croire, les travailleurs ont pris l'usine en otage.
« Depuis ce matin (Ndlr ; vendredi 27 mars), nous avons même eu l'interdiction d'accéder aux bureaux. C'est-à-dire qu'on se retrouve dans un lieu sans loi, au niveau de Kossodo et du site de BRAKINA », s'est indigné Marc Pozmentier, qui a dit souhaiter la libération des locaux de l'usine avant toute discussion avec les travailleurs.
« Les licenciements sont à la discrétion du Conseil d'administration »
Devant la gravité de la situation, les responsables de la BRAKINA ont souligné l'urgence de reprendre incessamment les activités. Par contre, ils ont dit que « le scénario catastrophe » relatif à un éventuel licenciement ne peut être pris à leur niveau. « De toutes les façons, les licenciements sont à la discrétion du Conseil d'administration », a tenu à expliquer Marc Pozmentier aux journalistes. Qu'exigent concrètement les travailleurs de la BRAKINA/SODIBO ? En guise de réponse à cette question, le directeur de l'usine a préféré dérouler la genèse des événements.
« Cette grève est la suitede celle qui a été à l'origine des mouvements le janvier dernier. Celle-ci avait fait l'objet de rencontre au niveau de la direction générale du Travail. Une partie avait été soldée par une conciliation totale entre les deux parties et une autre qui a fait l'objet de Procès-verbal de non conciliation ». Il a poursuivi : « Comme le dit le droit du travail au Burkina Faso, une fois que le PV de non conciliation est signé entre 2 parties, ledit PV est remis à un conseil d'arbitrage pour l'évolution du dossier. Force est de constater que les travailleurs n'ont pas souhaité attendre la mise en place de ce conseil d'arbitrage qui est également en cours d'élaboration au niveau de la Direction générale du Travail ». Par ailleurs, il a souligné que la revendication d'augmentation de salaire à 80% par les grévistes sera difficilement accordée.
« Il y a déjà eu 6,5% qui ont été accordés depuis le mois de mars 2014 et une proposition complémentaire de 6% a été faite, le 11 février dernier, mais rejetée par l'ensemble des délégués. Le tout fait 12,5% ». A la question de savoir la suite à tenir, Marc Pozmentier a indiqué vouloir espérer l'intervention des autorités pour éviter la « catastrophe ».
Par Lassané SAWADOGO