Grève à la Brakina : Vers une fermeture des usines de Ouaga et de Bobo

| 27.03.2015
Réagir
Grève à la Brakina : Vers une fermeture des usines de Ouaga et de Bobo
© © Photo : DR
Grève à la Brakina : Vers une fermeture des usines de Ouaga et de Bobo
Jeudi 26 mars 2015. Il est 11 heures 20 minutes sur le site de l'usine des Brasseries du Burkina (Brakina), sise à Kossodo à la zone industrielle de Ouagadougou. C'est une impressionnante file de camions en stationnement et chargés de caisses vides qui donne les premiers signaux de la grève des travailleurs de l'usine. Depuis mardi, les machines sont à l'arrêt; il n'y a donc plus de production, ni d'embouteillage à Brakina. «Nous sommes venus ici pour nous approvisionner en boissons, mais, les travailleurs sont en grève, alors mon patron m'a demandé d'attendre sur place», nous confie un jeune camionneur, employé d'une cave basée à Ouagadougou. Plus loin, et à quelques mètres de la première porte d'entrée de l'usine, sont regroupés quelques travailleurs en grève. Certains d'entre eux ont trouvé un confort ombrageux sous les gros camions en stationnement, pour jouer au damier ou au ludo. Un minibus de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) est stationné juste à l'entrée de l'usine, de sorte à en empêcher l'accès. Quelques policiers filtrent les entrées des visiteurs après vérification de leurs identités. L'atmosphère est donc lourde et les travailleurs de la Brakina maintiennent le bras de fer avec leur employeur.


Et cette fois-ci, la grève est illimitée, selon le secrétaire général du syndicat national des travailleurs des brasseries, section Ouagadougou. Ollo Marc Kambou explique qu'il s'agit d'obtenir la satisfaction des quatre points essentiels de la même plateforme revendicative qui avait fait l'objet de la grève de janvier: Le relèvement des salaires de l'ensemble des travailleurs de Brakina/Sodibo; la régularisation de la situation des travailleurs licenciés en 1994 et en 2004; la reprise des négociations de la convention d'établissement Brakina/Sodibo; et la reconsidération des conditions de travail et du dispositif sécuritaire.

Depuis la grève de janvier 2015 à aujourd'hui, rien n'aurait véritablement bougé dans le sens de la satisfaction de ces revendications, à en croire le représentant des grévistes. Pour ce qui concerne la revendication relative à l'augmentation des salaires de l'ordre de 100%, Ollo Marc Kambou nous confie que lors d'une réunion tenue le 11 février 2015, la direction générale de la Brakina s'était engagée à accepter une augmentation de 6%. Et cette proposition a été très vite rejetée par les travailleurs qui se disent prêts à accepter une augmentation de l'ordre de 80%.«Sur cette proposition, la direction générale a coupé court en prononçant la levée de la réunion»,explique le SG du syndicat des travailleurs des brasseries.

De son côté, la direction générale de la Brakina dénonce une «grève sans préavis avec occupation des lieux». Pour Marc Pozmentier, les délégués des travailleurs ont rejeté les accords passés avec la direction générale en janvier alors que la procédure est toujours en cours. «De janvier à aujourd'hui, nous avons formulé plusieurs propositions qui ont été rejetées par les travailleurs», regrette-t-il.Pour lui, il y a eu de nouvelles revendications de la part des travailleurs et dont le but est de perturber le fonctionnement normal de l'entreprise. Des travailleurs non grévistes qui voudraient bien occuper leurs postes sont empêchés de le faire, explique le directeur général qui dénonce ici un manquement grave à la loi régissant le travail du Burkina Faso.

Une sérieuse pénurie en perspectives...

Depuis le déclenchement de cette grève intervenue mardi dernier, le dialogue est rompu entre les travailleurs et l'employeur qui sont loin d'un point d'accord. «Comment peut-on dialoguer avec des gens qui refusent même le principe du dialogue?», s'interroge le DG de la Brakina pour qui la situation actuelle de la société est «délicate». Et il va plus loin pour dire qu'il y a un risque sérieux de fermeture des usines de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso si une telle situation perdure.

Cet arrêt de travail à la Brakina représente par jour 150 à 200 millions de francs en moins dans les caisses de l'Etat au titre des taxes, selon les estimations de Marc Pozmentier qui scrute du côté des autorités à la recherche de solutions à cette situation. «Nous avons déjà informé tous les ministères concernés», nous confie-t-il.

En attendant, c'est le «silence-machine» aux Brasseries du Burkina. Et on est bien parti pour une pénurie des produits de la Brakina. Les travailleurs eux-mêmes reconnaissent en effet que la boisson va bientôt manquer sur le marché burkinabè, «mais ça ne sera pas de notre faute», se justifie Ollo Marc Kambou. L'assèchement a déjà gagné plusieurs caves dans la ville de Ouagadougou à en croire les confidences du directeur général de la Brakina, qui dit avoir tout fait pour aboutir à un retour à la normale à la Brakina, mais en vain! Affaire à suivre!

Par D. Justin SOME

Publicité Publicité

Commentaires

Publicité Publicité