Véhicules de livraison stationnés devant l'usine, les travailleurs rassemblés devant l'entrée principale empêchent d'accéder à l'usine par un fil, tel est le constat, le vendredi 27 mars 2015, à 13h30, à la Brasserie du Burkina Faso. Abrités à l'ombre des véhicules en solitaire ou en groupe, au vu de notre véhicule de reportage, ils s'attroupent immédiatement et invitent leur délégué, à nous expliquer les motifs de la grève. «Aucune bouteille ne sort aujourd'hui, c'est nous qui produisons les richesses, donc nous avons droit à de meilleurs conditions», s'est exclamé, le délégué du Syndicat national des travailleurs des brasseries (SYNTB), Elie Tarpaga. Et d'ajouter : « Après le 5 jours de grèves en janvier, les travailleurs ont repris service depuis le 29 janvier dernier pour donner du temps à la direction générale de BAKINA/SODIBO, de réfléchir et de répondre à leurs préoccupations. En lieu et place de cela, nous assistons à des menaces, des harcèlements concernant les heures supplémentaires (...)», s'est offusqué, ce dernier. Selon Elie Tarpaga, la direction a outrepassé leur droit en tant que travailleur en instaurant des heures supplémentaires sans nous consulter, et «en adoptant des mesures anti-travailleurs. Pour nous réduire en esclavage. Voilà pourquoi, les travailleurs ont dit trop c'est trop et depuis mardi on a arrêté de travailler pour se faire écouter» a-t-il expliqué.
En ce qui concerne les menaces, M. Tarpaga a confié que lorsqu' un travailleur, qui n'est pas tenu de faire des heures supplémentaire, ne le fait pas, il reçoit des menaces de licenciement. Est-ce que vous avez rencontré, le patronat depuis le début du sit-in, le mardi dernier ? «La direction générale du travail a convoqué les deux parties hier (NDLR : le jeudi 26 mars), mais notre employeur n'a pas répondu présent. Et, on nous accuse d'être ceux qui refusent le dialogue (...)», s'est indigné M. Tarpaga. Il a également ajouté que la société gagne 500 millions de F CFA par jour de travail et que 12 jours de travail, représente le salaire annuel des travailleurs soit 6 milliards de F CFA. Au regard de cette situation, la hausse de 100% est possible. Dans la soirée, la direction générale de la BRAKINA a tenu une conférence de presse sur la crise qui mine l'entreprise. Le directeur général de la BRAKINA, Marc Pozmentier, a d'entrée de jeu expliqué que l'arrêt de travail a été observé sans préavis. Pour lui, le sit-in des travailleurs est une surprise pour la direction générale puisque les deux parties se sont engagés à discuter de façon à trouver un terrain d'entende. Il a souligné que le 11 février dernier, lors des discutions, le syndicat a refusé toute proposition en-deçà de 80% d'augmentation de salaire alors que la direction générale leur proposait 12,5%. Avec cette crise à combien sont estimées les pertes journalières de la BRANINA. A cette question, M. Pozmentier a répondu : «on estime entre 500 et 600 millions de F CFA perdus par jour». Pourquoi, n'aviez-vous pas répondu à la convocation de la direction générale du travail ? «Il n'est pas question de discuter avec des gens qui prennent en otage notre outil de travail et refusent aux autres d'accéder à leur poste de travail. C'est ce que nous avons expliqué à la DGT, le jeudi dernier par voie de courrier», a déclaré M. Pozmentier. En en croire ce dernier, le salaire le plus bas à la BRAKINA dépasse 160 000 F CFA par mois et que l'augmentation de 100% n'est pas du tout envisageable, ni raisonnable.
J. Benjamine KABORE
(Stagiaire)