Union nationale des producteurs de coton du Burkina : voici la « mauvaise gestion » qu’on reproche à Karim Traoré

| 26.03.2015
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Karim Traoré - Président de l'Union nationale des producteurs de coton du Burkina (UNPC-B)
© DR / Autre Presse
Karim Traoré - Président de l'Union nationale des producteurs de coton du Burkina (UNPC-B)
La tension est vive à l'Union nationale des producteurs de coton du Burkina (UNPC-B). Et ce, depuis ce 13 décembre 2014 lorsque, réunis au Centre Abel Sanou à Bobo, des producteurs ont dénoncé ce qu'ils considèrent comme une « mauvaise gestion » de leurs cotisations. Les faits.


Le 13 janvier 2015, des producteurs de coton venus de plusieurs provinces ont marché, couru pour les uns, dans les rues de Bobo-Dioulasso pour désavouer la gestion jugée « mauvaise » de leur président Karim Traoré. Dans la déclaration remise ce jour au Secrétaire général, représentant le gouverneur de la région des Hauts-Bassins, les « marcheurs » soutiennent que « nous, producteurs de coton venus des provinces des Balés, des Banwa, du Mouhoun, de la Kossi, du Nayala, du Tuy, de la Comoé, du Kénédougou, de la Léraba, du Sanguié, du Houet, du Ziro, du Ioba, de la Bougouriba et du Poni, réunis ce jour 13 janvier 2015 au siège de l'UNPCB, réaffirmons la légitimité de notre lutte qui n'a rien à voir avec un problème ethniciste tel que mentionné dans le rapport de la DGFOMER ».

En effet, les producteurs dénoncent un rapport de la Direction générale du foncier, de la formation et de l'organisation du monde rural dont les propositions « ne sont pas de nature à contribuer à une résolution idoine et durable de la crise ».

Aussi, « nous portons à la connaissance du gouvernement, de la société civile, de la presse et de l'ensemble du peuple burkinabè les preuves de malversations ci-dessous mentionnées :

Le détournement de 20 000 000 de FCFA comme frais de commercialisation de maïs en date du 19/08/2013 ;

Le détournement de 35 000 000 de FCFA en date du 19/12/2013 comme frais de commercialisation maïs ;

Le détournement de 10 000 000 de FCFA comme contribution pour la résolution de la crise entre les producteurs de coton et les sociétés cotonnières aux autorités notables et coutumières en date du 07/06/2011 ;

La falsification des factures relatives à la confection de 39 000 Tee-Shirts au profit du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) d'un montant de 56 250 000 FCFA

Des sorties illicites d'argent (5 130 000 FCFA) au profit du ministère de l'Agriculture et des SG des ministères de l'Agriculture et de l'Economie et des Finances ;

Les 5 000 000 de FCFA utilisés pour le financement de son tournoi de football à Ouarkoye ont été puisés dans la caisse des pauvres producteurs ;

En outre, les producteurs frondeurs dénoncent « l'achat de parcelles à hauteur de 270 000 000 de FCFA sans l'aval de l'Assemblée générale portant ainsi atteinte à la crédibilité de la structure et à notre profession ». Aussi, se sont-ils rendus au siège de leur faîtière où ils ont demandé et obtenu que la porte soit scellée.

Le lendemain 14 janvier, avec le soutien de membres du comité de gestion et d'autres producteurs, Karim Traoré réinvestit les lieux et tient une conférence de presse au cours de laquelle il nie tout. Allant jusqu'à qualifier d'allégations les éléments apportés par les frondeurs. Interpellés par les journalistes, il dit attendre de recevoir officiellement les documents comptables qui l'incriminent.

Coup de théâtre. Le lendemain 15 janvier, le journal en ligne Lefaso.net publie : « Je soussigné, Karim Traoré, CNIB N°B6310223 du 13/03/2012, ONI Ouaga, reconnais avoir établi les documents comptables ci-après :

- ordre de paiement du 24 juillet 2014, accompagné d'une pièce de caisse dépense d'une valeur de quatre millions (4 000 000) de FCFA avec le motif libellé « contribution aux frais de carburant des SG/MEF et MASA » ;

- chèque Ecobank N°0157393 du 25 /06/2013, du compte N°BF083-00024-141714903801-39 de l'Union nationale des producteurs de coton d'un montant d'un million cent trente mille (1 130 000 FCFA) accompagné de pièce de caisse dépense du 25/06/2013 du même montant avec le libellé « contribution aux frais de carburant du ministère de l'Agriculture et de la Sécurité alimentaire ;

- ordre de virement du 06 juin 2014 accompagné de pièce de caisse dépense 06/06/2014 d'une valeur de cinq cent mille (500 000) FCFA avec le motif libellé « contribution aux frais de carburant du Secrétaire général du ministère de l'Economie et des Finances ».

« Je reconnais avoir touché ces montants et les avoir utilisés en ma qualité de président de l'UNPC-B. Par conséquent, je déclare...que les Secrétaires généraux du MEF et du MASA n'ont été mêlés ni de près ni de loin à l'établissement desdites pièces ». « En outre, je reconnais que je n'ai remis aucun franc aux Secrétaires généraux du MEF et du MASA dont les titres utilisés comme motif m'ont permis de toucher les sommes ci-dessus mentionnées ».

Qu'on le veuille ou non, ces aveux de celui qui niait seulement la veille viennent renforcer la lutte des producteurs frondeurs. Des négociations s'ouvrent avec le gouverneur de la région. Mais, la consigne semble avoir été donnée : rien ne doit filtrer jusqu'à ce que...

Voyant leur lutte inachevée, les frondeurs décident de taper à toutes les portes. C'est ainsi qu'ils auront une rencontre avec Madame la Procureure du Faso, près le tribunal de grande instance de Bobo-Dioulasso. Pour l'instant, « ces rencontres n'ont pas produit les effets que nous attendions ». Puisque Karim Traoré est toujours en place alors qu'ils avaient « dissout le conseil de gestion qu'il dirige, mis en place un bureau de transition pour conduire les affaires courantes jusqu'à de nouvelles élections ». Puis plus rien. Les tractations n'ont pas abouti puisque Karim Traoré est resté en place.

Ce mardi 24 mars, ils ont de nouveau revenu à la charge en investissant le siège de leur Union avec pour mot d'ordre, le départ de Karim Traoré ou rien. Une course-poursuite s'engage entre eux et les forces de l'ordre durant une bonne partie de la journée.

Séri Aymard BOGNINI

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