Des masses de patates douces versées pêle-mêle sur tout l’espace de l’entrée Est du marché des fruits et légumes de Bobo-Dioulasso. Devant certains tas, sont regroupés des hommes et des femmes, qui chargent de longs et lourds sacs. D’autres tas cependant sont couverts de bâches ou de feuilles de patate douce contre le soleil. Moïse Sondé Traoré, qui travaille dans le domaine depuis 2003, y tire principalement son revenu vital. " Les villages de Sokouraba et de Samogohiri sont les premières localités qui nous livrent le produit autour du mois d’octobre. Après nous partons à Banzon, Sikorla, Kôkôrô et N’ganan. Le chargement nous coûte entre 300 000 et 400 000 FCFA au début. Présentement, le chargement de 7 tonnes en patates douces fond blanc est à 525 000 FCFA ", explique Moïse Traoré. Bamba Banworo et Alphonse Sanou, tous des grossistes de la patates douces, qu’ont tenu les mêmes explications faites par Moïse. Le marché est sans organisation. Les fournisseurs et les acheteurs s’entendent du prix qui varie en fonction sur le prix de revient global de la marchandise. Ni les acheteurs au bord des champs, encore moins les producteurs eux-mêmes n’ont une structure représentative. Sur le marché, aucune présence de l’administration (pas accompagnement en infrastructures). Un des soucis majeurs du marché est la protection des ressources contre le soleil. " Voyez-vous mêmes, nous sommes sous le soleil toute la durée de la campagne. Beaucoup d’acteurs subissent des pertes à cause du soleil, qui fait pourrir beaucoup de nos marchandises ", confie Bamba Banworo.
Nécessité d’organiser le secteur
Les villes de Kaya, de Dori, et bien d’autres sont des localités servies par le marché de Bobo. Des pays frontaliers comme le Mali, sont des débouchés pour de la patate douce de Bobo. La question de pourriture des produits joue sur les gains des acteurs. Zonnon Mariétou, exportatrice de la patate douce vers le Mali, regrette le fait qu’il n’y ont pas un regard conséquent sur le secteur. " Je suis dans l’exportation de la patate, il y a de cela trois ans. Seulement, nous ne sentons pas un accompagnement des autorités. Nous pouvons faire 3 à 5 jours en cours de route. Si par malheur, le produit est mis dans des sacs après que le soleil ait bien tapé ça, nous enregistrons beaucoup de pertes. Si le prix du gasoil pouvait connaître une baisse, pour que le transport soit plus supportable, cela allait nous aider. Depuis trois ans, je ne vis que de cette activité et je ne suis pas la seule à le faire ", témoigne Mariétou Zonnon.
Des nombreuses jeunes filles et de jeunes garçons reconnaissent tirer leurs revenus du travail sur le marché de la patate douce. Mais, le manque d’organisation est pour eux une insécurité car leur gain dépend entièrement de l’humeur et surtout du bénéfice encaissé par les acheteurs pour qui ils travaillent. Ce secteur qui est peu connu, et laissé à la seule appréciation des acteurs, contribue pour beaucoup au développement individuel et collectif de nos communautés.
Souro DAO