C'est par la ferme agropastorale de Mme Assétou Koutou, située au secteur n°6 de Dédougou, que le chef du gouvernement burkinabè a entamé sa tournée. La promotrice de cette unité d'embouche a reçu les encouragements du Premier ministre pour son esprit d'initiative et son leadership dans l'élevage. L'activité qu'elle pratique depuis 2008, a été soutenue en 2009 par le Programme d'appui aux filières agrosylvopastorales (PAFASP), et par le Fonds du développement de l'élevage (FODEL) en 2012. En plus de l'embouche, Assétou Koutou s'essaye à la culture fourragère. Cette autre activité, aux dires du directeur provincial des Ressources animales et halieutiques du Mouhoun, permet de récolter annuellement plus de 500 bottes de foin de 15 kg chacune. La promotrice nourrit de grandes ambitions, mais le manque de moyens limite ses actions surtout qu'elle entend se lancer dans l'insémination artificielle grâce au biodigesteur qu'elle a acquis. « Je manque de fonds nécessaires parce que les partenaires ne m'accordent pas un prêt de 2 millions de nos francs », a-t-elle expliqué. Au regard de la volonté affichée de cette dame de lutter contre la pauvreté, le Premier ministre a promis de l'appuyer, ne serait ce qu'avec la moitié de la somme demandée.
Cap a ensuite été mis sur une exploitation rizicole à Moundasso. Aménagée en 2013 sur 17 hectares avec l'appui du Projet d'amélioration de la productivité agricole et de la sécurité alimentaire (PAPSA), cette exploitation dont l'initiative est portée par le groupement des producteurs de riz « Gnogondémè », est au stade montaison. 67% des exploitants sont des femmes.
Bokuy et Bourasso ont émerveillé le Premier ministre
L'exploitation d'Isaïe Yézouma Dakio, a été la troisième étape de la visite du Premier ministre. Ce producteur qualifié de modèle par les techniciens, a émerveillé ses hôtes par la beauté de ses champs. La physionomie des différentes cultures exploitées sur plus de 40 hectares, a fasciné plus d'un. Les céréales, constituées des variétés du maïs Bondofa (1ha), SR21 (4ha), Massongo (2ha) et Espoir (0,5ha) sont tous au stade d'épiaison. Le sorgho kapelga (2ha) et le mil IKMP5 (1,5ha) sont, eux au stade de montaison. Quant au coton qui est emblavé sur 19 hectares dont 14 ha pour le CGM FK95 G3 semences SOFITEX et CGM FK 95R2 semences SOFITEX (5ha), il est au stade de capsulaison. Face à cet exploit et au regard de l'application strict de tous les paquets technologiques par l'agriculteur, Beyon Luc Adolphe Tiao n'a pas caché sa satisfaction : « L'exploitation de Yézouma Isaïe Dakio me frappe également. Nous aimons tenir des discours sur l'opposition entre les cultures de rente et celles vivrières. M. Dakio démontre que les deux peuvent aller ensemble. Il faut encourager les paysans dans ce sens. Il y a aussi le débat autour du coton génétiquement modifié. J'ai pu découvrir et admirer un très beau champ. Nous devons faire confiance à cette technologie et prendre toutes les précautions idoines pour préserver nos sols afin qu'ils ne s'appauvrissent pas ». Selon le producteur, il n'y a pas de secret. « C'est le travail et l'application des consignes des techniciens », a-t-il lâché. Cet homme qui a reçu la reconnaissance de la nation en 2011, a cependant relevé quelques difficultés. Il s'agit entre autres, de l'écoulement de sa production céréalière. De même, l'acquisition d'un tracteur et la maîtrise des technologies culturales demeurent l'une de ses préoccupations du moment. « Cela me permettra d'améliorer mes rendements annuels qui sont évalués à plus de 7 millions de francs CFA », a confié M. Dakio. Pour le Premier ministre, les difficultés d'écoulement des produits auxquels est confronté Isaïe Yézouma Dakio ne sont pas un cas isolé. Il a cependant assuré le producteur que sa « production est déjà vendue à la SONAGESS (Société nationale de gestion des stocks de sécurité, ndlr) ». A Bourasso le Premier ministre et sa délégation ont été édifiés par les champs de Barthélémy Faho.
Un bassin d'irrigation d'appoint fait école
Ce dernier exploite près de 30 ha répartis entre le sorgho, le maïs, le niébé, le coton, la pastèque et le sésame. Il a trouvé l'ingéniosité de réaliser un bassin pour l'irrigation d'appoint de son champ de maïs. « Les eaux de pluie sont recueillies dans ce bassin. En cas de sécheresse, ces eaux permettent d'irriguer le maïs et évitent aux plants un stress hydrique. C'est une technique qui fait école et qui est conseillé au regard des changements climatiques », a expliqué un technicien de la direction provinciale de l'Agriculture de la Kossi. Une technique bien appréciée par Luc Adolphe Tiao. A son avis, l'installation tardive des pluies a une conséquence sur l'état des cultures. « Mais comme c'est le Mouhoun, on peut espérer que dans quelques semaines, avec les pluies que nous avons depuis quelques jours, la saison va s'améliorer. Nous avons visité des exploitations-tests qui nous réconfortent beaucoup. Il n'y a pas meilleure façon de réussir pour les paysans que d'appliquer ce que les techniciens leur recommandent. C'est comme un malade qui, s'il veut guérir, doit suivre le traitement préconisé par son médecin. Il en va de même pour les plantes. Dans l'exploitation de Barthélémy Faho de Bourasso, j'ai vu près de 30ha de céréales qui sont à un niveau excellent. Parce que ce producteur a appliqué les paquets technologiques qui lui ont été recommandés par le ministère en charge de l'Agriculture » a indiqué le chef de l'exécutif burkinabè.
Le suivi de la campagne comme déclic
Autre site, autre satisfaction. A Dembo, village de la commune de Nouna, le Premier ministre a encouragé le travail de Gnissa Konaté, l'homonyme parfait du ministre de la Recherche scientifique et de l'innovation. A 30 ans, ce producteur qui exploite près de 30 hectares de plusieurs cultures, fait la fierté du village et de la jeunesse. La beauté de son exploitation est à admirer. En plus des conseils prodigués et en guise d'encouragement, le Premier ministre a offert une charrue et une charrette aux producteurs des sites visités. Cette volonté d'accompagner les producteurs va sans doute produire un déclic, à en croire certains propos. A Bokuy par exemple, des jeunes ont apprécié la visite du Premier ministre dans le champ d'Isaïe Yézouma Dakio. S'exprimant en langue locale, l'un d'eux a laissé entendre qu'avec cette visite du Premier ministre, il y aura plusieurs Isaïe Yézouma Dakio dans les 5 ans à venir. « Un sursaut d'orgueil s'impose. Recevoir le chef du gouvernement dans son champ est plus qu'un honneur. Qui de nos jours va-t-il craché sur une telle opportunité ? A vrai dire, nous avons d'énormes motifs d'envier Yézouma », a confessé un jeune.
Serge COULIBALY