Il ressort de la déclaration liminaire lue par le Conseiller Seye que ces 43èmes fora ont encore été l’occasion pour les émissaires de la Sofitex d’échanger directement avec les cotonculteurs relevant de sa zone d’intervention, «de porter à leur connaissance les informations relatives à la campagne agricole qui va démarrer mais aussi à donner des éléments de réponses à certaines de leurs préoccupations».
Lors de ces fora, ce sont 21 équipes qui se sont rendues dans 225 lieux de rencontres et ont échangé sans tabou sur les sujets de l’heure avec 20 615 producteurs provenant de 6 043 groupements de producteurs de coton (GPC). Les équipes avaient comme feuille de route un support élaboré par la direction générale.
A la lumière du bilan fait par la direction générale aux journalistes, on peut dire que les rencontres se sont déroulées dans une bonne ambiance et une participation active des producteurs. 1 764 d’entre eux ont pris la parole pour exprimer 5 grandes préoccupations qui sont:
La mise en place dans les meilleurs délais des intrants agricoles;La disponibilité à temps de la semence en quantité et en qualité ainsi que la constitution de stocks tampon de semences dans les villages;La protection du cotonnier contre les parasites qui passe par la disponibilité à temps d’insecticides de bonne qualité et la formation des producteurs dans ce domaine quand on sait que, pour cette saison, c’est 100% de coton conventionnel qui seront emblavés;Les retards de paiements du coton graine par endroits pendant la campagne 2015/2016;Et le prix d’achat du coton graine jugé toujours faible par certains producteurs.
Les émissaires de la Sofitex disent avoir tiré des leçons de ces fora. C’est pourquoi, la direction générale a formulé des recommandations dont leur mise en œuvre concourra à l’amélioration des prestations de services à l’endroit des producteurs afin de les mettre dans des conditions de travail optimales. Sont de celles-là, la mise en place diligente des intrants de qualité en quantité et à bonne date et le paiement dans des délais encore plus brefs des revenus des achats du coton aux producteurs. D’ailleurs, il est prévu la tenue d’une rencontre entre la Sofitex, l’UNPC-B et les partenaires financiers à ce sujet.
Une lettre de mission individuelle a été remise à chaque chef de région cotonnière dont l’évaluation sera faite à la fin de la campagne.
Pour leur part, les cotonculteurs de la zone Sofitex ont réitéré leur engagement de produire à eux seuls 600 000 T de coton graine en fin de campagne 2016/2017. Ils ont montré cette bonne disposition en s’engageant sur 12 000 hectares supplémentaires après l’annonce des prix d’achat du coton graine et les coûts des intrants.
Les journalistes ont, à leur tour, soulevé des points de préoccupation auxquels le Directeur général, Wilfried Yaméogo, et ses collaborateurs ont apporté des réponses. Le 2ème vice-président est également intervenu.
Concernant la crise au sein de l’UNPC-B qui pourrait annihiler l’ardeur de certains producteurs, le DG a répondu que le temps est à l’apaisement de la situation. Les plus hautes autorités se sont saisies du problème et ont élaboré, pour une sortie de crise, une feuille de route dont les principaux points sont en cours de mise en œuvre. Ce sont, la mise en conformité des textes régissant le fonctionnement des organisations paysannes du Burkina en rapport avec les derniers textes de l’OHADA. Ce travail, confié à une commission interministérielle, est en cours.
Le deuxième volet de cette feuille de route est le renouvellement futur des instances de l’UNPC-B. De la base au sommet. Des GPC à l’UNPC-B. La mise en œuvre de ces deux décisions viendra mettre fin à la crise, foi du Wilfried Yaméogo.
Le retour au coton conventionnel qui rime également avec pénibilité du travail et utilisation de grandes quantités d’insecticides a été évoqué pour se demander si cela ne va pas occasionner des désaffections. Pas du tout, a rétorqué le DG qui a évoqué les besoins supplémentaires exprimés en intrants pour emblaver 12 000 hectares. Cela dénote du professionnalisme des producteurs, de leur engagement et de leur détermination à sortir des problèmes que la filière rencontre.
Quant aux retards de paiement du coton graine constatés çà et là, le Directeur général a expliqué que tant que la production de tous les membres d’un GPC n’est pas rentrée à l’usine, il est difficile de payer tous ses producteurs. D’où son appel afin que les récoltes soient faites le plus tôt possible.
Qu’en est-il des discussions avec la firme Bayer sur le rachat de Monsanto avec qui l’AICB est en pourparlers suite au raccourcissement de la longueur de la fibre? La filière cotonnière burkinabè est en partenariat technique avec la seule firme Monsanto. S’il y a des discussions de rachat, a répondu le DG, elles se déroulent ou se dérouleront entre les deux firmes uniquement. «Ce qu’il y a, c’est que nous avons des réclamations financières de 48 milliards avec Monsanto (...) Rachat ou pas, notre interlocuteur à ce jour reste Monsanto...»
Que deviennent les semences de coton OGM dans les mains des producteurs? Lorsqu’un producteur amène son stock, celui-ci est pesé, ramené au niveau du labo pour certifier qu’il s’agit effectivement d’une variété de coton génétiquement modifié. Si c’est le cas, un document est remis au producteur et la quantité stockée. Le producteur est effectivement rétribué selon une règle de trois. C’est, en substance, ce que Wilfried Yaméogo a répondu à la question.
Pour se préparer contre d’éventuelles attaques massives de parasites, la Sofitex a mis sur place des brigades d’interventions prêtes à se déployer là où il le faut. Le matériel est là, les produits de qualité également. Des agents sont sur le terrain pour assurer la formation des producteurs.
Cette année est une année de défi pour l’ensemble de la filière cotonnière et pour un retour au label qualité du coton burkinabè. El Hadj Fofana, le 2ème vice-président de l’UNPC-B qui était au nombre des intervenants, a rassuré sur l’issue d’une bonne campagne si les pluies sont bien réparties dans le temps et l’espace: «Pour nous les producteurs, ce n’est pas une situation nouvelle. Le Burkina avait déjà produit 700 000 T avec le coton conventionnel. Pour nous, CGM ou conventionnel, il n’y a pas d’inquiétude. Nous remercions l’Etat pour avoir toujours pensé à nous en subventionnant le prix des intrants. Tout producteur connait leur prix réel sur le marché. Le bon producteur sait comment s’en sortir (...) Je lance un appel aux producteurs afin de faire de bons rendements.»
Hidogo