Changement à la tête de la direction sectorielle agriculture de l'Afrique de l'Ouest, le Tchad et la Centrafrique au niveau de la Banque mondiale. Simeon Ehui remplace à ce poste Martien Van Nieuwkoop. Ce dernier, après huit ans, quitte la tête de cette direction pour d'autres responsabilités en Asie. Les directeurs sortant et entrant ont séjourné au Burkina du 21 au 23 mai 2015. Ils ont notamment rencontré, au cours de leur séjour, les ministres en charge de l'Agriculture et celui des Ressources animales, le Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS), des partenaires techniques et financiers, des chefs de programmes et projets. Le 23 mai, ils ont constaté sur le terrain quelques réalisations du Programme d'appui aux filières agro-sylvo-pastorales (PAFASP), du Programme de productivité agricole en Afrique de l'Ouest (PPAAO) et du Projet d'amélioration de la productivité agricole et de la sécurité alimentaire (PAPSA). Les deux directeurs , accompagnés de responsables de la Banque mondiale au Burkina, des coordonnateurs des trois projets et d'un responsable de la Fondation Bill et Melinda Gates, ont visité le Centre national de multiplication d'animaux performants (CEMAP) à Loumbila ( 20km de Ouagadougou) , un site de cordon pierreux dans le village de Wapassi (commune rurale de Saaba) et des fosses fumières toujours dans le même village ( 40 km de Ouagadougou). Le PAFASP, le PPAAO et le PAPSA sont mis en œuvre par l'Etat burkinabè avec le soutien technique et financier de la Banque mondiale. Au CEMAP, l'appui du PAFASP et du PPAAO a notamment permis au centre de s'équiper d'un générateur d'azote liquide, d'un tank de stockage de l'azote liquide, des équipements pour l'insémination artificielle, d'un abri pour les animaux et d'importer du Niger 37 bovins de races améliorées Azawak et Goudali. « Les projets PAFASP et PPAAO nous soutiennent dans nos actions d'amélioration génétique afin qu'on rende disponibles des gènes améliorateurs au profit des producteurs sur le terrain », s'est félicité la directrice du CEMAP, Diara Kocty. La grosse difficulté à laquelle le centre est confronté reste celle liée à l'alimentation des animaux. Pour tenter d'y remédier, le CEMAP a adopté des techniques de production durable des ressources fourragères notamment la production du cactus et du panicum. L'expertise du CEMAP est reconnue dans la sous-région et le centre reçoit régulièrement des agents d'autres pays qui viennent renforcer leurs connaissances.
Des cordons pierreux pour freiner la vitesse des eaux de ruissellement
Sur le site de Wapassi, dans la commune rurale de Saaba, des cordons pierreux et des fosses fumières, réalisés par le Projet d'amélioration de la productivité agricole et de la sécurité alimentaire (PAPSA), ont été visités. Les cordons pierreux couvrent une superficie de 20 hectares. Leur objectif est de freiner la vitesse des eaux de ruissellement en nappes, d'infiltrer au maximum ces eaux dans le sol et d'évacuer les excédents qui ne peuvent pas s'infiltrer. Les fosses fumières permettent de produire de la fumière organique de qualité et à moindre coût. « Avant, nous produisions par exemple deux assiettées de céréales dans nos champs. Avec les projets PAPSA, nous sommes passés à 40 assiettées. Nous remercions le PAPSA et souhaitons que d'autres villages bénéficient du même projet », plaide le représentant des populations, Boukary Ouédraogo, tout en soulignant le problème d'eau auquel le village est confronté. « Le village n'a qu'un seul forage. Nous souhaitons produire la fumure trois fois dans l'année. Mais faute d'eau, nous ne pouvons qu'assurer une seule production l'an ». Le nouveau directeur, Simeon Ehui, a encouragé les producteurs à continuer dans cet élan. Il a laissé entendre que des réflexions sont en cours pour tenter d'apporter une solution durable aux problèmes récurrents de manque d'eau. Le Programme d'appui aux filières agro-sylvo-pastorales a été mis en place en 2007. Son objectif est d'accroître la compétitivité des filières ciblées (mangue, oignon, bétail/viande et volaille locale) sur les marchés nationaux, sous régionaux et internationaux en vue de contribuer à une croissance agricole partagée. Le programme a financé 3070 microprojets sur les 2500 attendus en fin 2014. Au vu des résultats satisfaisants, la Banque mondiale lui a accordé un financement additionnel de 24,5 milliards de francs CFA pour la période allant du 1er juillet 2014 au 30 juin 2016. Le Programme de productivité agricole en Afrique de l'Ouest (PPAAO-Burkina Faso) est un programme de dix ans exécuté en deux phases de cinq ans. Son objectif est de contribuer à l'amélioration de la productivité agricole tout en favorisant l'intégration régionale. Sa phase actuelle (2011-2016) a un coût global de 11,680 milliards F CFA. Quant au Projet d'amélioration de la productivité agricole et de la sécurité alimentaire (PAPSA), qui bénéficie comme le PAFASP d'un financement additionnel (37 196 700 000 FCFA pour la période octobre 2014- juin 2018), il a pour objectif d'améliorer les capacités des petits producteurs à accroître leurs productions vivrières et à assurer une plus grande disponibilité de ces produits sur les marchés nationaux.
-Gaspard BAYALA
Adama SAWADOGO