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Koffi Annan à la rencontre des paysans du Burkina
Koffi Annan, président du conseil d’administration de l’Alliance pour la révolution verte en Afrique (AGRA), a visité le Burkina Faso les mardi 29 et mercredi 30 juillet 2014, pour échanger avec les autorités sur le développement de l’agriculture et surtout pour rencontrer les producteurs soutenus par plusieurs projets d’AGRA.
Après une entrevue avec le président du Faso, Blaise Compaoré dès son arrivée à Ouagadougou, l’ex-secrétaire général de l’ONU et son épouse Nane se sont allés le mercredi 30 juillet à Nagréongo (35 km à l’Est de Ouagadougou) rencontrer les paysans et les réalisations concrètes du projet AGRA-microdose. Il a aussi visité l’université de Ouagadougou où des étudiants bénéficiaires de bourses offertes par l’Alliance pour la révolution verte en Afrique (AGRA), suivent une formation en amélioration des semences et des plantes.
Nagréongo est un petit village de 27500 habitants, vivant principalement de l’agriculture. C’est aussi l’un des cinq sites de la province d’Oubritenga qui bénéficient du projet AGRA-Microdose.
La microdose permet d’accroitre la productivité agricole par l’utilisation de petite quantité d’engrais minérale. En vue de lutter contre la faim et la pauvreté au sein des petits producteurs, AGRA soutient sa vulgarisation.Outre la formation à la technique de microdosage, le projet facilite l’accès aux crédits et sécurise les récoltes par le système de warrantage. Il a aussi soutenu l’ouverture d’un «drug store» ou boutique d’intrants.
Sur place, l’ex-secrétaire général de l’ONU a visité un magasin de stockage des récoltes collectées à travers le warrantage. Malgré le déstockage pour faire face à la saison pluvieuse, plus de 30 sacs de 100 kg de récoltes diverses, sont encore disponibles dans le magasin de Manegrétenga.
Kofi Annan a ensuite rencontré des producteurs, heureux d’avoir bénéficié du soutien du projet. «Avec le projet microdose, on travaille moins et on gagne plus», a déclaré le délégué des producteurs, Mahamoudou Sinaré. Selon lui, la récolte à l’hectare a doublé grâce à l’utilisation de la microdose. La déléguée des femmes, Agnès Compaoré, s’est réjouie du système de warrantage qui leur évite les bradages, les périodes de disette et leur permet de jouir équitablement du fruit de leur labeur.
La science, une épée contre la faim
Pour sa part, M. Annan s’est dit ravie d’avoir partagé l’expérience concrète du projet Agra-microdose avec les paysans. «Je suis encouragé par le travail qui est fait ici. On peut se nourrir et aider à nourrir le monde entier», a-t-il dit. «Je suis heureux que vous ayez suffisamment à manger et surtout qu’il y ait la paix entre vous», a-t-il ajouté. Il a aussi rappelé la nécessité d’impliquer davantage les femmes et d’éviter le travail des enfants.
Son épouse a encouragé particulièrement les femmes et leur a souhaité «un bel avenir». Auparavant, le couple a assisté à la démonstration de l’enfouissement d’engrais micro-dosé grâce à un «applicateur» conçu par Dr Albert Barro, agromachiniste à l’INERA. Cet outil permet d’enfouir l’engrais en un temps record, soit 3 heures à l’hectare, contre 30 heures si l’enfouissement est manuel.
De retour vers la capitale, le président de AGRA a rencontré, à l’université de Ouagadougou les étudiants qui s’intéressent à l’amélioration des semences et des plantes et dont certains sont bénéficiaires de bourses offertes par AGRA.
«L’Agriculture de l’Afrique est dans vos mains. La science sera la solution pour les producteurs, afin qu’ils travaillent avec facilité et qu’ils accroissent la production», a-t-il dit aux étudiants-chercheurs provenant du Sénégal, du Niger, du Bénin du Mali et du Burkina Faso.
Il a promis de «faire un rapport» pour permettre à la formation des étudiants de se poursuivre sans souci, car jusque-là, AGRA accorde des bourses à une promotion sur deux. «Il faut aller de l’avant, l’Afrique compte sur vous», a lancé M. Annan aux étudiants.
7 milliards d’investissements en 7 ans
Outre l’Oubritenga, le projet Agra-microdose est implanté au Boulgou, au Nahouri, au Kourittenga, à l’Oubritenga et Ziro avec des extensions au Sanguié, au Boulkiemdé et au Gourma. Selon son coordonnateur, Jean-Baptiste Taonda, ce projet profite à au moins 130 000 ménages agricoles, leur permettant d’accroître de 50% la production du mil, du sorgho, du maïs et du niébé.
Cette technique critiquée parce qu’elle utilise de l’engrais minéral qui ne conviendrait pas au sol sahélien. Elle est néanmoins expérimentée et validée par plusieurs instituts de recherche en collaboration avec le Centre sahélien et Niamey (ICRISAT). Au Burkina, le projet microdose est coordonné par l’INERA et sa mise en œuvre par les ONG Hunger project et le Réseau pour le développement pour la promotion des méthodes actives de recherche et de planification participative (MARP).
En dehors du projet, AGRA a lancé le 25 avril 2014, le projet BRICOP, pour soutenir à hauteur de 4 millions USD (600 millions FCFA) les petits producteurs de riz du Houet et du Kénédougou. Elle participe aussi à la formation et à la recherche au Burkina Faso. En somme, AGRA a investi depuis 2007, 14 millions USD, soit 7 milliards de FCFA.
Koffi Annan est donc venu toucher du doigt les différentes réalisations et discuter directement avec les principaux bénéficiaires. Il a aussi rencontré le président du Faso, car il se pourrait que le Pays des hommes intègres bénéficie d’une concentration d’aide de AGRA. Il a planté un caïlcédra à Nagréongo, et l’on espère qu’il grandira, à la hauteur du soutien qu’il apportera au Burkina Faso à l’avenir.
Aimé Mouor KAMBIRE