Tenue dans un contexte d'austérité, la 18ème Journée nationale du paysan (JNP) a connu son apothéose le samedi 25 avril 2015 avec les échanges directs entre le président de la Transition, Michel Kafando, et les 1500 acteurs du monde rural venus des 45 provinces du pays. «Le gouvernement a tenu à ce que cette édition soit organisée cette année en dépit des problèmes que nous connaissons pour vous montrer l'importance que nous attachons au monde rural, à vos activités que nous reconnaissons comme étant le moteur essentiel du développement du Burkina. Et le gouvernement ici présent tâchera d'apporter sa contribution afin de parvenir à un programme consensuel qui puisse être bénéfique, et au monde rural, et au gouvernement car c'est vous qui représentez le pays réel et la substance fondamentale de l'avenir du Burkina Faso». Tels ont été les premiers mots du président du Faso Michel Kafando, à l'introduction des échanges avec les paysans qui ont fait le déplacement de Dédougou. Sans langue de bois, les représentants des paysans ont partagé leurs préoccupations avec le chef de l'Etat en vue de trouver des solutions à même de s'épanouir dans l'exercice de leur métier. Des préoccupations qui se résument aux problèmes d'accès aux intrants et aux équipements agricoles, de la sécurisation foncière, de l'accès aux sources de financement, de changement climatique, aux conflits entre éleveurs-agriculteurs et des crises au sein des organisations paysannes. En vue de l'accroissement de la productivité des exploitations familiales, les paysans ont sollicité du gouvernement l'adoption d'une loi d'orientation agricole assortie d'un statut du paysan, la fixation d'un prix minimum garanti pour certaines spéculations afin d'éviter les bradages des produits issus des exploitations familiales. Ils sollicitent également du gouvernement la mise en place d'une banque agricole et le transfert intégral de l'organisation de la JNP aux paysans. «Nous réaffirmons notre volonté d'avoir la responsabilité totale de l'organisation de la JNP pour une journée des paysans, pour les paysans, par les paysans, avec les paysans en faveur des paysans. Nous souhaitons donc le transfert entier de la JNP dès la 19ème édition afin de nous permettre de mieux discuter des problèmes que nous vivons et proposer des solutions réalistes et réalisables que nous porterons à la connaissances des hautes autorités sans aucune censure», a martelé le président de la Confédération paysanne du Faso, Bassiaka Dao.
Le gouvernement réaffirme son soutien au monde rural
Pour jouer leur partition face aux difficultés du monde rural, les paysans se sont engagés à accroître les productivités agricoles dans tous les domaines, à protéger l'environnement par la reforestation, à la protection des berges des cours d'eau et la sensibilisation des producteurs des 13 régions aux innovations technologiques agricoles. En réponse aux doléances, le chef de l'Etat et son gouvernement ont rassuré les acteurs du soutien de l'exécutif pour le secteur agricole. Ainsi, au sujet du prix minimum garanti, le Premier ministre Yacouba Isaac Zida émet des réserves sur la faisabilité dans un contexte de libre marché et de concurrence. «La préoccupation sur le prix minimum garanti est une mesure qui est possible mais ne perdons pas de vue que nous sommes dans un monde de concurrence. Si nous fixons un prix planché et que nous faussons le jeu de l'offre et de la demande, nous allons être confrontés à des difficultés. Cette question mérite d'être bien examinée avec beaucoup de soins», a indiqué le Premier ministre. Pour les autres préoccupations des acteurs de l'agriculture, le gouvernement dans la mesure du possible s'est engagé à les examiner avec la plus grande attention. Il s'agit du mécanisme de subvention des intrants agricoles où Yacouba Isaac Zida a promis aux producteurs de faire en sorte que cette subvention soit poursuivie. Au sujet de la fixation du prix du coton, le chef du gouvernement a indiqué que le prix du kilogramme du coton ne sera pas en deçà des 220 FCFA. Le gouvernement a réaffirmé son soutien aux producteurs tout en les invitant à mettre fin définitivement aux crises entre éleveurs et agriculteurs, et au sein des organisations paysannes.
Kamélé FAYAMA
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Satisfecit des participants
Michel Kafando, président du Faso : «Je suis pleinement satisfait de cette 18e JNP. Il y a eu une forte mobilisation des paysans, ce qui a permis de faire de cette JNP, un évènement sans précédent. Les échanges avec le monde rural ont été fructueux et se sont soldés par des résultats très significatifs.
L'innovation de l'édition de cette année est que ce sont les paysans eux-mêmes qui ont formulé des recommandations et qui ont pris des engagements. Cela va permettre au gouvernement de les examiner, de voir dans quelle mesure il peut donner satisfaction à l'ensemble des doléances qui ont été formulées».
Charles Sanou, producteur de coton dans la province des Banwa: «Nous sommes satisfaits des échanges directs que nous avons eus avec le président. Nous ne nous attendions pas à la réussite de l'évènement mais les résultats dépassent nos espérances. Maintenant, nous nous attèlerons à réaliser les engagements pris et nous attellerons de voir si le président Kafando et son gouvernement tiendront leurs promesses».
Karim Traoré, président de l'UNPCB : «Je suis satisfait de cette 18e JNP. La filière coton, en particulier l'UNPCB, traverse une crise depuis l'insurrection et la crise a évolué. Avec les conseils qui ont été prodigués ici par les autorités, nous pensons que nous allons pouvoir nous concerter pour que l'entente revienne dans la filière coton. Nos préoccupations sont essentiellement le prix d'achat des intrants et le prix de vente du coton. Nous attendons les mesures que le gouvernement a promises de prendre pour la fixation des prix afin que le Burkina puisse être toujours le leader du domaine dans la sous-région et pour que l'objectif des 800 000 tonnes pour la prochaine campagne puisse être atteint. Nous rassurons l'opinion nationale et internationale que nous allons produire le coton cette année malgré la crise au sein de l'UNPCB. Nous allons tendre la main à ceux qui refusent de produire pour la cohésion et l'entente dans la filière coton.»
Traoré Madou, producteur de riz dans les Cascades : «Les propos du président nous ont rassurés. Je pense qu'il a bien compris nos problèmes et nous espérons qu'il s'investira dans la recherche de solutions. Si nous atteignons la souveraineté alimentaire au Burkina, alors, nous aurons gagné le pari du développement. Avant, on avait beaucoup de difficultés pour avoir de l'engrais mais les différentes mesures prises par le gouvernement ont aplani un peu ces problèmes. Nous avons confiance en Michel Kafando et nous sommes sûrs qu'il fera tout ce qu'il a dit et nous demandons à Dieu de l'aider pour cela».
Propos recueillis par Eliane SOME