Le Programme de productivité agricole en Afrique de l'Ouest (PPAAO) a mis en avant la recherche. L'objectif c'est d'augmenter le rendement, que ce soit dans la production maraichère, fruitière ou céréalière. Dans la station de recherche de Farakoba, l'équipe du PPAAO et son bras financier la Banque mondiale, ont vu trois variétés de tomate en expérimentation. Ces variétés, selon Dr Vianey Tarpaga, sont cultivables en saison pluvieuse et le rendement moyen est de 28 tonnes par hectare. Avec un cycle court de production, la culture de ces variétés va permettre d'avoir de la tomate en toute saison. A Bama, commune rurale située à une trentaine de kilomètres de Bobo-Dioulasso, Dr Oumou Sanou a accueilli la délégation sur son site d'expérimentation de culture d'espèces fourragères irriguées. Elle entend développer deux espèces d'herbes (Panicum maximum et Macroptilium atropurpereum), dont la multiplication va permettre d'avoir du fourrage pour les éleveurs. Elle dit être partie du constat de manque d'aliments pour bétail. Son idée à terme, c'est d'intéresser les producteurs à la culture fourragère. Les deux espèces en expérimentation peuvent être cultivées en saison hivernale comme en temps sèche par irrigation, ce qui va également permettre aux producteurs d'augmenter leurs revenus. Selon Mme Sanou, il est possible de faire six coupes du Panicum maximum, appelé «herbe de Guinée». Le conseiller technique du ministre de l'Agriculture, Robert Ouédraogo a apprécié la recherche de Dr Sanou. «La contrainte majeure au niveau de notre élevage, c'est l'alimentation. Mettre au point des techniques de cultures fourragère viendra solutionner cette difficulté», a-t-il dit.
Entomologie au service de la production
L'augmentation de la production agricole passe également par la lutte contre les espèces ravageuses. Parmi elles, il y a les mouches de fruit qui, selon le professeur Dona Dakouo, peuvent détruire la moitié de la production d'un verger de mangues. Le conseiller technique du ministre de l'Agriculture a renchéri qu'il y a des périodes de l'année où il est impossible d'exporter les mangues à cause des mouches de fruits. Dans le laboratoire de production végétale, pour lutter contre ces insectes, Pr Dakouo a trouvé une technique: élever les mouches, les stériliser les lâcher. Etant donné que la mouche femelle ne s'accouple qu'une seule fois, cette technique va contribuer à réduire l'espèce. Avec son équipe, il a mis en place un dispositif pour permettre la ponte des œufs jusqu'à éclosion. Mais pour l'instant, le professeur n'est pas encore passé à la stérilisation. En attendant, Robert Ouédraogo, conseiller technique du ministre pense que c'est une avancée considérable. «Une fois que nous aurons maîtrisé ce ravageur, nous allons faire un bond important dans l'exportation de la mangue», s'est-il réjoui. Là encore, Dr Georges Kambou a réussi à fabriquer une sarcleuse buteuse. Avec cet outil manuel, le désherbage de planche d'oignon devient facile. Mais sa trouvaille n'est pas encore protégée par l'Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI). Selon Dr Kambou, il lui faut débourser près de 4 millions de F CFA. Mais le représentant de la Banque mondiale à Ouagadougou, Elisée Ouédraogo qui a salué les avancées faites dans les différentes technologies, a fait comprendre que le projet a intégré la vulgarisation des technologies générées. «Il faut que les acteurs prennent les informations nécessaires, qu'ils décrivent les besoins et les envoient au niveau du Programme pour être pris en compte. Les ressources sont disponibles», a-t-il déclaré. Dans le même sens, le conseiller technique du ministre de l'Agriculture a fait savoir que le défi actuel, c'est de diffuser les technologies qui dorment dans les tiroirs à grandes échelles.«Nous avons pris conscience de cela et les moyens sont mis en œuvre à cet effet», a-t-il dit.
Rabalyan Paul OUEDRAOGO