En matière de production semencière, le Burkina Faso dispose d’une certaine expertise reconnue au-delà de ses frontières. Ce mérite a été relevé par l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA) lors d’une visite des unités de production de la société de production semencières Neema du Faso (NAFASO), le jeudi 24 novembre 2016 à Bobo dans la région des Hauts-Bassins. Cette entreprise burkinabè constituerait un centre d’intérêt en matière de technologie agricole eu égard à « son parcours exemplaire » dans la production de semences améliorées qui en fait une référence même au plan international, si l’on en croit AGRA.
Les visiteurs ont donc passé en revue la chaîne de production et la stratégie d’activités de l’entreprise NAFASO ainsi que le site d’un groupement de producteurs dans la vallée du Kou. A cette occasion, le responsable technique de la société, Idrissa Sawadogo leur a présenté le réseau de partenaires assez bien organisé et qui fait la force de la structure semencière. « Nous avons soutenu les travaux des chercheurs au sein de l’INERA (NDLR : Institut national de l’environnement et de la recherche agricole) qui ont mis en place des variétés de semences adaptées à notre sol et à notre climat. Nous avons aussi formé les producteurs semenciers aux bonnes techniques agricoles », a-t-il expliqué.
Et depuis la création de l’entreprise en 2008, grâce au travail conjugué de cette chaîne de production, NAFASO s’est enracinée dans la production de semences végétales en misant sur la qualité de ses services, a ajouté le responsable technique. Toutefois, a-t-il précisé, cet essor a été possible surtout grâce au soutien initial que leur a fourni l’Alliance pour une révolution verte en Afrique. « Nous avons bénéficié d’une subvention qui nous a permis de lancer nos activités. Mais également, il y a eu plusieurs sessions de renforcement des capacités des membres de notre réseau. Ces formations ont eu lieu ici au Burkina ainsi qu’à Naïrobi au Kenya où nous avons bénéficié des expériences d’autres acteurs », a reconnu M. Sawadogo.
Un modèle à vulgariser en Afrique
A l’écouter, l’appui de l’Alliance a été d’un grand avantage à leur croissance dans la mesure où la production de semences améliorées de l’entreprise est passée de 100 tonnes en 2008 à 5000 tonnes en 2016. Aussi de 3 spéculations (maïs, riz et nébié) à leur début, la société produit actuellement 10 spéculations annuellement avec une trentaine de variétés de semences. Par ailleurs, Idrissa Sawadogo a soutenu qu’initialement de 100 millions, le chiffres d’affaires de NAFASO s’estime à plus de 2 milliards cette année. Un succès qui a permis à l’entreprise de se doter des équipements agricoles de pointe, d’offrir des emplois à plus de 1000 personnes (saisonniers et permanents) et de se présenter comme une structure citoyenne à travers des œuvres caritatives, a-t-il renchéri.
Qui plus est de l’avis du responsable technique « si les producteurs arrivaient à utiliser de façon efficiente les semences hybrides qu’ils produisent, le Burkina Faso atteindrait l’autosuffisance alimentaire en l’espace de quelques années ». Nonobstant cette réussite, M. Sawadogo souhaite qu’AGRA maintienne son partenariat, ce qui leur assurera de garder leur réseau à un bon niveau de performance. Selon le coordinateur des programmes d’AGRA en Afrique de l’ouest, Dr Issoufou Kapran, « le secteur semencier burkinabè est certainement l’un des plus dynamiques en Afrique lorsqu’on considère sa capacité acquise en un temps record à proposer plusieurs variétés de céréales aux paysans du pays et même ceux des pays voisins ».
Il a noté que L’Alliance a beaucoup contribué à cette vitalité, notamment, à travers son appui aux recherches de l’INERA et le soutien au secteur privé en termes de subventions financières, de formations, d’encadrements techniques et de partages d’expériences entre acteurs. « La réussite de NAFASO, et partant, du secteur privé burkinabè est un acquis de l’approche partenarial prôné par AGRA », s’est réjoui le coordinateur régional d’AGRA. A l’en croire, c’est ce que l’ONG souhaite voir vulgarisé à travers le continent afin de libérer le potentiel agricole des paysans africains.
Fabé Mamadou OUATTARA
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