Cette journée est la première du genre afin de partager les informations justes. Il s’agissait d’informer sur le cadre réglementaire de la biosécurité et les résultats obtenus. Surtout que la rumeur enfle sur l’abandon de la culture du coton génétiquement modifié (CGM) par le Burkina Faso. Pourtant, il ne s’agit pas de cela, il s’agit d’un arrêt temporaire pour corriger un problème qui est intervenu sur la longueur de la fibre de coton.
Le Burkina Faso est l’un des pays, après l’Afrique du Sud, à commercialiser avec succès le coton Bt. Les autres pays n’ont pas encore un cadre réglementaire pour aller aux CGM.
La journée a été déclinée en communications et une conférence de presse.
La première communication, axée sur le rôle et la contribution de la recherche nationale au développement des biotechnologies agricoles au Burkina, le cas du coton, a été présenté par Dr Oumar Traoré, chercheur à l’INERA, et en service à l’Agence nationale de biosécurité. Il a rappelé comment le Burkina Faso est arrivé à la commercialisation du CGM.
Le coton était le moteur de l’économie burkinabè mais entretemps, il rencontrait des difficultés, notamment les attaques de ravageurs. Tout a été essayé pour les contrôler. En vain. D’où l’idée d’aller au CGM. Et la solution a été le Bollgard 2 parce qu’il contient 2 toxines. Il ne protège pas contre les piqueurs-suceurs, c’est pourquoi il faut effectuer deux traitements en fin campagne agricole.
La deuxième communication a été assurée par la Prof Chantal Yvette Zoungrana/Kaboré, directrice générale de l’Agence nationale de biosécurité (ANB). Elle a parlé de la mise en œuvre de la biosécurité au Burkina Faso. Elle a passé en revue toutes les conventions que le Burkina a ratifiées et tous les textes et lois pris en matière de biosécurité.
D’autres systèmes de biosécurité en Afrique ont été passés en revue.
Il faut comprendre qu’on va aux OGM lorsque toutes les autres perspectives sont épuisées sans donner des solutions. En ce qui concerne le coton Bt burkinabè, toutes les étapes en matière de biosécurité ont été respectées.
Le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, Filiga Michel Sawadogo, est venu en personne féliciter les organisateurs et les participants à cette rencontre. Il a souhaité que ce type de rencontres puisse être multiplié en direction des décideurs (membres du gouvernement, députés notamment) et décentralisé au niveau des régions. Afin que tout le monde puisse être au même niveau d’information pour aplanir les incompréhensions et les interprétations tendancieuses. Pour les députés qui ont été retenus pour la plénière sur la loi rectificative du budget, ce n’est que partie remise car une mission sera envoyée bientôt à l’hémicycle.
A la fin de la journée une conférence de presse a été tenue. Des échanges, il ressort que la biotechnologie est une bonne chose pour les organisateurs tout comme les producteurs, du fait qu’elle est plus économique, moins fatigante et préserve la santé. De même, la commercialisation des cultures GM est reconnue comme une réussite. Néanmoins, les organisateurs n’ignorent pas les controverses liées à leur propagation.
Pour ce faire, des propositions ont été faites sur de nouvelles approches et stratégies pour améliorer l’information sur les biotechnologies agricoles et la biosécurité au Burkina Faso. Les hommes des médias ont été invités à rechercher les informations justes et à être les acteurs importants pour lever les craintes liées à la commercialisation des cultures génétiquement modifiées.
Concernant l’actualité burkinabè relative à la longueur de fibres que pose l’Association interprofessionnelle du coton du Burkina (AICB), le directeur de l’INERA, Amidou Traoré, estime que le problème est plus commercial que biotechnologique: «un problème lié à la commercialisation du coton et non à la biotechnologie elle-même».
En effet, le produit utilisé est bon pour lutter contre les insectes ravageurs, mais chemin faisant, il y a eu un problème et les sociétés cotonnières disent qu’elles perdent trop d’argent parce que les fibres du coton sont devenues courtes et qu’elles ne peuvent plus vendre au bon prix. Le label burkinabè a disparu. Selon les conférenciers, il faudrait y trouver une solution afin d’éviter que le Burkina Faso ne soit vu comme «la capitale des dénis de la biotechnologie».
Pour la directrice générale de l’Agence nationale de biosécurité au Burkina Faso, Chantal Zoungrana/Kaboré, les solutions se trouvent dans la recherche et la firme Monsanto s’y emploiera. Elle a souligné que, d’ores et déjà, la recherche propose de revenir aux backcross, c’est–à-dire qu’il faut continuer le croisement avec le germe des variétés américaines dans le coton burkinabè. Il faut encore continuer à faire ce travail, pour que le caractère du coton américain ne se fasse pas beaucoup ressentir dans le produit final; ainsi, la fibre sera plus longue et plus rentable. Selon elle, la fibre courte provient du coton américain qu’on a croisé.
Entre autres solutions envisagées, il s’agit de revoir et remettre le germe dans certaines variétés et les tester pour voir si cela marche mieux, parce que le Burkina a d’autres variétés de coton mais qui ne sont pas transformées. La recherche a aussi proposé de tester les backcross en travaillant, pas qu’en système pluvial mais aussi en système irrigué, et dans deux à trois ans, il peut avoir des résultats.
Pour les conférenciers, la modernisation de la production, de l’agriculture est très importante de nos jours. Et pour les 10 ans à venir, ils souhaitent que l’Afrique soit beaucoup plus représentée dans les CGM.
Lydie Poda