Financement du PNDES : Des engagements aux décaissements, il y a encore loin

| 14.12.2016
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Financement du PNDES : Des engagements aux décaissements, il y a encore loin
© DR / Autre Presse
Financement du PNDES : Des engagements aux décaissements, il y a encore loin
Sitôt le premier round des négociations sur le Plan national de développement économique et social (PNDES) achevé au Centre de conférences Etoile Saint-Honoré à Paris mercredi 7 décembre dernier, le Premier ministre burkinabè, Paul Kaba Thiéba, a animé une conférence de presse. Bien que porté par un flot de milliards à l’issue de cette rencontre, le chef du gouvernement a préféré garder les pieds sur terre : «Pour le moment, ce ne sont que des promesses de financement », a-t-il répété.


Quels sentiments animent le Premier ministre à l’issue de cette première journée ?

Ce sont naturellement des sentiments de satisfaction, au regard de l’engouement des PTF pour cette conférence et des résultats auxquels nous sommes parvenus. Nous sommes arrivés ici avec un besoin de financement du PNDES de près 5 570 milliards de francs CFA. Les intentions de financement obtenues s’élèvent provisoirement à 8 552 milliards de francs CFA, soit plus de 150% du besoin additionnel. C’est au-delà de nos espérances. C’est l’expression de la crédibilité retrouvée du Burkina Faso. Vous savez qu’à l’issue de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 et au lendemain du coup d’Etat manqué du 16 octobre 2015, notre pays était au bord du précipice. Mais notre peuple a montré sa capacité à défendre sa démocratie, sa capacité à rebondir. Les intentions de financement que nous avons obtenues sont l’expression de la reconnaissance des PTF envers notre pays.

A l’origine, il y avait un besoin de financement de 5 570 milliards. En fin de compte, il y a 8 552 milliards comme intentions de financement. A quoi sera affecté le surplus ?

Ce ne sont pas encore des décaissements mais des intentions de financement. Le gouvernement a présenté sa vision et les réformes à mettre en œuvre dans le cadre du PNDES. Ce plan a été jugé crédible par les partenaires techniques et financiers qui se sont engagés à soutenir le Burkina Faso. Dans les semaines ou les mois à venir, nous allons rencontrer nos partenaires pour préciser les conditions de déblocage de ces fonds, les procédures de signature des contrats et la préparation des projets.

L’autre travail important à faire, c’est, d’une part, engager des réformes structurelles pour crédibiliser davantage le PNDES et, d’autre part, mettre en place un dispositif de suivi et d’évaluation de ce Plan qui associe non seulement la société civile, les collectivités territoriales, toutes les forces vives de la nation mais aussi nos partenaires.

Les fonds à venir seront décaissés sous forme de dons ou de prêts ?

Toutes les modalités sont comprises dans ces intentions de financement : il y aura des dons, des prêts concessionnels et non concessionnels.

Il faut aussi savoir que quand on parle de don, il y a les appuis budgétaires et les appuis-projets.

Ce qui est important, c’est que toutes ces modalités de financement contribuent à apporter des financements à notre économie.

Il était prévu un financement propre à hauteur de près de 64% du coût global. Est-ce qu’avec le surplus obtenu, vous allez revoir votre contribution à la baisse ?

Cette contribution est l’expression d’une volonté politique. C’est une manière de montrer à la communauté internationale que nous sommes déterminés à prendre notre destin en main. Personne ne va développer notre pays à notre place. Le PNDES est un plan patriotique. Il exige donc des sacrifices de toute la nation. Le choix d’assumer 64% du coût global est avant tout politique. Notre part de participation ne changera pas.

Y a-t-il un agenda précis sur ces engagements financiers ?

A l’issue de cette conférence de Paris, il revient au gouvernement d’approcher les partenaires techniques et financiers pour mettre en œuvre ces intentions de financement à travers des accords et autres conventions de financement. En somme, de nous organiser pour opérationnaliser tout cela.

Il n’y a pas encore d’agenda précis, mais dès que nous retournerons à Ouagadougou nous allons prendre attache avec les partenaires, en rapport avec les ministères sectoriels concernés, afin de mobiliser et de concrétiser toutes ces intentions de financement.

Synthèse réalisée par
S.R.
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Encadré

Conférence sur le financement du PNDES : Réactions de quelques participants

Le ministre des Infrastructures, Eric W. Bougouma

C’est le peuple burkinabè tout entier qui doit être fier de lui-même. Le PNDES, qui a été élaboré par le gouvernement sous les directives du président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a obtenu la confiance de tous les partenaires techniques et financiers et de l’ensemble des investisseurs privés.

C’est tout le Burkina Faso qui vient d’être honoré par la communauté internationale et le milieu des affaires.

Je suis plus que satisfait parce que le secteur des Infrastructures a bénéficié d’importantes annonces de financement faites par les partenaires techniques et financiers mais surtout par le privé. Celui-ci s’est engagé à réaliser les projets à travers le mécanisme du partenariat public-privé...

Ne parlons pas de secteurs plus attrayants que d’autres. Pour moi, toutes ces intentions de financement concourent à la mise en œuvre du PNDES. Le gouvernement veillera à l’établissement d’un certain équilibre tout en tenant compte des domaines prioritaires et des besoins essentiels de notre pays.

Ministre de l’Energie, des mines et des Carrières, Alpha Omar Dissa

Je suis l’un des ministres les plus comblés au sortir de cette conférence. Les projets sur l’énergie sont ceux qui ont fait l’objet du plus grand nombre d’intentions de financement. Cela signifie qu’autant du côté du gouvernement que de celui des bailleurs de fonds et des investisseurs, tout le monde a compris que l’énergie est le facteur de production de base qui mène à un véritable développement économique et social. C’est la raison pour laquelle tous les projets que nous avons présentés ont tous obtenu des engagements de financement... Des engagements qui vont bien au-delà de nos besoins de financement.

Elie Ouédraogo, vice-président du patronat burkinabè

D’abord, j’ai été émerveillé par la mobilisation du monde des affaires. Tous les principaux acteurs du secteur privé burkinabè sont là pour accompagner le PNDES.

Il y a eu beaucoup d’opportunités d’investissement dont la plupart entrent dans le cadre de ce qu’on appelle partenariat public-privé...

Les annonces qui ont été faites concernent surtout des projets de construction de centrales solaires ou à gaz, mais aussi le domaine des BTP. Le privé burkinabè va surtout intervenir en joint-venture avec de grands groupes étrangers...

Pour ce qui est des annonces de financement, contrairement aux bailleurs de fonds traditionnels, les investisseurs privés n’en font pas. Ces derniers cherchent d’abord à identifier les opportunités d’affaires. Une fois que cela est fait, ils entrent en contact avec le gouvernement pour mieux négocier les conditions de leurs investissements.

Mahamadi Sawadogo, dit « Kadhafi », président de la CCI-BF

Je tiens d’abord à exprimer toute ma gratitude à l’ensemble des acteurs économiques burkinabè, fortement représentés à cette conférence sur le financement du PNDES. Cela traduit l’engagement du privé à soutenir l’activité économique nationale en investissant dans tout secteur porteur.

Sur l’ensemble des dix mille milliards de francs CFA que représente le montant total des financements annoncés par les investisseurs, notre contribution se situe, à elle seule, à près de trois mille milliards de francs CFA...

Le privé burkinabè s’est intéressé à tous les projets présentés par le gouvernement. La mise en œuvre desdits projets va se faire en partenariat avec des investisseurs privés internationaux.

Nous restons disposés à accompagner le gouvernement jusqu’à la réalisation intégrale du PNDES.

En tant que nouveau président de la Chambre de commerce, je rentre complètement satisfait de cette rencontre. Car pour un besoin de financement du Plan, l’Etat burkinabè a obtenu en fin de compte dix-huit mille milliards de francs CFA (NDLR : montant cumulé des intentions de financement des PTF et de celles des investisseurs privés). C’est la preuve de la crédibilité dont jouit le Burkina Faso.

Rassemblés par
S.R.

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