Economie burkinabè 2016/2017 : « S'éloigner du précipice, engager le renouveau »

| 23.01.2017
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Economie burkinabè 2016/2017 : « S'éloigner du précipice, engager le renouveau »
© DR / Autre Presse
Economie burkinabè 2016/2017 : « S'éloigner du précipice, engager le renouveau »
2016, au plan économique, est une année de perdue pour le Burkina Faso, et pour 2017 il faut impérativement sortir de l'inertie constatée jusque-là pour éviter le gouffre. C'est la substance du rapport de l'étude menée par l'institut Free Afrik intitulée "Economie burkinabè 2016/2017 : s'éloigner du précipice, engager le renouveau". Ledit rapport a fait l'objet d'une conférence de presse animée par le directeur exécutif de cet organisme indépendant de recherche, le Dr Ra-Sablga Seydou Ouédraogo, le 19 janvier 2017 à Ouagadougou.

Pour la quatrième année consécutive l'institut Free Afrik, avec l'appui de son réseau d'experts, a rendu publics les résultats de son étude sur les faits économiques au Burkina, en Afrique et dans le reste du monde. Contenu dans 90 pages, le rapport de cette année est intitulé: "Economie burkinabè 2016/2017 : s'éloigner du précipice, engager le renouveau".

Ce qui témoigne d’un accent particulier qui est mis sur la situation de notre pays à la recherche de ses repères économiques après des crises sociopolitiques enregistrées depuis le dernier trimestre de 2014.

Un front social en ébullition caractérisé par des revendications tous azimuts avec pour point de départ les avantages colossaux accordés aux magistrats ; les attaques terroristes récurrentes soldées par 57 morts, la question des groupes d'autodéfense, des koglewéogo, qui a mobilisé plus que de raison les autorités, la baisse du prix du carburant à la pompe ayant engendré une perte de 45 milliards de francs CFA sans que cela soit profitable aux couches vulnérables, aucune action en faveur des 114 entreprises à genoux et les 11 300 emplois perdus du fait de l'insurrection, un pouvoir triangulaire où chaque pôle tente "de renforcer son propre centre dans la distribution des positions de pouvoir et dans le jeu d'influences "...La liste des faits de l'année précédente qui n'a pas été en faveur de la relance économique est encore longue. "Pendant ce temps la population a augmenté d'au moins un demi million de personnes en 2016", a fait remarquer le chercheur avant de s'interroger : "N'est-ce pas là le bilan d'une année de perdue?".

Le PNDES, un plan toujours sur papier

Au sujet du PNDES dont la table ronde de Paris qui a connu un franc succès avec un niveau de promesses inégalé, les experts notent que, pour une part importante des intentions de financement, les montants annoncés sont en déphasage criard avec l'échelle des affaires et la valeur effective des porteurs, "quand ils ne semblent pas manifestement se méprendre sur la nature de la table ronde, la confondant à une surenchère infondée pour gagner des appels d'offres non annoncés du reste". Quant à la communication du gouvernement à travers les tournées régionales et même la rencontre de Paris, elle est tout simplement mauvaise, selon ces économistes dans la mesure où on a pas fait comprendre aux Burkinabè que c'est bien eux qui consentiront des sacrifices pour mobiliser l'essentiel de l'enveloppe. Qui pis est, les instances de mise en œuvre et de suivi-évaluation du Plan ne sont pas encore mises en place, ce qui constitue un retard important au regard de l'urgence vitale dans laquelle on se trouve.

Si la faute revient en grande partie aux tenants du pouvoir, l'opposition est aussi pointée du doigt de fait des divisions internes.

Quid de cette nouvelle année ? "L'analyse stratégique menée par Free Afrik permet d'engager une prospective d'une année critique, d'une sortie de l'inertie et de perspectives de renouveau ou d'un immobilisme suicidaire sur les agendas de la justice et de la réconciliation nationale, de la demande socio-économique, de la remobilisation de l'administration, et surtout de la réforme des forces armées et de sécurité pour faire face au renouveau sécuritaire et à la mutation de la conflictualité", peut-on lire dans le rapport. Le Dr Ouédraogo et ses collègues en tirant la sonnette d'alarme, n'ont pas manqué de faire des recommandations:

  • l'opposition politique doit jouer une partition plus active en assumant un rôle de critique et de pression dans une visée républicaine en vue d'engager le pouvoir dans une dynamique résolue;
  • les organisations de la société civile, les intellectuels et les leaders d'opinion doivent se mobiliser pour éloigner le pays du précipice;
  • la communauté internationale doit rehausser son appui et son exigence sur la menace sécuritaire au Burkina au regard de sa position stratégique;
  • la mise en œuvre accélérée des grands projets du PNDES doit viser une réhabilitation des infrastructures dégradées et de densification des infrastructures de soutien à l'économie ;
  • il faut apaiser le climat sociopolitique et restaurer la confiance...

Avec l'adoption du budget-programme par le nouveau pouvoir avec une part importante accordée à l'investissement, 2017 est sans doute une année test sur la capacité du pouvoir de reprendre la main sur le plan économique et redonner l'espoir aux populations.

Après cette rencontre, le Dr Ouédraogo nous a accordé un entretien que nous vous proposons dans nos prochaines éditions.

Abdou Karim Sawadogo

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