Déficit en eau potable dans la ville de Ouagadougou : Le calvaire des femmes de Zagtouli et de Yangho

| 26.03.2015
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Photo d'archives, utilisée à titre d'illustration
© DR / Autre Presse
Photo d'archives, utilisée à titre d'illustration
Comme annoncé par l'Office national de l'eau et de l'assainissement (ONEA), le 12 mars 2015, le déficit en eau potable dans la ville de Ouagadougou et environs continue de semer la désolation au sein des populations concernées. A Yangho et à Zagtouli, la situation semble s'empirer de jour en jour. En effet, à la recherche de ce liquide combien précieux, les femmes sont contraintes d'abandonner leur foyer pour désormais passer la nuit aux abords de la seule borne fontaine que compte la localité. Nous y avons fait un tour, ce mardi 24 mars 2015, pour nous imprégner des réalités de ces femmes qui n'ont qu'un seul rêve, voir leur situation s'améliorer.


A l'image des habitants des autres zones périphériques de Ouagadougou, les populations de Zagtouli et de Yangho vivent un calvaire depuis un certain temps suite au déficit en eau potable. Leur situation est d'autant plus préoccupante qu'elles ne disposent pas d'assez de fontaines pour les ravitailler. En effet, lorsque nous arrivions à la fontaine de Yangho, on aurait cru à un rassemblement digne des jours de fêtes tant les lieux grouillaient de femmes et d'enfants. Les bidons et barriques en file indiennes, chaque femme attendait son tour pour pouvoir s'approvisionner en eau potable.

Renseignement pris, elles avaient, pour la plupart passé la nuit en ces lieux. En tout cas, c'est le cas de Pauline Bognini qui a quitté son domicile depuis la veille (NDR : 13 mars 2015) à 20h à la recherche de cette eau. Et elle de confier, « Nous passons désormais nos nuits à la fontaine pour pouvoir nous procurer de l'eau. Hier et avant-hier par exemple, j'étais ici dès 20h pour y rester jusqu'au lendemain. Regardez comment mes yeux sont rouges, je manque de sommeil. Nous délaissons enfants et époux pour venir passer la nuit ici. Vous n'avez qu'à constater vous-même les nattes qui nous servent de couches. Cela risque de nous créer des problèmes avec nos époux. D'ailleurs ce matin j'ai appelé le mien au téléphone et il n'a pas décroché ». De son village Yaoghin au quartier Rimkiéta, a-t-elle signifié, il n'existe qu'une seule fontaine fonctionnelle. Les 4 autres implantées, il y a environ une année, ne sont pas encore en service. Même son de cloche pour cette femme enceinte qui nous raconte ses supplices.

« Hier (NDR : 23 mars 2015) j'ai passé toute ma journée à attendre de pouvoir remplir mes bidons au point d'avoir des œdèmes. Malheureusement pour moi, lorsque ce fut mon tour, il y a eu coupure d'eau. C'est pourquoi je suis encore là aujourd'hui. La dernière fois j'ai quitté ma maison à 1 heure du matin pour venir chercher de l'eau ici. Les gens se sont plaints parce que je suis enceinte, mais je n'ai pas le choix. Imaginez ma souffrance et ma désolation. Nous ne disposons plus d'eau de boisson n'en parlons pas pour la cuisine, la toilette et j'en passe. », nous a-t-elle relaté. A cause de la bousculade autour de l'eau, certaines femmes en viennent même aux mains, selon les clientes que nous avons rencontrées sur place. Plus loin dans ce même village de Yangho, un autre attroupement. Mais cette fois-ci, autour d'un forage. Là, nous rencontrons Béatrice Kabré, assise sur son bidon, avec le visage un peu froissé qui laissait entrevoir la fatigue et la désolation. Elle nous confie avoir tenté en vain toute la nuit de puiser de l'eau à la borne fontaine. Pour cela, elle est venue tenter sa chance à la pompe.

A Zagtouli, nous avons eu droit au même scénario. Les femmes ont avoué chercher de l'eau à n'importe quelle heure et ce, malgré les risques d'agressions auquels elles sont exposées. Si les autorités ne se penchent pas sur leur situation, a menacé Ramata Ouédraogo, elles ne voteront pas aux prochaines élections. Et elle d'expliquer, « Les autorités nous font des promesses lors des campagnes électorales. Mais après avoir obtenu ce qu'elles veulent, elles nous oublient. Rien n'est mis pour soulager les populations. Cette année si nous ne gagnons pas notre eau, nous n'allons pas voter », a-t-elle martelé. Et à Abel Zongo d'enfoncer le clou, « Nous en avons marre ! Même si le gouvernement ne peut pas construire des robinets, qu'il implante au moins des forages. Cette pompe que vous voyez est privée. Nos mamans et nos sœurs dorment ici et sont dans l'insécurité totale ».

Le message des femmes de Zagtouli et de Yangho est clair. Elles réclament de meilleure condition de vie, notamment l'accès à l'eau potable. Aussi, ont-elles lancé un cri de cœur à l'endroit du gouvernement afin qu'il résolve définitivement le problème d'eau qui se répète chaque année à la même période. Lorsque nous quittions les lieux à 11h, il n'y avait toujours pas de coupure à la fontaine de Yangho, mais la pression de l'eau avait beaucoup diminué.

Par P. Adeline Clémence ZINABA et Martine Rouamba, Virginie Zoma (stagiaires)

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