Conférence de Paris pour le PNDES : 5 questions au PM

| 20.12.2016
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Conférence de Paris pour le PNDES : 5 questions au PM
© DR / Autre Presse
Conférence de Paris pour le PNDES : 5 questions au PM
De retour de Paris avec des promesses de financement de plus de 18 000 milliards de FCFA pour le PNDES, le Premier ministre, Paul Kaba Thiéba, a fait hier un point à la presse. Présenté comme un franc succès par le gouvernement, ce tour de table sur les bords de la Seine a suscité l’intérêt des hommes de médias, qui ont voulu en savoir davantage. Voici cinq questions adressées au Premier ministre.


A quand le premier dollar ou euro du PNDES ?

«Nous ne sommes pas allés à Paris pour revenir avec des chèques ou de la liquidité», annonce d’emblée Paul Kaba Thiéba. L’ancien haut cadre de la BCEAO précise ensuite, pour les profanes que sont la majorité des Burkinabè, que dans la tradition des tables rondes, il y a trois étapes : l’expression des besoins de financement, les négociations et enfin les décaissements. Paris n’a été que le lancement d’un long processus. Et le PM de faire cette confidence : «Lorsque j’étais dans l’avion du retour, je me suis dit que la partie la plus difficile commence». Sans pouvoir donner de délai, le chef du gouvernement promet de tout mettre en œuvre pour mobiliser les fonds le plus rapidement possible. De même, il est incapable de préciser la structuration des intentions de financement: «Pour l’heure, je ne peux pas vous dire ce qui est don, prêt, ou partenariat public/privé dans les 18 000 milliards. Nous sommes en train de contacter les partenaires pour préciser tout cela».

Que gagnent les bailleurs de fonds en retour, et n’est-ce pas là encore un endettement massif ?

« La conférence des bailleurs de fond n’est pas un marchandage. C’est une conférence de partenaires où chacun prend des engagements vis-à-vis des autres. Il y avait 16 ministres à Paris, et chacun d’eux a fait un exposé sur les reformes structurelles que nous allons engager». Et puis, indique Paul Kaba Thiéba, dans sa quête de «gombo frais» pour le Burkina, le gouvernement privilégie les dons, ensuite les prêts concessionnels et enfin le partenariat public/privé. L’ancien banquier n’exclut toutefois pas l’endettement : «Nous allons nous endetter, mais de manière mesurée et calculée sans compromettre la stabilité macroéconomique du pays», a-t-il indiqué.

Le climat sécuritaire, marqué par les attaques terroristes, ne risque-t-il pas de décourager les investisseurs ?

«Il n’existe pas de sécurité à 100%. Des pays plus développés que le Burkina ont été touchés par le terrorisme. Nous travaillons à rassurer les investisseurs, mais ce qui les intéresse surtout, c’est de savoir si le Burkina mène les politiques de défense à même d’assurer la sécurité et si nous réunissons les conditions pour que leurs investissements soient rentables. A toutes ces questions je répondrai par l’affirmative», informe Paul Kaba Thiéba. Pour lui, la démission ou la destitution des ministres en charge de la Défense et de la Sécurité, évoquée par certains, n’est pas la solution, c’est ce que cherchent les terroristes, qui veulent instaurer le chaos.

Les intentions de financement extérieurs sont plus qu’escomptées (Ndlr : 5 000 milliards initialement), et le montant du PNDES est largement dépassé (15 000 milliards).Le gouvernement va-t-il revoir la part des ressources propres, qui était de 63,6% ?

«Nous maintenons notre schéma de financement. Mobiliser les 63,6% reste un défi pour nous». Et comme il n’a cessé de le répéter, le Premier ministre a appelé les Burkinabè à compter en premier lieu sur eux-mêmes : «Ça n’existe pas dans l’histoire un pays qui s’est développé sans sacrifice. Il y aura certainement beaucoup de sueur et de larmes», affirme Paul Kaba Thiéba, comme l’avait dit Winston Churchill, à quelques mots prêts, aux Anglais durant la deuxième guerre mondiale. Même si le Burkina n’est pas en guerre, le chef du gouvernement appelle le peuple à mener «l’insurrection contre la pauvreté et la résignation», à faire preuve de civisme et à restaurer des valeurs de travail, d’honnêteté et de justice. Il invite particulièrement les syndicats à modérer leurs revendications. Il a annoncé des mesures comme l’élargissement de l’assiette fiscale, la modernisation des systèmes fiscaux et le renforcement de la lutte contre la fraude et l’évasion fiscales.

Qui va gérer au quotidien ce nouveau référentiel ?

«La mise en œuvre du PNDES sera optimisée par un dispositif de suivi-évaluation rigoureux comprenant un certain nombre d’organes et d’instances», a annoncé le PM. Pour chapeauter le Programme, il est mis en place un Comité national de pilotage du PNDES, présidé par le Premier ministre, dont la composition sera précisée les prochains jours. A ce comité s’ajoutent un Comité technique national, un Secrétariat permanent qui gère quotidiennement la mise en œuvre des projets, des cadres sectoriels de dialogue et des cadres régionaux.

Hugues Richard Sama
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Encadré

Les 25 millions qui collent à la peau au PM

L’histoire avait fait grand bruit en son temps : lors d’un voyage de Paul Kaba Thiéba en mai 2016 à Taïwan, son aide de camp avait égaré une mallette contenant 25 millions de F CFA. Lors de cette conférence de presse, un journaliste a interrogé le Premier ministre sur la suite de cette affaire ; une question qui a agacé le chef du gouvernement, lequel ne veut plus en parler : «Quand j’entends des choses comme ça, j’ai l’impression que les gens veulent qu’on m’attrape et qu’on m’amène en prison parce que c’est moi qui ai volé l’argent. Je ne vois pas l’argent et je ne sais pas ce qui s'est passé. Vous pensez que si j’ai quitté la BCEAO, c’est pour venir chercher de l’argent ? Il y a une procédure judiciaire qui est engagé, donc laissez-moi tranquille».

R.S.

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