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Barrage de Samendéni : ce qui s’est passé jusqu’au 31 décembre 2015

| 19.02.2016
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Barrage de Samendéni : ce qui s’est passé jusqu’au 31 décembre 2015
© DR / Autre Presse
Barrage de Samendéni : ce qui s’est passé jusqu’au 31 décembre 2015
Après un bref rappel historique et une présentation générale du Programme de développement intégré de la vallée de Samendéni (PDIS), nous nous proposons de faire le point sur sa mise en œuvre à la date du 31 décembre dernier.


Comme nous l’avons indiqué dans nos écrits précédents, le PDIS est conçu pour être réalisé en plusieurs phases. La première dont la fin était initialement prévue pour fin 2014, est toujours en cours. Son coût global initial était de 75 milliards de F CFA. Un chiffre qui est monté à 95 milliards de F CFA, en raison de la révision des études techniques et de l’impact de la rallonge en temps.

Elle comprend 8 composantes, à savoir : la construction d'un barrage de 1,050 milliards m3 d’eau ; la construction et l’équipement d’une centrale hydroélectrique de 2 x 1,37 MW ; le suivi et le contrôle des travaux du barrage et de la centrale hydroélectrique ; l’aménagement d’une tranche prioritaire de 1 500 ha de périmètres irrigués ; le suivi et le contrôle des travaux d’aménagement des 1 500 ha de périmètres irrigués ; la mise en œuvre d’un plan de gestion environnemental et social (PGES) ;la mise en place et le fonctionnement de l’unité de coordination du programme ; l’audit du programme.

Selon un document interne au PDIS, les taux d’exécution à la date du 31 décembre 2015 se présentent comme il suit : 100 % pour la fondation du barrage, 87 % pour la digue 87, 95 % pour l’évacuateur de crues (déversoir), 95 % pour la tour de contrôle et de commande des vannes, 70 % pour la centrale hydroélectrique, 99 % pour la ligne électrique ; soit un taux de réalisation de 91 % pour l’ensemble du barrage.

Le 21 septembre 2007, un Plan de gestion environnemental et social (PGES), qui a été adopté pour la réalisation du barrage. Il prévoit : la délocalisation et la réinstallation de plus de 40 000 personnes ; le déboisement de la cuvette du barrage (12 000 ha) ; l’indemnisation et la compensation des propriétaires des biens touchés ; la réalisation des infrastructures socio-économiques privées et publiques et d’autres mesures d’accompagnement diverses.

La question sociale

De 2009 à fin 2015, 1 607 propriétaires de vergers situés dans la cuvette du barrage

ont été indemnisés ; 10 sites aménagés pour accueillir les villages à délocaliser ; 4 666 ménages à délocaliser ont reçu une indemnisation financière pour reconstruire leurs habitations sur les sites d’accueil ; 4 écoles de 6 classes et 7 logements construits et 3 autres en cours de construction sur les sites d’accueil ; 2 CSPS construits et 2 autres en cours de construction ; 38 forages ont été réalisés et 14 en cours de réalisation ; 950 t de maïs distribuées aux populations déplacées ; des actions de conseils, formations et équipements sont en cours au profit des populations affectées.

Les actions réalisées dans le cadre du PGES à ce jour, se chiffrent à 12,059 milliards de francs CFA.

Encadré 1
Taux de réalisation par rapport aux prévisions initiales

Désignations Coût (f cfa) Réalisé Taux de réalisation
Indemnisation des vergers   2 528 420 000   1 615 000 000   63,87%
Indemnisation des champs   0   0   0,00%
Délocalisation   2 596 840 000   6 747 000 000   259,82%
Gestion de l’environnement   512 000 000   1 378 000 000   269,14%
Mesures d’accompagnement   1 776 460 000   2 189 000 000   123,22%
Suivi/évaluation   25 000 000   130 000 000   520,00%
Coût total du PGES   7 438 720 000   12 059 000 000   162,11%

 

Encadré 2

Taux par rapport aux PGES réévalué et actualisé

Désignations Coût (f cfa) Réalisé Taux de réalisation
Indemnisation des vergers   2 015 000 000   1 615 000 000   80,15%
Indemnisation des champs   7 015 000 000   0   0,00%
Délocalisation   11 040 000 000   6 747 000 000   61,11%
Gestion de l’environnement   3 463 000 000   1 378 000 000   39,79%
Mesures d’accompagnement   8 440 000 000   2 189 000 000   25,94%
Suivi/évaluation   300 000 000   130 000 000   43,33%
Coût total du PGES   32 273 000 000   12 059 000 000   37,37%

 

Des hics

Il faut le reconnaître, la mise en œuvre de cette première phase du PDIS accuse des retards pour diverses raisons. Par exemple, l’aménagement des 1 500 ha au titre de la première phase, peine à voir le jour. Le démarrage de ces travaux, initialement prévu pour 2013, n’est toujours pas une réalité. Son coût, 15 milliards F CFA, est entièrement à la charge du Budget national. En 2013, 1,400 milliard F CFA était inscrit pour cela. Insuffisant pour couvrir les avances, soit les 30% du coût, nécessaires au démarrage des travaux. Et rebelote en 2014, avec une inscription de 1,800 milliard F CFA. Toujours insuffisant.

En 2015, 4,006 milliards F CFA étaient annoncés. Hélas, ils sont passés à la trappe, face aux déficits budgétaires. Et l’aménagement des 1 500 ha, renvoyé aux calanques romains.

Dès 2009, la difficulté de faire supporter ces travaux par le Budget national seul, avait été perçue par les autorités burkinabè. Elles avaient alors décidé de trouver des partenaires pour co-financer ces aménagements. Mais, jusqu’en 2015, aucun bailleur de fonds ne s’était signalé. L’exécution des composantes PGES et barrage se poursuit, mais avec un besoin de financement de plus de 29 milliards F CFA.

En outre, le financement du PGES, adopté en 2008, semble avoir été sous-estimé et en total décalage par rapport auxactions de compensation pourtant répertoriées dans le document descriptif du PGES.Au cours de sa mise en œuvre, l’insuffisance des crédits budgétisés et le retard dans ledéblocage des fonds ont abouti à une crise de confiance entre les populations de la cuvette du barrage et l’Administration. Une crise qui sera récupérée et exacerbée par le Cadre de concertation des populations déplacées pour la construction du barrage de Samendéni. Conséquence : un ralentissement de la mise en œuvre du PGES depuis mars 2015 et le blocage depuis octobre 2015. Si ce blocage de la mise en œuvre du PGES se poursuit cela va inéluctablement retarder encore la mise en eau du barrage.

Aly KONATE
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