Aménagement du barrage de Samendeni : les populations affectées lèvent le ton

| 11.10.2015
Réagir
Photo d'archives, utilisée à titre d'illustration
© DR / Autre Presse
Photo d'archives, utilisée à titre d'illustration
Le jeudi 8 octobre 2015, les membres du Cadre de concertation des populations affectées par le barrage de Samendéni (CCPAS) ont tenu une rencontre dans les locaux du restaurant bar Touba à Bobo-Dioulasso. Ce, pour statuer sur l’état d’avancement de leurs activités de revendications concernant la relocalisation des habitants victimes et d’entreprendre d’autres stratégies de lutte. C’est Abdramane Ouattara, président du CCPAS qui a dirigé cette réunion de manifestation d’humeur.


Ce sont des chefs de villages, des membres de CVD et d’autres ressortissants des 17 villages atteints par la construction du barrage de Samendéni qui ont parcouru des kilomètres pour venir parler au nom de 58 mille personnes vivant dans la cuvette de la vallée de Samendéni, attendant à cœurs brisés d’être relocalisées sur de nouveaux sites et ceci dans de meilleures conditions. En effet selon eux, démarrés depuis 2011, les travaux d’aménagement du barrage de Samendéni avancent à pas de caméléon et ne cessent de mettre les riverains dans le pétrin, en ce sens que la promesse de leur redéploiement sur de nouveaux sites, en vue de leur offrir de meilleures conditions de vie reste un leurre. Au cours des échanges, ils ont déploré la mauvaise gestion des fonds destinés aux populations devant être délogées par le Programme du développement intégré de la vallée de Samendéni (PDIS). Pour ce faire, Abdramane Ouattara a d’abord invité l’assistance à suivre la vidéo d’une interview accordée par le coordonnateur du projet du PDIS, Tamoussi Bonzi, à une chaîne de télévision de la place. Après la vidéo, place était donnée à l’analyse du propos du coordonnateur, et du contenu du mémorandum et du protocole portant sur la modalité de mise en œuvre et de l’appui technique et financier des bénéficiaires. A cet effet, les membres du CPPS ont jugé que Tamoussi est loin de la vérité, à entendre son propos, car ce dernier aurait dit que tous les villages sont en conformité avec les frais de délocalisation et les modalités de payement définis dans le protocole d’entente. Aussi, ont-ils démontré que les sommes d’argent arrêtées pour la restitution des infrastructures des bénéficiaires sont insignifiantes et reparties de façon anarchique. En effet, prenant connaissance du protocole d’entente adressé à un des bénéficiaires, on constate que l’intéressé recevrait au total 281 788 FCFA pour ses reconstructions et de déménagements. A l’issue de la rencontre, les protestateurs promettent de passer à la vitesse supérieure si rien n’est fait. « Toute personne qui mettra pied dans notre zone dans le cadre de la construction de ce barrage aurait cherché ce qui va lui arriver» menace Abdramane Ouattara.

Encadré :

Abdoulaye Traoré, chef du village de Kokoro

« Les difficultés dans lesquelles la construction du barrage est venue nous mettre sont innombrables. On pourra prendre toute une journée sans finir de les citer. D’abord, on voyait des camions passer, mais on ne pouvait rien comprendre, puisqu’on ne savait de quoi il s’agissait. C’est après qu’ils nous ont rencontré pour nous expliquer que le barrage prendra nos villages. Et après, ils ont procédé à un recensement de nos concessions et ils nous ont dit que toutes ces habitations seront reconstruites ailleurs pour les habitants des villages. Nous sommes des cultivateurs en majorité illettrés. Mais, si on nous lève dans de telles conditions, qu’allons nous faire pour vivre et nourrir nos enfants. On dit que le barrage est un bonheur pour les populations, mais ce dernier, au lieu d’être même un arrangement, est venu nous mettre dans de grandes difficultés. Par exemple, on vient donner 200 000FCFA à une grande famille de se déloger, comment peut-elle se débrouiller ? Est-ce que 200 000FCFA peuvent construire même un bon poulailler de nos jours ? Nos champs seront retirés. Où allons-nous cultiver ? Au ciel ? En plus de cela, nos établissements scolaires et sanitaires, nos sites sacrés, nos églises et nos mosquées vont tous partir et ils ne seront pas en mesure de nous les restituer convenablement. Il faut également savoir qu’il y a une mauvaise gestion dans cette affaire ; par exemple, il y a des gens qui ont signé leur protocole avec un stylo, mais au retour, ils ont constaté que c’est à nouveau signé par empreinte. Il y a donc anguille sous roche. En tout cas, nos attentes sont claires. Il faut que nous ayons des mesures d’accompagnement convenables par rapport à ce barrage. »

Bakary OUATTARA/Stagiaire

Publicité Publicité

Commentaires

Publicité Publicité