15e AG des EPE : le gouvernement insiste sur l’autofinancement

| 07.07.2014
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15e AG des EPE : le gouvernement insiste sur l’autofinancement
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15e AG des EPE : le gouvernement insiste sur l’autofinancement
La 15e Assemblée générale des Etablissements publics de l'Etat (AG/EPE) a refermé vendredi 4 juillet 2014, ses portes sur une note générale de satisfaction et a adopté le relèvement du taux mensuel des pécules et présalaires des écoles de formation professionnelle. L'instance préconise la poursuite des réflexions, en vue de satisfaire aux besoins de spécialistes exprimés par le secteur de la santé.

Au terme de deux jours de travaux, les 3 et 4 juillet 2014 à Ouagadougou, la 15 ème Assemblée générales des Etablissements publics de l'Etat (AG/EPE) a débouché sur des résolutions et recommandations «fortes» visant à accroître les performances desdits établissements et à améliorer l'offre de service public.

Ainsi, elle a approuvé entre autres, l'augmentation du taux mensuel des pécules et présalaires des écoles de formation professionnelle ayant le statut d'EPE. Il est à noter que désormais, les stagiaires du cycle A vont bénéficier de 70 000 F CFA, les B, 45 000 F CFA, les C, 35 000 F CFA et les D, 25 000 F CFA. Par ailleurs, l'Assemblée a recommandé aux EPE de prendre les dispositions nécessaires pour relire leurs statuts particuliers, afin de les rendre conformes au statut général de la catégorie EPE à laquelle ils appartiennent. Les ministères de la tutelle technique en concertation avec le Ministère de l'économie et des finances, doivent mener des réflexions pour évaluer de façon objective, les besoins réels de financement des établissement dans l'optique de mieux orienter les décisions d'allocation des subventions. Ils doivent en sus, organiser un atelier-bilan de la mise en œuvre de l'opération spéciale de financement de leurs plans d'équipement et réaliser un audit des infrastructures des écoles et centres de formation professionnelle, afin de diagnostiquer les principales difficultés et y apporter des solutions adéquates. En ce qui le concerne spécifiquement, le Ministère en charge de la fonction publique, a été invitée à tenir avant la prochaine AG/EPE, la première conférence annuelle sur la gestion des personnels des EPE et à présenter à cette occasion, un rapport sur l'état d'exécution des mesures qui en résulteront. En outre, il doit explorer les solutions aux problèmes d'harmonisation des délais de formation et de manque d'enseignants dans les écoles professionnelles. Pour sa part, le Ministère de la santé va diligenter la satisfaction progressive des besoins de spécialistes dans les établissement de son ressort. Il a été recommandé à tous les EPE qui traînent d'importantes dettes de réfléchir avec leur tutelle pour l'élaboration d'un plan d'apurement.

Ces mesures ont été prises, suite à l'examen des états financiers des 67 EPE, réunis en session lors de l'AG /EPE. Celle-ci a donné son quitus pour l'adoption des rapports financiers soumis à évaluation.

Améliorer l'autofinancement

En effet, du bilan d'ensemble, il ressort une amélioration de la qualité des informations financières de l'année 2013 par rapport à l'année 2012. Le montant total des recettes (y compris les subventions), chiffré à 172 milliards 584 millions de F CFA, a connu une hausse de plus de 14% contre 18% pour le total des dépenses établies à 137 milliards, 74 millions de FCFA. Concernant les rentrées d'argent, on observe des pics au niveau des secteurs de la santé et de la communication, respectivement avec plus de 10 % et plus de 22% pour les recettes propres. Les mêmes secteurs sont également au premier rang des subventions avec chacun près de 11% et 110 %. Le secteur de l'hydraulique cependant, enregistre une régression de plus de 28% en recettes propres et de plus de près de 33 % en dépenses. Il est aux antipodes des 2 secteurs de la santé et de la communication qui ont impacté fortement la hausse des dépenses totales. Le taux d'autofinancement qui permet d'apprécier le taux d'autonomie financière, d'une manière générale, a perdu environ 2 points à 24,45 % en 2013. Ce qui a amené le Premier ministre Luc Adolphe Tiao, à insister sur la nécessité pour eux de développer des initiatives tendant à améliorer leur niveau d'autofinancement. Les difficultés soulevées par le secrétaire général du Ministère de l'économie et des finances, Tibila Kaboré, à l'entame des travaux sont relatives à l'insuffisance des subventions, aux procédures de passation des marchés publics, au manque de personnels, etc.

Toutefois au regard de la performance d'ensemble des indicateurs, M. Tiao a félicité les patrons des EPE. «Je voudrais (...) renouveler aux dirigeants et aux personnels la reconnaissance du gouvernement pour leur dévouement et leur engagement dans l'accomplissement de leurs missions», a-t-il dit à leur adresse. Concernant l'accroissement des subventions, tout en reconnaissant leur pertinence, il a rappelé que la vocation d'un EPE est d'évoluer progressivement, vers son autonomie intégrale. «La philosophie qui préside à la création des EPE est avant tout, de soulager le budget de l'Etat», a-t-il précisé.

De la rigueur dans la gestion des deniers publics

Et d'inviter ses vis-à-vis à davantage d'audace, d'imagination et à intensifier la culture du partenariat, en vue de solutions alternatives pour accroître leurs ressources financières. Le chef du gouvernement les a également exhortés à redoubler d'ardeur au travail pour soutenir le développement des EPE pour le rendre accessible, grâce à des prestations de qualité et de moindre coût. Le règlement intérieur des établissements ayant été adopté à cette session, il a insisté sur le respect scrupuleux de celui-ci. Cela dénote, a-t-il poursuivi, du respect de la bonne gouvernance. A entendre le président par délégation des EPE, les dispositifs de suivi-évaluation vont être davantage renforcés, dans le but d'accompagner les EPE dans l'exécution des missions régaliennes de l'Etat. Aux patrons des établissements, il a insisté sur l'importance des résolutions et recommandations qui devraient favoriser de meilleures performances et des résultats plus probants. «J'attache du prix à leur mise en œuvre effective», a-t-il prévenu, avant d'inviter les participants à sauvegarder et consolider les acquis en matière de gouvernance et de rigueur dans la gestion des deniers publics. A ce propos, il leur a été rappelé l'obligation de mettre en œuvre les recommandations formulées par les différents corps de contrôle, de même que celles qui ont été notifiées, lors de la 14ème AG/EPE. Les EPE qui n'ont pas finalisé leur plan de développement stratégique pluriannuel ont été sommées de le faire, d'ici à la prochaine session, prévue pour se tenir du 2 au 4 juin 2015. «C'est un outil indispensable pour une bonne gestion prévisionnelle, planifiée et rationnelle», a justifié M. Tiao.

Séraphine SOME/MILLOGO

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Quelques responsables d'EPE se prononcent sur l'AG/EPE

A l'issue de l'AG/EPE, des patrons d'EPE ont donné leurs avis sur la session et les décisions qui ont concerné leur structure. D'une manière générale, il ressort une certaine satisfaction des propos.

Lucien Marie Noël Bembamba, ministre de l'économie et des finances:

Ce qu'il faut retenir c'est le fait de pouvoir tenir sans discontinuer les sessions de l'AG/EPE qui permettent de passer en revue le fonctionnement des EPE et d'échanger sur leurs préoccupations. Au fil de l'évolution du temps, on se rend compte qu'il est fait un effort pour améliorer la gestion des EPE. Tous les comptes ont été adoptés, malgré quelques insuffisances. Il n'y a pas de problèmes majeurs, ce qui est une bonne chose. Par ailleurs, face aux difficultés, beaucoup d'EPE arrivent à développer des initiatives palliatives. Et il faut féliciter les dirigeants des EPE qui essaient de trouver des solutions pour résoudre leurs difficultés. Il y a des challenges à relever. Les EPE doivent travailler à relever leurs taux d'autofinancement. Le bilan des 15 ans fait ressortir que la question des usagers est très importante et il faut améliorer l'accueil et l'écoute les concernant. Pour les pécules, je pense que c'était utile. Au niveau du gouvernement, nous avons pris des mesures sociales, notamment revoir à la hausse la bourse des étudiants, les indemnités des fonctionnaires, ...Il était bon qu'on revoit les pécules des stagiaires. Cela va améliorer leurs conditions de travail. La durée des formations est une question récurrente. Il est temps qu'on puisse prendre une solution pour les harmoniser. On a besoin d'avoir des gens bien formés. Mais, il faut aussi tenir compte des contraintes. Nous sortons donc très satisfait de cette session.

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Patrice Diéssongo, président du Conseil d'administration, (PCA) des Editions Sidwaya

Au cours de cette AG, nous avons présenté les états financiers et exprimé nos préoccupations. Nous pensons avoir été effectivement entendus. Nous avons suggéré, au regard des difficultés liées au statut toujours en adéquation pour prendre des décisions qui permettent à l'établissement de bien fonctionner. Nous avons donc souhaité qu'on nous permette de mener une réflexion dans le but de doter le personnel de Sidwaya d'un statut adapté aux besoins de son fonctionnement et là, je pense que nous avons été entendus et le Premier ministre dans le rapport général, a suggéré qu'on puisse aller dans ce sens-là. Notre souhait est que cela puisse se faire le plus rapidement possible. Nous allons ensemble, avec notre ministère de tutelle nous concerter pour voir comment nous mènerons très rapidement cette étude. Nous avons également évoqué des problèmes concernant les agents de différentes catégories qui n'ont pas pu passer les concours, il faut donc régulariser leur situation. L'objectif de ces assises est de recenser les difficultés des EPE et de trouver des solutions et nous, notre espoir est que l'année prochaine, on ne revienne plus sur les difficultés évoquées cette année.

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Amadou Yaro, DG de L'Ecole nationale des régies financières (ENAREF)

En tant que responsable d'EPE, nous sommes amenés à exécuter une partie des missions de l'Etat. Pour nous, les recommandations qui viennent d'être formulées vont nous permettre d'avancer et de valoriser les expertises que nous avons au Burkina Faso au sein des EPE. Concernant l'ENAREF, nous n'avons pas eu assez de difficultés, seules celles d'ordre général qui sont liées aux infrastructures, à la gestion et surtout, au statut du personnel. L'ENAREF est un centre de formation et il est important de stabiliser le personnel enseignant, en lui trouvant un statut motivant afin qu'il y reste définitivement. Nous espérons que cela sera fait.

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Pr Georges Anicet Ouédraogo, président de l'Université polytechnique de Bobo

Cette AG/EPE a permis aux EPE d'expliquer ce qu'ils font et surtout de présenter leur état financier à l'intention de l'ensemble du gouvernement, présidé par le Premier ministre. Les recommandations sont pertinentes et elles vont permettre un meilleur fonctionnement des EPE. Les problèmes des universités sont essentiellement liés à l'insuffisance des ressources financières pour faire face aux besoins de fonctionnement. Comme on le voit dans d'autres pays, les ressources allouées sont proportionnelles aux effectifs, par contre chez nous, on a des effectifs qui vont, chaque année, croissants et les budgets stagnent. Je crois que le gouvernement est conscient et on est en train de voir comment il va résoudre ces difficultés.

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Stanilas Méda, PCA de l'Institut supérieur de l'image et du son (ISIS):

L'AG/EPE a permis d'exposer les difficultés réelles de l'ISIS qui est un établissement de référence en Afrique, eu égard à l'origine des stagiaires et au prix que certains d'entre eux ont obtenu à travers le monde. C'est une école qu'il faut effectivement soutenir pour qu'elle soit à la pointe. Et l'AG/EPE a permis de toucher du doigt ce problème et de dire également qu'il y a nécessité de donner un certain nombre de moyens. Nous avons souhaité que les élèves fonctionnaires qui sont formés à l'ENAM soient formés à l'ISIS. Ce qui permettrait de leur donner la formation avec les moyens techniques et compétences techniques qu'il faut.

Propos recueillis par

SS et Issa KARAMBIRI

(Stagiaire)

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