Le 18 novembre 2014, le président Michel Kafando prêtait serment au palais des sports de Ouaga 2000. Six mois après et la veille du 47e sommet ordinaire de la CEDEAO dans la capitale ghanéenne, il a rencontré la communauté burkinabè vivant dans ce pays. C'est une forte délégation qui attendait le président du Faso dans la salle de conférence Botsio de l'hôtel Alisa. Un peu plus de 17h 40, Michel Kafando fit son entrée dans les lieux. «Parlez-vous le mooré ou l'anglais», a-t-il dit, avant de lancer un how are you à l'assistance. Mais avant de rentrer dans le vif de cette rencontre, le Dytanié a été chanté en chœur et la rencontre confiée à Dieu. C'est l'ambassadrice du Burkina au Ghana,Togo et Bénin, Clémence Traoré, qui prendra la parole premièrement, pour le mot de bienvenue et pour dépeindre la situation des Burkinabè au Ghana. En effet, elle rassure que les relations entre les Burkinabè et l'ambassade et les populations ghanéennes sont bonnes. Mais, tout n'est pas rose. En termes de difficultés que rencontrent les Burkinabè résidant au Ghana, il y a entre autres, le coût élevé de la carte consulaire, les tracasseries qu'ils subissent sur les voies, lors des voyages, le prélèvement des animaux des éleveurs burkinabè par des populations ghanéennes et les accusations de délits dont ils sont parfois victimes par les populations locales etc. Elle a assuré le président Michel Kafando de leur soutien à la transition. Le chef traditionnel de la communauté burkinabè, le Paramount Chief Naaba Is-hah Sigirie, embouche, dans un premier temps, la même trompette que la diplomate, même s'il pense qu'il y a encore à faire. «L'ambassadrice l'a si bien dit. C'est vrai que les relations entre la communauté et l'ambassade sont bonnes. Mais, il y a souvent quelques fictions, l'ambassade devrait faire davantage, pour la communauté burkinabè. Elle doit plus se dévouer à la cause des Burkinabè. Nous sommes toujours sollicité financièrement, en vue de soutenir les démunis vivant au Ghana. Mais, qu'obtenons-nous en retour de l'Etat burkinabè ? Nous souhaiterions que la Chambre de commerce et d'industrie du Burkina Faso aide notre jeunesse au Ghana à prendre part activement, aux activités du secteur privé», a-t-il plaidé. Aussi, il a suggéré au président de la transition de créer un ministère de la diaspora burkinabè, de construire une auberge pour recevoir les étudiants, d'octroyer des bourses, d'exonérer les étudiants et stagiaires des taxes au Ghana. Le Burkina a changé et les Burkinabè aussi, doivent changer, dit-il, avant de balbutier la phrase en vogue actuellement, en ces termes en français : «Plus rien ne sera jamais comme avant». A sa suite, c'est le président qui livre un cours d'histoire sur les relations entre les deux pays. Nos premiers compatriotes, pour faire fortune, venaient chercher la noix de cola à Salga. Et la vérité historique est que les deux premiers présidents des deux pays ont voulu carrément supprimé les barrières entre les deux pays. C'était en juin 1962 à Paga. Après ce rappel historique sur les relations entre les deux pays, les Burkinabè du Ghana ont eu droit à un débriefing de ce qu'a fait le gouvernement de la transition, depuis son arrivée aux affaires et l'évolution des choses au pays. Pas besoin de revenir sur les évènements qui ont conduit à l'avènement de la transition, rappelle le président, avant de faire le point de ce qu'ils ont pu poser comme actes, depuis leur arrivée au pouvoir. Il s'agit des états généraux de la justice, du solde des ardoises de l'Etat auprès des entrepreneurs burkinabè, des arrestations et du nouveau code électoral, etc. Sur ce dernier aspect, il a encore prêché le même message aux Burkinabè du Ghana, avant d'échanger avec eux sur leurs préoccupations. Pour lui, c'est la première fois de voir dans un pays, qu'après une révolution, le parti qui était au pouvoir, refaire surface immédiatement. Il a pris les exemples de Moussa Traoré au Mali et de Ben Ali en Tunisie.
G. Lévi Constantin KONFE