Pourquoi n'avaient-ils pas manifesté en 2010 ?
Pour rappel, les deux sit-in simultanés tenus à l'ambassade et au consulat général ont eu lieu sous la houlette du Collectif des associations et mouvements de jeunesse en Côte d'Ivoire (CAMJBCI), présidé par Hamed Sawadogo. C'est à n'y rien comprendre. Le président de la transition, Michel Kafando, justifiant le report du vote de la diaspora, avait laissé entendre que cette décision, prise de concert avec toutes les forces vives de la Nation, avait pour objectif de garantir la tenue d'élections libres, transparentes, crédibles et apaisées, qui éviteraient à notre pays le risque d'une crise post-électorale avec son cortège de morts inutiles. Il sera plus tard suivi par les responsables de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) qui ne sont pas allés avec le dos de la cuillère pour dire qu'au regard du temps imparti, la participation de nos compatriotes de l'extérieur sera techniquement impossible. Que veulent donc nos compatriotes de la Côte d'Ivoire ? Peut-on être plus royaliste que le roi ? D'ailleurs, pourquoi n'avaient-ils pas bruyamment manifesté en 2010, lorsque Blaise Compaoré et ses sbires se montraient sourds aux appels de l'opposition qui tenait mordicus au vote des Burkinabè de l'étranger ? Autant de questions que l'on est en droit de se poser. Pour dire vrai, l'attitude et la persistance des Burkinabè de la Côte d'Ivoire sont suspectes à tous points de vue. S'ils ne sont pas manipulés, ils donnent l'impression de rouler pour des gens tapis dans l'ombre et qui n'attendent que la moindre occasion pour pêcher en eaux troubles. C'est ceci donc qui pourrait expliquer cela. Car, difficile de comprendre que pendant que les Burkinabè des autres pays soutiennent la décision des autorités de la transition, ceux de la Côte d'Ivoire la contestent de la manière la plus tonitruante pour ne pas dire violente. C'est le lieu donc de demander aux autorités ivoiriennes de prendre leurs responsabilités, puisque l'ambassade, tout comme le consulat, sont des enclaves diplomatiques inviolables. Rester les bras croisés face à ces sautes d'humeur, c'est donner raison à Michel Kafando qui redoutait que le danger ne vînt de la Côte d'Ivoire, au cas où on autoriserait le vote des Burkinabè de l'extérieur.
Ils feraient mieux de se plier à la décision des autorités de la transition
Quand on connaît toute la bagarre qu'il y a eue autour de l'établissement de la carte consulaire comme pièce électorale, on ne peut que douter de la sincérité et de la bonne foi de nos compatriotes en Côte d'Ivoire. Qui, mieux qu'eux, savait que le défunt régime avait mis tout en œuvre pour que la participation de la diaspora à la présidentielle de 2015 soit en sa faveur ? En témoigne le choix polémique porté sur le cabinet d'Adama Bictogo, un fidèle parmi les plus fidèles d'ADO, devant conduire les opérations d'enrôlement. De toute évidence, plus tôt que de passer le temps à ruer dans les brancards, les Burkinabè de Côte d'Ivoire qui tiennent à participer au prochain scrutin présidentiel peuvent venir se faire enrôler en territoire burkinabè ; ce qui leur permettra de jouir de leur droit le 11 octobre prochain. Là, ils donneraient la preuve qu'ils sont de vrais patriotes et qu'ils n'agissent au nom de personne. Dans le cas contraire, ils feraient mieux de se plier à la décision des autorités de la transition. Car, ce n'est pas aujourd'hui qu'il faut contester ce que l'on a accepté, sans broncher, pendant plus d'un quart de siècle. D'ailleurs, pourquoi doit-on autoriser le droit de vote aux Burkinabè de Côte d'Ivoire et le dénier à ceux qui résident dans les autres pays et qui aimeraient aussi participer à la vie sociopolitique de leur chère patrie ? C'est une question de bon sens. Et cela, même le TOCSIN qui a fait de la défense des intérêts des Burkinabè de l'étranger son combat quotidien, l'a compris ; lui qui, à l'issue d'une conférence de presse tenue le 18 février dernier, s'est dit favorable au report du vote de la diaspora, crédibilité du scrutin oblige. Inutile donc de continuer à ruer dans les brancards.
« Le Pays »