Argument avancé, ce dernier (le président du Faso) aurait aidé la Côte d'Ivoire dans le règlement de la crise ivoirienne. Ce que personne ne conteste. Seulement, Informateur.info s'était élevé contre un tel projet susceptible d'exposer la communauté burkinabé dans un contexte où les ivoiriens pansaient leurs plaies.
Comment comprendre qu'un accord, en l'occurrence l'accord politique de Ouagadougou (APO) censé régler définitivement une crise s'achève sur des chapeaux de roue avec 3000 morts et qu'il se trouve des Burkinabè dignes de ce nom pour penser qu'il faille aller dire « Merci » à quelqu'un. Surtout à un moment où l'un des protagonistes de la crise se retrouve à la prison de Scheveningen au Pays-Bas en attente d'être jugé pour crime contre l'humanité. A cela s'ajoute le fait que la chancellerie burkinabé en Côte d'Ivoire avait annoncé le chiffre de 300 Burkinabè tués lors de la crise postélectorale.
Au nombre de ces 300, faut-il le préciser, beaucoup n'ont pas eu de sépulture. Ils ont été brûlés vifs par les ex-promoteurs du fameux article 125. Les survivants de la crise postélectorale savent bien à quoi renvoie ce funeste article 125. Et alors que les tiroirs des morgues des hôpitaux d'Abobo et d'Anyama refusaient des corps et que des veuves et des orphelins avaient besoin de réconfort pour croire en la vie, ces «tôgôninis» croient trouver une occasion rêvée d'aller dire dans un conteste aussi funeste «Merci au Naaba Compaoré ». Et le comble c'est qu'ils étaient soutenus dans un projet aussi macabre par l'ambassadeur du Burkina Faso en Côte d'Ivoire, Justin Koutaba qui avait même pris l'engagement d'obtenir le rendez-vous depuis le palais de Kosyam. Nous les en avons dissuadé par la force de nos arguments. L'intérêt de la communauté burkinabé était ailleurs.
Mais aussi opportunistes qu'étaient ces « Tôgôninis », ces derniers n'étaient même pas en mesure de réunir le budget nécessaire à ce voyage. Il a fallu que d'autres, en l'occurrence un opérateur économique, militant du CDP, Issaka Sawadogo, décaisse 23 millions FCFA pour cette cause. Mais depuis que le voyage a été avorté, personne ne parle plus de ce qu'est devenu la manne. Où sont passés les 23 millions FCFA ? Selon une source proche du richissime donateur, par ailleurs conseiller politique dans le bureau CDP Côte d'Ivoire, l'argent n'a jamais été restitué. Pourtant, ce projet a eu un visage organisationnel à savoir : Bila Mamadi, ancien délégué CSBE aujourd'hui militant du MPP Côte d'Ivoire, Kindo Issaka, lui aussi ex-délégué CSBE, militant du CDP Côte d'Ivoire (Ce dernier était même le président du Comité d'organisation de ce voyage controversé) et Sawadogo Lamine, Président du léthargique Club de soutien à Blaise Compaoré (ABC). Qu'ont-ils fait du blé ? Simple question de transparence pour un projet avorté.
Jean François Fall