En effet prévu pour 9 heures, c'est finalement autour de 11 heures que le ministre et sa délégation sont arrivés conduits par l'ambassadeur du Burkina Faso en Côte d'Ivoire. Ils retrouveront sur place dans les locaux du Consulat d'Abidjan, une foule nombreuse, massée sous des bâches depuis des heures qui ne tenait pas à se faire conter cette rencontre. En moins de cinq minutes, le décor de la rencontre est planté par son Excellence Justin Koutaba qui donne la parole au ministre Auguste Denise Barry. Ce dernier prend donc la parole devant une assistance qui piaffait d'impatience de l'entendre expliquer pourquoi elle ne votera pas en octobre prochain. Mais le ministre n'a pas voulu aller droit au but, tenant lui-même le micro sous le soleil et au milieu de la foule. Auguste Denise Barry se lance dans un rappel de l'insurrection populaire et des circonstances de la mise en place de la transition. Il sera interrompu dans son exposé plus d'une fois, et hué par des voix qui lui demandent d'aller droit au but.
Mais serein, le ministre de l'administration et de la sécurité tente de poursuivre son exposé. Considérant cette attitude comme une perte de temps, une frange de la jeunesse se mit à démonter les bâches sous lesquelles la foule était assise. La colère monte, les partisans du droit de vote plus nombreux investissent la main courante. C'est le branle-bas. Une haie est aussitôt dressée pour exfiltrer le ministre et sa délégation vers les bureaux du Consul Général. La police est submergée. Une fois que ceux-ci ont été mis à l'abri, les partisans du droit de vote se dressent contre ceux qu'ils qualifient de «traites». Le Collectif des associations et mouvements de jeunesse burkinabé en Côte d'Ivoire a réduit à leur plus simple expression les autres jeunes venus avec des banderoles de soutien au report du vote.
Dans la foulée, le président du Conseil national des Burkinabé en Côte d'Ivoire, Salogo Mamadou a pris ses jambes à son cou. Pograwa Moumouni, partisan du report du droit de vote a échappé de justesse à un lynchage. Il n'a eu son salut qu'en se refugeant dans la salle de mariage du Consulat général d'Abidjan. "Honte à vous les traîtres de la communauté", entend-t-on dans la foule en furie. Mais d'un côté, ils étaient nombreux ceux qui ont joué les secouristes. "Si je ne mettais pas improvisé agent de sécurité, le pire serait arrivé», lance Sawadogo Souleymane, tout trempé de sueur. En tout état de cause, la diaspora burkinabé en Côte d'Ivoire a prouvé sa déterminantion à ne pas brader son droit de vote.
Dagnogo Amadou