« Si dans cinq jours, le président Kafando ne revient pas sur sa décision, nous invitons toute la diaspora à prendre d'assaut l'ambassade, le Consulat général d'Abidjan, de Bouaké et le Consulat honoraire de Soubré pour procéder à leur fermeture jusqu'à nouvel ordre ». C'est en substance ce que l'on pouvait retenir du meeting animé, ce samedi, à la place inch'Allah de Koumassi et qui a mobilisé de nombreuses structures associatives, des femmes, des notables de la communauté et des jeunes.
« Non à une transition de façade »
Affichant leur unité face à ce qu'ils appellent le combat de la dignité, plusieurs leaders de la communauté se sont relayés au pupitre pour dénoncer l'exclusion de la diaspora burkinabé du processus électoral de 2015. « Le refus d'autoriser notre vote est un déni de droit. C'est un droit non négociable et nous voulons nous élever contre cette marginalisation. Non à une transition de façade, non à l'exclusion de la diaspora »,a martelé M. Ouadraogo Adama, président de la section Côte d'Ivoire du Mouvement Burkinabé des droits de l'homme. Pour le Secrétaire Général des mouvements patriotiques de la diaspora, M. Lemga Boukary, ça a été une erreur de la part du président Michel Kafando d'écarter la diaspora du vote de 2015. « En pensant nous écarter, il nous a rapprochés. Et nous allons lui prouver que la jeunesse burkinabé de la diaspora égale à maturité et responsabilité. Mobilisez vous pour chasser à compter de ce vendredi l'ambassadeur Koutaba et le Consul Daouda Diallo. On ne veut plus de représentants diplomatiques en Côte d'Ivoire, ni de la Chambre du Commerce et de l'industrie du Burkina en Côte d'Ivoire si notre droit de vote n'est pas rétabli cette année »,a-t-il prévenu, sous un tonnerre d'applaudissement. Et Sawadogo Ahmed, membre de la société civile, de renchérir : « La diaspora nommera elle-même ses diplomates en Côte d'Ivoire à partir de vendredi prochain »
« L'ambassadeur et le Consul seront expulsés »
Entre intermède musical, et discours, le ton reste le même. Ferme et décisif. En moré, en bissa, en gourounsi et en lobi, le mot d'ordre a été traduit. Et il a été demandé à chacun de rentrer partager l'information à ses parents et connaissances. Zanré Djbril, un autre leader de la société civile, a lui demandé à la diaspora burkinabé des autres pays à emboiter le pas à la Côte d'Ivoire. « Dans tous les pays où les Burkinabè résident et se sentent concernés par cette lutte citoyenne, nous les exhortons à paralyser les ambassades et les consulats. Il n'y a pas de Burkinabé dont les droits soient au dessus des autres », a-t-il fustigé. Dominique Gnissi, représentant du parti UNDD, présent à ce meeting, à tout simplement demande à la diaspora de se préparer aux futurs combats, celui du droit des Burkinabè. « Ils ont peur de nous parce qu'ils se disent que si nous votons, c'est nous qui allons élire le président du Burkina Faso. Mais sachez que plus rien ne sera comme avant. N'ayez pas peur », a-t-il galvanisé la foule.
« Le refus d'être des Burkinabè de seconde zone »
Bouclant la série des interventions, le coordonnateur du Collectif des associations et mouvements de jeunesse Burkina en Côte d'Ivoire, M. Zallé Moussa s'est d'abord indigné que des Burkinabé sur la toile s'amusent à traiter la diaspora de Burkinabè de seconde zone. « Ces gens recrutés, nourris, blanchis et payés pour des sales besognes sur les réseaux sociaux nous traitent de tous les noms. Nous tenons à prévenir que le vote que nous réclamons est un droit et qu'il faut éviter que des propos injurieux n'attisent la fracture entre Burkinabè », a prévenu M. Zallé. Aux autorités de la transition, l'intervenant a dit toute sa déception du fait de vouloir écarter la diaspora du vote de 2015. « Nous appelons toute la diaspora à se mobiliser à travers des marches pour faire échec à la forfaiture », a-t-il conclu.
Jean François Fall