A Abidjan, ce sont les nouvelles cartes consulaires biométriques qui poussent des Burkinabè à la revendication. Certains Burkinabè se sont subitement découvert une âme de syndicalistes, pour exprimer leur mécontentement du fait que les 1 500 francs CFA qu'ils cotisent depuis belle lurette pour contribuer à l'érection de «la maison du Burkina» semblent servir à autre chose qu'à faire sortir le bâtiment de terre. A ce titre, la nouvelle carte dont l'avènement est paradoxalement salué par la majorité des membres de la communauté n'est rien d'autre qu'une victime collatérale d'une autre situation sur laquelle les autorités burkinabè, ont plus que jamais, la responsabilité de s'expliquer. «C'est beaucoup d'argent qu'on nous a pris, sans qu'on sache ce qui en est fait», affirme à raison un jeune burkinabè.
D'autres manifestants, par contre, mènent un combat politique en prévision de la prochaine élection présidentielle de 2015. En effet, si le processus se déroule bien, ce sera la première fois que des Burkinabè de l'étranger exerceront ce droit qui leur a été si longtemps dénié. Ce plaisir sera-t-il gâché pour certains qui n'auraient pas le premier sésame, en l'occurrence la carte consulaire qui leur ouvrirait les portes de la liste électorale? Bien d'autres desseins se cachent sans doute derrière ces manifestations qui sont loin de faire honneur à la bonne réputation qui a toujours accompagné le Burkinabè dans les pays étrangers où il dépose ses pénates.
En attendant, ce groupe de contestataires, aurait sans doute mis balle à terre s'ils savaient qu'ils servaient des intérêts de personnes qui s'enrichissent sur leur dos. De source proche de cette communauté, des fausses cartes consulaires sont fabriquées en masse par un ressortissant d'un pays étranger. Celui-ci vendrait, au préjudice du trésor burkinabè, ces documents à 1 000 francs CFA, faisant fi de tous les ennuis qu'attirent souvent ces cartes à leurs propriétaires.
Qui plus est, le cout total normal de l'ancienne carte qui tourne autour de 18 000 francs CFA, frais de photographies et de transports, entre autres inclus, set nettement plus élevé que celui de la nouvelle qui s'élève à 7 000 francs CFA. On a alors du mal à suivre les manifestants dans leurs revendications, lorsqu'ils évoquent la cherté comme prétexte. Et si tel est le cas, l'Etat burkinabè, pourrait bien faire un geste pour donner un coup de pouce aux plus démunis, comme il l'avait fait dans la confection des nouvelles cartes nationales d'identité. Pourvu que chaque partie puisse jouer objectivement sa partition pour une résolution pacifique de ce bras-de-fer qui n'a visiblement pas sa raison.