Retour sur actu 2014 / La culture en 2014 : l’année des passionnés !

| 06.02.2015
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Retour sur actu 2014 / La culture en 2014 : l’année des passionnés !
© DR / Autre Presse
Retour sur actu 2014 / La culture en 2014 : l’année des passionnés !
2014 a été une année difficile pour beaucoup d'acteurs culturels, faute de moyens financiers et d'un environnement sociopolitique conflictuel. Qu'à cela ne tienne, certains artistes ont su se développer notamment en photographie, en théâtre, en musique et en cinéma.


La culture n'aime pas le conflit, est-on tenté de dire. En 2014, le gombo(les bonnes affaires) n'a pas glissé pour la plupart des artistes burkinabè à cause du climat social difficile. Sentant l'explosion sociale, les rares sponsors ont gelé leurs financements à la culture, en attendant le dénouement politique relatif à la modification de la Constitution. Pire, les galas, les séminaires, les mariages et autres rencontres, des sources d'entrée d'argent pour nos musiciens, se sont même raréfiés durant l'année.

Conséquence ? C'était la galère, comme le disent les musiciens, dans la grande famille artistique. Mais c'est dans la galère qu'on découvre le vrai artiste, le passionné. Dans un climat d'insurrection populaire, certains acteurs culturels ont fait avancer leur discipline en 2014. Parmi eux, il y a le photographe Warren Boureima Saré, directeur du Centre photographique de Ouagadougou (CPO). En collaboration avec l'Institut français de Ouagadougou, dirigé par Marine Leloup, le photographe a présenté ses travaux, une dizaine d'années de recherches, sur les anciens combattants burkinabè. Principalement ceux qui étaient aux cotés de la France, en Indochine, en Algérie et lors de la Seconde guerre mondiale.

«La dernière carte», était intitulée l'exposition des portraits réalisés par Warren Saré. De la photographie, passons au théâtre pour souligner la ténacité des organisateurs des Récreâtrales. Entre insurrection populaire, couvre-feu et peur du virus Ebola, le plus grand rendez-vous du théâtre en Afrique a ouvert à tous les comédiens africains et d'ailleurs. Etienne Minoungou, directeur du festival, et ses collaborateurs, sont allés jusqu'au bout pour que «l'avenir ne tremble pas». A Gounghin, siège de la manifestation, la musique a encore accompagné le théâtre, grâce à un plateau musical en live, concocté par Zêdess. Grande figure de la musique de contestation et farouche opposant à la modification de l'article 37. Restons toujours en musique, pour saluer les artistes qui s'échinent à agrandir le nombre de leurs fans en exportant la musique burkinabè. Un gros clin d'œil, nous le faisons à Koto Brawa dont le dernier album Gueinto est sur le chemin du succès en France, avec à la clé une grande visibilité de la musique burkinabè sur des grands médias en Hexagone. Nous soulignons aussi la tournée en Europe et aux Etats-Unis, à l'invitation de la diaspora burkinabè, de Floby. Au plan national, rappelons qu'Alif Naaba a été le meilleur artiste-musicien de l'année 2014, en autres termes, le Kundé d'or. Une fois n'est pas coutume, mettons l'accent sur une belle collaboration qui a fait le bonheur des mélomanes. Il s'agit de Nonga, le duo d'Awa Nadia et de Dicko Fils, élevé au rang des tubes de l'année au "pays des Hommes intègres". Ejectons notre CD musical en ayant une pensée pour Safoura Delta, gravement malade et hospitalisée au Centre hospitalier universitaire Yalgado-Ouédraogo. Clap de fin, parlant du cinéma, pour un génie, Adama Sallé, décédé en juillet dernier. Il a été le lauréat du grand prix Kodjo Ebouclé du festival Clap Ivoire. En termes de production, ce n'est pas l'euphorie, en dépit de la montée de jeunes réalisateurs à l'image de Kadi Traoré, auteure de A vendre.

Pour le prochain FESPACO, le 7e art burkinabè pourrait compter sur Tahirou Tasséré Ouédraogo dont le deuxième long-métrage intitulé Thom est en phase de montage. Fermons cette page culturelle par deux autres faits marquants. Le premier est la démission de l'ex-ministre de la Culture et du Tourisme, Adama Sagnon, à la suite d'une forte contestation des acteurs culturels. Le second est l'arrivée d'Ardiouma Soma à la tête du FESPACO en remplacement de Michel Ouédraogo.

Alassane KERE

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