Au Burkina Faso, la parenté à plaisanterie est une pratique légendaire qui existe entre les ethnies, les clans et les individus, de générations différentes, dont l’objectif est de sauvegarder nos valeurs culturelles, aux fins de renforcer la cohésion sociale entre les communautés par le jeu des alliances. Par rapport à cela, l’association Sitoi-Lawa a initié depuis quelques années, les «24 heures du Rakiré» entre Mossé et San, qui se tiennent chaque année, chez le Mogho Naaba. Cette manifestation qui est avant tout, une manière de favoriser l’interpénétration culturelle et la paix sociale au Burkina Faso, est aussi une occasion pour les San de souhaiter la bonne année au chef des Mossé. Se déroulant dans l’enceinte du palais de l’empereur des Mossé, c’est quelques instants après l’installation des personnes présentes, qu’il fit son apparition, accompagné d’une petite fille qui lui aurait été donnée par les San pour s’occuper de lui, car selon ces derniers, les femmes mossi ne savent pas cuisiner. Ainsi, après s’être installé, et après les salutations de ses ministres et des chefs San, les visiteurs ont émis le vœu d’apporter à l’empereur des Mossé du bétail qu’ils ont bien voulu lui offrir, en guise de cadeau. Mais, parlant de bœuf et de chèvre, quelle ne fut la surprise de l’assistance de voir qu’il s’agissait d’un margouillat attaché et d’un crapeau qu’ils apportaient au roi. Ce fut l’hilarité générale. En guise de réponse, c’est une tête de chien que les Mossé ont donné en échange à leur hôte du jour. «Notre pays est riche par la multitude d’ethnies qu’on y rencontre, et par la capacité à pouvoir vivre ensemble dans la paix et la cohésion sociale. Cela s’explique par la parenté à plaisanterie ou le rakiré», a laissé entendre la présidente de l’association Sitoi-Lawa, Suzanne Paré. «En effet, grâce à ce trésor, nos esclaves, les Mossé, peuvent s’asseoir avec nous aujourd’hui, mais chacun sait très bien où se trouve sa place», dit-elle avec humour. Et de préciser qu’ils vont toujours communier ensemble et magnifier la parenté à plaisanterie, tant que l’association Sitoi-Lawa existera, car ils en ont fait leur cheval de bataille, afin que leurs enfants sachent que la flamme du rakiré ne doit jamais s’éteindre. «Nous devons tous promouvoir la parenté à plaisanterie, car il n’est pas rare de voir dans certains pays, des conflits liés à l’ethnie, à la religion. L’instauration d’une journée nationale dédiée à la parenté à plaisanterie par le gouvernement a été vivement souhaitée», conclut Mme Paré. Pour le parrain de la cérémonie, Cyriaque Paré, pendant les 364 jours de l’année, le Mogho Naaba règne sur le Mogho qui compte plusieurs millions de sujets mossi, mais il n’est pas satisfait et pas heureux, car il y a la quantité, mais pas la qualité. «Il ne connaît le vrai bonheur que quand il est entouré de San dont la présence lui procure sérénité et satisfaction», lance-t-il, non pas sans provoquer des rires. Par charité, le Mogho Naaba a été décrété Samogo Naaba, cela juste pour 24 h. Pour sa part, l’empereur des Mossé n’a pas manqué, par la voix du Dapoya Naaba, d’exprimer sa joie de cette initiative, car le rakiré est une valeur culturelle de référence pour la paix du Burkina Faso. Par ailleurs, à l’endroit du gouvernement, l’instauration d’une journée nationale du rakiré a été suggérée. En somme, la dénomination «Sitoi-Lawa» de l’association se traduit par «laisse tout à Dieu», et c’est une structure qui œuvre à l’entraide, à la solidarité et à la promotion de ses membres pour la résolution de leurs problèmes, en réalisant des activités génératrices de revenus. Sa finalité est de permettre aux membres d’améliorer leurs conditions de vie.
Larissa KABORE