Quand le concert de l’amitié devient un concert d’état

| 13.07.2016
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Quand le concert de l’amitié devient un concert d’état
© DR / Autre Presse
Quand le concert de l’amitié devient un concert d’état
Le fameux concert de l’amitié projeté par le jeune promoteur Burkinabé résidant à Paris, Amed TRAORE Le Panamien, a connu son épilogue au JT de 20h du Lundi 11 Juillet 2016. A 5 jours du concert, pendant que le plan promo avait atteint sa vitesse de croisière, et que certainement le promoteur avait déjà déboursé une bonne partie du budget prévu pour l’évènement, le ministère de la culture a dépêche (comme cela se fait pour les évènements d’envergure nationaux, bien que ça n’en soit pas un) son SG sur le plateau du journal parlé du 20h pour expliquer au public que le concert a été annulé. Raisons évoquées, défaut de licence de promoteur de spectacles, et d’autorisation pour le spectacle.


Un ministère de la culture qui annule un concert et dépêche un responsable au journal de 20h pour expliquer le pourquoi...hum, trop beau pour être anodin. De façon générale des personnalités sont reçu au journal de 20h, qui est une heure de grande audience, pour informer l’opinion sur des questions d’envergure nationales ou en tout cas de grande utilité publique. Mais là il s’agit d’un concert anodin comme on en voit presque tous les weekends dans la capitale. S’il y’a des textes et une règlementation claire en la matière, a-t-on vraiment besoin de dépêcher tout un SG de ministère sur le plateau du JT pour une banale affaire de concert ?

Tout commence par une fronde qui a visé une des têtes d’affiche de ce concert, l’artiste camerounais Franko, monsieur «coller la petite» dont les chansons sont jugées obscènes par un groupe d’artistes qui entendait entreprendre des actions pour boycotter le concert. Mais le paradoxe dans ce boycott c’est quand on accueille DJ Arafat, Debordeau, ou Lady Ponce comme des seigneurs et qu’on repousse Franko comme la peste alors qu’ils font tous dans le même registre (des textes de chanson obscènes, vulgaire, et sans pudeur).

Une fronde qui n’est pas sans rappeler la crise survenu l’année dernière à la faveur du concert des «Monstres sacrés du coupé-décalé» , où un groupe d’artistes et de promoteurs, dont Amed TRAORE Le Panamien lui-même, avait appelé au boycott du concert au motif que le spectacle n’affichait aucun artiste burkinabé. Il (Le Panamien) était allé jusqu’à promettre d’acheter des espaces télé pour faire la promotion du boycott de ce concert, avant qu’une issue favorable ne soit trouvée pour toutes les parties.

La cerise sur le gâteau a donc été la sortie du SG du ministère de la culture (certainement une volonté d’assainir le milieu des organisateurs de spectacles), mais une sortie qui laisse libre court à beaucoup de questionnements: Le promoteur avait t-il été approché pour lui indiquer la conduite à tenir? Pourquoi une annulation à seulement 5 jours du spectacle alors qu’à ce stade une grande partie du budget a été dépensé ? Il n’aurait pas fallu trouver un accord avec le promoteur pour ne pas que le budget déjà investi ne soit perdu ? Le ministère peut-il être crédible s’il sanctionne d’un coté de jeunes promoteurs pour des questions de licences, et de l’autre côté finance d’autres promoteurs qui n’ont pas la même licence en question ?

Quand on sait que beaucoup dans ce milieu ont appris le métier sur le tas, sommes-nous suffisamment prêt pour rentrer dans cette logique de licence ? Combien de promoteurs ont cette licence ou peuvent satisfaire aux conditions de cette licence ? Devons-nous comprendre que désormais pas de licence, pas de spectacle ? Notre système est-il prêt et suffisamment préparer à cela ? Avons-nous suffisamment sensibilisé, formé, informé avant de sévir ? Il est vrai que chaque métier est régi par des textes et des règles, mais ces règles et textes tiennent toujours compte du contexte, de l’environnement, mais surtout du travail préalablement fait pour permettre leur application sans trop de difficultés ou de frustrations. Au regard de ce qui précède, les raisons officielles avancées pour l’annulation de ce concert sont t-elles réellement les seules ou les vraies raisons?

Joint au telephone, Amed a decliner tout commentaire.

Salif Ackermann Ouedraogo

Avec Tackborse.tv

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