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Marche pour la promotion de la musique Burkinabè : Il faut plutôt se remettre en cause

| 10.09.2013
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Artistes Burkinabè a la Maison du peuple pour la marche
© DR / Autre Presse
Artistes Burkinabè a la Maison du peuple pour la marche
Au moins 40% de musique locale sur les médias audiovisuels commerciaux et au moins 60% pour les médias communautaires ; c'est le quota que préconise le Conseil supérieur de la communication (CSC) en matière de diffusion d'œuvres musicales.
Un quota non respecté, selon le réseau « Plume alerte » et la J2C (Journalistes et communicateurs pour la culture) qui ont organisé une marche « pacifique et d'interpellation » le 7 septembre dernier, en vue de susciter des débats sur le quota qui permet de promouvoir la musique nationale. Cette marche, faut-il le dire, est tout à fait légitime, voire noble en ce sens qu'elle vise une plus grande promotion des œuvres musicales burkinabè. Et c'est tout à l'honneur de ces hommes et femmes qui mènent ce combat quand on sait que la musique représente une sorte de vitrine du pays d'origine au-delà des frontières. Il faut aussi saluer les efforts faits ces dernières années par l'ensemble des acteurs, notamment l'Etat, pour la promotion de la musique nationale. Du quota aux retombées financières en passant par bien d'autres avantages liés à la profession, tous les ingrédients sont réunis pour porter haut le flambeau de la musique burkinabè. Mais en même temps qu'il faut saluer cette marche, il faut souligner qu'il y a à redire. Contre qui marchait-on ? Une question qui mérite d'être posée cela d'autant que la plupart des organisateurs de ladite marche sont des journalistes ou des animateurs culturels. Si le quota n'est pas respecté, ils doivent s'en prendre à eux-mêmes. Faire la promotion des œuvres musicales, c'est bien. Mais une promotion, aussi grande soit-elle, n'a de sens que si les premiers concernés, c'est-à-dire les artistes, acceptent de se remettre en cause. En effet, les productions de certains artistes laissent vraiment à désirer. On se demande parfois si certaines œuvres musicales ont été conçues pour les seules oreilles de leurs auteurs ou pour le bonheur des mélomanes. De véritables navets s'il en est. Pire, certains, en voulant imiter les sonorités d'ailleurs, le font si mal et même très mal qu'ils finissent parfois par ôter toute envie d'écouter la musique. Dans ce cas, comment peut-on faire la promotion d'une musique si la moindre qualité n'y est pas ? Et puis, ailleurs, des musiciens paient cher pour la promotion de leurs œuvres. Chose contraire chez nous où l'on paie l'artiste pour avoir utilisé son oeuvre. En tout cas, il faut que certains artistes-musiciens fassent des efforts pour livrer des produits de belle facture à leurs consommateurs. Car, autant il est bien de demander qu'on respecte les quotas, autant il serait bien de faire un travail qui séduit. Là, on a même pas besoin de promotion ! La belle œuvre musicale se promeut elle-même. Et puis, quoi qu'on dise, les Burkinabè sont de vrais patriotes et savent apprécier les choses à leur juste valeur.
C'est le lieu d'ailleurs de féliciter tous les artistes qui puisent leurs thèmes dans le terroir burkinabè, même s'il arrive que d'autres œuvres d'un autre genre soient tout aussi de belle facture. Le monde évolue et les mentalités aussi. Il faut que nos musiciens se remettent plutôt en cause et adaptent leurs thématiques au contexte.
En tout état de cause, il y a du boulot à faire dans le domaine et ce, à tous les niveaux. Il est grand temps que les artistes burkinabè, par un sursaut d'orgueil, fassent aussi rêver leurs compatriotes comme c'est le cas dans d'autres pays.

SIDZABDA

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