C'est pour répondre et dédire ceux qui parient peu sur la musique venant du pays des hommes intègres, que Alkabor Téga Wendé et Sini Moulaye se sont entourés de musiciens qui, comme eux, avaient su garder les oreilles grand ouvertes, et ils ont créé DUMBA KULTUR. « Dumba », c'est-à-dire la grande profondeur en langue malinké.Grande profondeur des courants qui ont baigné leurs rivages.
En d'autres temps, Alkabor Téga Wendé n'aurait même pas eu le droit de chanter, son statut de prince burkinabé étant, par tradition, incompatible avec une si « triviale » activité. Toutefois sa mère déjà donnait de la voix lors des cérémonies de baptême, et la musique, on le sait adoucit même le Rituel.
Quant à Sini Moulaye, son appartenance à la caste ivoirienne des Dosso le destinait à devenir chasseur, expert en médecine par les plantes et conteur attitré de l'arbre à palabres. C'était sans compter le djembé, au son duquel il commença de danser à l'âge du lionceau.
Le premier affiche un sourire de môme émerveillé, cinglant comme un coup de slam et sorti dans un buisson de dreadlocks qui témoigne d'une joyeuse allégeance au reggae. Le second est mince comme un arbre qui monte au ciel, sa voix cassée prend aux tripes.
Deux premiers albums- Le Trône(1999) et Voyage(2004)- ont assis la réputation du groupe sur la scène burkinabé. Celui qui vient de sortir est le fruit vitaminé d'une rencontre en cascade.
En mars 2007, le Français Jordy Serras, créateur de l'association « Les Enfants de demain », alors en mission humanitaire dans la région de Ouagadougou, découvre les « Dumba » à la faveur d'un concert donné au Centre Culturel Français.
Il les invite à participer à une soirée qui sera donnée à Paris, l'automne suivant, au profit des enfants du Sahel. Partageant avec eux, ce soir-là, la scène du théâtre du Trianon, le chanteur Raphael les approche et leur ouvre les portes de la maison EMI, qui produit aujourd'hui Sabab, leur premier album « out of Africa ».
Si l'implication de Jordy Serras dans sa composition et sa réalisation colore ce troisième opus d'une tonalité résolument « world » et partiellement francophone, ses racines bambara et son tonus instrumental ne laisse guère de doute sur l'ancrage de son berceau.
Préparé dans les studios de Ouagadougou puis enregistré dans les studios bogolan de Bamako, sous la houlette du réalisateur Jean Lamoot et avec le concours des musiciens de Salif Keita, le présent album scelle l'alliance de la colère née de l'injustice et de la vitalité inhérente au génie sub-sahélien.
Opérer une telle fusion rapproche de l'état de Grâce : Sabab, en langue bambara.
Le groupe est en concert ce Samedi 26 Juillet a Bourges sur la scène "un été a Bourges"
Lebabi.net